Chapitre 9 : Regretter le passé.

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Avanna

La porte s'ouvre et je vois Léo en jogging noir et un t-shirt de la même couleur, qui moule la musculature de ses pectoraux et de ses bras. Avec son t-shirt, ses tatouages sont visibles. Ses deux bras ainsi que son cou sont remplis d'encre noire. Les motifs sont aussi différents les uns des autres.

Avec sa main droite il tient une serviette et s'essuie les cheveux, il vient de sortir de la douche car je sens son gel douche à la mangue. Quelques gouttes s'échappent de ses mèches brunes et tombent sur son t-shirt.

De ce point de vue il est pas mal. Mais qu'est ce que je dis, on ne s'apprécie pas.

-Je ne te dérange pas ?

J'ai honte qu'il s'est aperçu que je le regardais. Pourquoi je l'ai regardé de la tête au pieds comme je l'ai fait ?

-La prochaine fois oublie pas tes clés car je ne t'ouvrirai pas, me dit-il en se décalant de la porte.

-Excuse-moi, j'étais pressée de partir et j'ai oublié de les prendre.

Je me sens obligé de m'excuser car je l'ai dérangé. Et d'après sa réaction je devais le faire. J'ai pas envie qu'il pense que je suis malpolie ou que je m'en moque de le solliciter pour qu'il m'ouvre la porte.

-Te justifie pas, je m'en fou, répond t-il sèchement.

Il se retourne puis s'approche de moi en me regardant dans les yeux. Il est tellement intimidant que je baisse les yeux.

-La prochaine fois je serai pas là pour t'ouvrir alors à l'avenir, n'oublie pas tes clés sinon tu resteras devant la porte.

-Rappelle-moi à qui appartient l'appartement et grâce à qui tu habites ici, lui répondis-je sarcastiquement.

Avec un sourire narquois il s'approche encore plus, il ne manque plus que 8 centimètres pour que nos corps se touchent. Dans son regard je peux voir une lueur d'amusement.

-À ce que je sache c'est pas toi qui a posté l'annonce et j'étais le seul intéressé par l'annonce.

Comment il sait que ce n'est pas moi qui ait posté l'annonce ? Et comment il sait que c'était le seul intéressé ?

-Quoi ? Comment tu l'as appris ?

Il semble pris au pris dépourvu par ma question.

-C'est toi qui me l'a dit, quand tu m'as fait la visite, dit-il en se dirigeant vers sa chambre.

Et il claque la porte. Je ne dis rien cette fois ci car je dois aller me doucher et me coucher, je suis énormément fatiguée depuis un moment.

Je me dirige vers la salle de bain et ferme la porte derrière moi. Je commence à me déshabiller en évitant de me regarder dans le miroir. En rentrant dans la douche je ne peux m'empêcher d'y jeter un coup d'œil.

J'analyse chaque partie de mon corps, de mes pieds à ma tête.

J'ai toujours eu un complexe avec mon corps. Ça vient surtout des paroles qui m'ont marqué quand j'étais petite.

Flashback

Avanna, 11 ans.

Aujourd'hui c'est l'anniversaire d'Emma, elle fête ses 12 ans. C'est ma meilleure copine depuis le CP. On était au bord de sa piscine, il faisait chaud, il y avait beaucoup de soleil. Du coup, avec les autres invités, on se met en maillot pour se baigner.

J'étais au bord de l'eau quand la maman d'Emma est venue me parler.

-Ouah, Avanna tu es maigre, tu ne mange pas beaucoup, dit-elle.

-Pourtant j'adore le gâteau au chocolat, dit-je en rigolant.

Toutes mes copines me le disent, une fois quand une de mes amies m'a porté, elle m'a dit : "C'est facile de te porter Avanna car tu n'es pas lourde". Ensuite j'ai rigolé car j'avais l'habitude qu'on me le dise.

Fin du flashback

Des larmes perlent au bord de mes yeux en repensant au passé. Je repense à toutes ces fois où l'on m'a dit que je suis maigre. Au début, je n'y faisais pas attention car j'étais trop jeune. Puis après je me suis dit que c'était pas normal et que je devais un peu grossir pour que plus personne ne me fasse cette remarque.

J'ai complètement eu tort en me disant cela.

Car maintenant, je regrette d'être comme je suis.

Les réflexions de cette personne ne m'ont pas plus aidé.

"Mange pas trop tu vas grossir", "Les bonbons font grossir".

J'avais que 9 ans quand elle me disait tout cela. Depuis j'ai pratiquement arrêté de manger des bonbons et fais attention à tout ce que je mangeais.

En grandissant, j'ai eu droit à d'autres réflexions :

"Fait plus de sport sinon tu vas grossir", "Mange pas ça, tu vas grossir" et encore plein de remarque. Je ne les compte même plus.

Je me dépêche de rentrer dans la douche et d'allumer l'eau pour pas que Léo m'entende pleurer.

Je sens des larmes chaudes couler à travers l'eau tiède qui coule sur mon corps.

Sans le vouloir mon regard se pose sur les toilettes, j'ai jamais essayé mais plusieurs fois ça m'est arrivée de penser à le faire. Mais j'ai pas eu ce putain de courage pour le faire car je suis une merde qui n'arrive pas à faire ce qu'elle pense.

Je détourne le regard et continue de me doucher. Une fois fini, je prends une serviette et me l'enroule autour du corps. Je fais tous les soins nécessaires.

Je me retourne pour prendre mes affaires de rechange, quand je m'aperçois que j'ai oublié de prendre mon pyjama.

Putain...

Comment j'ai pu oublier, c'est pas compliqué de prendre des vêtements avant d'aller se doucher. J'étais sûrement trop perturbée en voyant la personne qui me sert de coloc.

J'espère qu'il est sorti. Pratiquement tous les soirs, il sort dehors vers 20 heures. S'il ne sort pas, il reste dans sa chambre, il ne sort que pour prendre à manger puis y retourne.

Une fois, l'après midi j'avais fait des cookies et le soir avant de partir me coucher, il en restait 6. Le lendemain matin, quand j'ai voulu en prendre pour le petit déjeuner, il n'en restait plus. Quand je lui ai demandé si c'était lui qui les avait mangés, il m'a répondu : " J'aime pas les cookies, c'est toi qui les as tous mangés".

J'espère qu'il n'est pas là et qu'il est parti. J'ai pas envie de le croiser avec une serviette qui ne cache que la moitié de mon corps.

Et si il était là et que je le croise? Va t-il juger mon corps ?

Mon seul choix est de sortir comme je suis et de me dépêcher de traverser le salon pour rejoindre ma chambre sans me faire remarquer.

Je prends une grande inspiration et ouvre la porte.

Je n'ai le temps de faire seulement que deux pas avant que je ne me prenne un mur.

Je relève les yeux et m'aperçois que c'est Léo.

Pourquoi fallait-il qu'il soit là ?

On se regarde tous les deux dans les yeux. Puis son regard descend lentement sur mon corps.

C'est comme s'il analysait mon corps, qu'il étudiait chaque partie.

Sentant son regard trop persistant, j'entoure mes bras autour de mon corps, pour qu'il ne puisse pas le voir, enfin les parties qu'il ne voit pas déjà.

-Alors on ne regarde pas où l'on va ? Dit-il en voyant ma gêne.

The secret colocOù les histoires vivent. Découvrez maintenant