« Comment ont-ils fait pour ne pas comprendre ?
Comment ont-ils fait pour ne pas voir combien Hermione souffre ?
Pourquoi a-t-il fallu qu'ils se focalisent uniquement sur moi...
Alors que je ne suis pas le seul qui ne va pas bien. »Fred vit la peur dans les yeux de la jeune femme.
Il vit la terreur.
Il vit tant de choses auxquelles il n'avait pas prêté attention jusqu'à présent.Mais maintenant qu'il était au courant, cela se voyait comme le nez au milieu de la figure et il se demanda comment sa famille et Harry avaient fait pour ne pas le voir aussi ces dernières semaines.
Le corps entier d'Hermione criait à l'agonie.
La souffrance suintait de chaque pore de sa peau.
L'aura apaisante qui l'enveloppait autrefois était désormais habitée par les ténèbres ; de profondes et terrifiantes ténèbres qui l'étouffaient un peu plus à chaque seconde.
Qui faisaient disparaître l'essence même de la personne qu'elle était.Un jour viendrait où la flamme qui l'animait allait s'éteindre.
Et Fred se refusait à assister à un spectacle aussi désolant.
Non, il ne serait pas celui qui avait détourné la tête sans essayer de l'aider.Si Hermione l'avait trouvé à temps cette nuit, c'était qu'il y avait forcément une raison.
Elle n'était pas arrivée ici par hasard.
A la seconde même où il allait s'éteindre à jamais pour retrouver sa moitié perdue.Non.
Ce n'était pas une coïncidence.
Il n'y avait jamais cru auparavant, mais il en était convaincu à présent : des forces extérieures jouaient avec leurs vies.
Et il espérait de son être tout entier que la sienne s'appelait George.Mais que dire ?
Que faire ?
Lui-même n'était qu'une épave, une coquille vide... alors consoler quelqu'un ?
L'avait-il seulement jamais fait de sa vie ?―Fred, lâcha-t-elle.
Sa voix tremblante lui serra le cœur.
Il prit place face à elle, sur l'antique petite table en bois.
Il tendit la main, dans un geste qu'il supposait être du réconfort, mais se rétracta à la dernière seconde.
Ce n'était sûrement pas de ça dont elle avait besoin, sinon, il en était persuadé, elle se serait confiée depuis bien longtemps.Non, ce qu'elle avait besoin, c'était d'une oreille attentive. D'une épaule sur laquelle déverser sa peur, ses doutes, sa souffrance et toutes ces émotions parasites qui la détruisaient à petit feu.
Et ça, il pouvait le lui offrir.
Se contenter d'être là et de l'écouter.―Parle-moi.
Sa supplique les surprit tous les deux.
Hermione se mordit la lèvre.
Les larmes continuaient de couler silencieusement sur ses joues de porcelaine.
Sa main enserrait toujours son avant-bras.―Montre-moi, ajouta Fred.
Leurs regards se posèrent sur la main tremblante de la jeune fille.
Hermione hésita de longues secondes avant de remonter sa manche avec des gestes incertains.
La pâleur de sa peau se dessina.Et Fred le revit alors.
Son secret.
Son terrible secret.
La raison de ses cauchemars.La nausée le prit en voyant la chair à vif, encore marquée par le passage de la lame du couteau, en dépit de l'usure du temps. C'était comme si Lestrange venait à peine de torturer Hermione. La plaie semblait incapable de cicatriser.
―J'ai essayé tous les baumes que je connais, murmura Hermione. Mais rien n'y fait.
―Tu en as parlé à ma mère ?Seul le silence lui répondit et il comprit.
Non, bien sûr que non.
Comment aurait-elle pu ?
Elle n'avait pas le courage d'en parler à ses meilleurs amis, alors à Molly ?Fred se trouva idiot d'avoir posé la question et ses épaules s'affaissèrent.
―C'est comme si, chaque nuit, la plaie se rouvrait, ajouta Hermione. Elle... elle saigne aussi, parfois.
Elle baissa la tête, lui cachant la honte dans son regard.
Pensait-elle vraiment qu'il allait la juger ?
Lui ?
Ce corps sans vie ? Cet être dont l'âme s'était envolée à la seconde où son frère avait rejoint un monde qu'il espérait bien meilleur que celui dans lequel il allait devoir désormais évoluer seul ?
Il éprouvait encore l'incapacité à passer du temps avec sa famille comme si... non, pas comme si de rien était, mais... pas avec elle.
Pas avec Hermione.Elle avait éveillé quelque chose en lui, cette nuit.
Une étincelle.
Un... un espoir ?
Une émotion qui lui donnait envie de se battre et de sortir la tête de l'eau.
Une émotion que la simple vue de la jeune femme éveillait en lui.Fred se glissa à ses côtés et glissa doucement sa main sous le menton de la jeune fille, la forçant à croiser son regard.
―Ne te cache pas, la pria-t-il. Pas devant moi.
Un faible rictus étira ses lèvres sèches.
Un éclat se dessina dans ses prunelles chocolat.Ce n'était pas vraiment un sourire.
Non, c'était bien trop tôt.Mais Fred était persuadé qu'un jour viendrait où Hermione serait de nouveau capable de sourire.
De leur sourire à tous.
De lui sourire.Et il s'accrocha à cette idée comme un condamné à mort à son dernier espoir.
Parce que sauver Hermione signifiait qu'il restait encore de l'espoir.
Pour lui.
Qu'une partie de lui, bien cachée derrière son étau de souffrance, attendait de revenir en plein jour.
Une partie de lui qui n'était pas hermétique à la joie, au bonheur.
A toutes ces choses qu'il avait été capable d'éprouver avant le départ de George.
Et qui était impatiente de les éprouver de nouveau.―Merci, souffla-t-elle.
Pourquoi le remerciait-elle ?
Il n'avait rien fait.
Du moins, était-ce ce qu'il croyait...Il fut incapable de penser à autre chose qu'à cet instant durant les heures qui suivirent.
Le retour de Molly mit fin à leur... discussion ? et Fred retourna se réfugier dans sa chambre, observant le plafond de la pièce. Se repassant en boucle le temps qu'il avait passé auprès de la jeune femme, cherchant à comprendre pourquoi elle lui disait merci.
Il n'eut pas la force d'aller dîner avec sa famille, épuisé par cette journée qui venait de marquer un tournant dans son deuil, et grignota à peine le repas que Molly vint lui porter.
Ce ne fut que lorsque la nuit s'installa et que la maison fut plongée dans le silence absolu qu'il trouva enfin la force de bouger, repensant à l'acte qu'il avait failli commettre moins d'un jour auparavant, se demandant comment les choses avaient pu prendre une telle tournure en si peu de temps.
La réponse lui vint lorsqu'il trouva Hermione assise dans la noirceur du salon, emmitouflée dans une épaisse couverture.
Et qu'il prit la décision de rester avec elle.Ils passèrent le reste de la nuit dans cette pièce, assis côte à côte sur le canapé, chacun perdu dans ses pensées.
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LA NUIT OÙ LES ÉTOILES SONT MONTÉES DANS LE CIEL [terminée]
Hayran Kurgu[FREMIONE - terminée] « Moi sans toi... C'est un monde sans lumière. » Alors, c'est ça ? C'est tout ce qu'il reste, désormais ? C'est tout ce qu'il me reste ? Ton souvenir ? Le souvenir de ton souvenir ? Si c'est une blague, sache qu'elle est de m...