A Passport Story

Nate and the drinks

À la minute où la porte s'est refermée derrière moi, j'ai su à quel point j'avais merdé. J'avais agis comme le pire des salauds et sans même savoir pourquoi. J'avais parlé sous la colère et maintenant j'en paye les conséquences en étant à la rue, sans papiers, sans rien mis à part peu être trois dollars dans le fond de ma poche. Je suis dans la merde jusqu'au cou parce que je sais que jamais elle ne me laissera récupérer mes affaires, mais pour l'instant ça n'a pas d'importance : je viens de perdre l'une des choses les plus importantes, les plus belles dans ma vie et j'essaye désespérément et lâchement de l'oublier pour quelques heures en me noyant dans des verres d'alcool que je ne pourrais jamais payer. Je finirais surement chez les flics ce soir, mais plus rien ne m'atteint maintenant. Je déprime et je ne ressens plus rien mis à part du vide et de la honte. J'ai honte de moi et de ce que je viens de faire. C'est clair que gueuler à sa petite amie bipolaire qu'elle n'est qu'une tarée qui fout ta vie en l'air, c'est pas très cool. Le pire, c'est que pendant une seconde je l'ai pensé, j'ai réellement cru pendant un instant que Cass' mettait ma vie en vrac et que toutes les merdes qui arrivaient dans ma vie étaient de sa faute. Mais non, parce que ce n'est pas de sa faute si je suis le plus gros connard que la Terre ait jamais portée, ce n'est pas de sa faute si je suis dehors, là maintenant, en train de picoler dans un bar à dix-huit heures. Je me sens minable, débile et horrible. Je regrette chaque mot que j'ai pu lui dire du plus profond de mon âme et la seule chose que j'ai envie de faire maintenant est d'en parler à mon meilleur ami, j'ai envie qu'il me dise que non ce n'est pas de ma faute, qu'elle avait suréagit et que tout allait rentrer dans l'ordre. Mais je sais pourtant que ça n'arrivera jamais. Parce que premièrement, Sammy ne répond pas aux cinq appels que je lui ai passé en à peine dix minutes, deuxièmement je sais moi-même que je suis en faute, et enfin, troisièmement, je sais que jamais il ne me mentirait pour que je me sente mieux. C'est son devoir après tout. Je suis donc bloqué dans cette vérité triste mais réelle : j'ai blessé Cassandra, et pas qu'un peu. Je lui ai complètement tranché le coeur de part en part, et j'ai sentis à quel point elle me haïssait quant elle me regardait fuir l'appartement. Je sais que j'aurais du rester, refuser de la laisser seule ou au moins revenir en courant dés que mes pieds auraient touchés l'asphalte, mais non. Au lieu d'être à ses cotés, entrain d'essayer de me faire pardonner pour toutes mes conneries, je suis affalé ivre mort sur la table d'un bar que je ne connais même pas. Mais je ne veux pas y croire, je ne veux pas croire que Cass' et moi se soit terminé. Il en est hors de question, je tiens trop à elle, je l'aime bien trop pour pouvoir la laisser me filer entre les doigts comme maintenant. Je récupérais Cass' coute que coute parce que sans elle, je suis un danger pour moi même, comme elle l'est pour elle même sans moi. Elle va faire une connerie, je le sais, je peux le sentir dans mes tripes. Mais pourtant je ne fais rien. J'ai bien trop honte pour sortir d'ici et m'exposer au monde réel. De toute façon, j'aurai l'impression que tout le monde saura ce que j'ai fais à la minute où je pointrai le nez dehors, et me jugerait du regard : je deviendrai fou.

-Tien, tien, toi ici. J'aurai jamais cru te voir dans un bar sans cette garce qui te sert de copine. S'exclame une voix en s'asseyant devant moi, se faisant retourner par la même occasion les quelques personnes présentes.

-Casse-toi de là, Ice, j'ai pas envie de te voir, maintenant. Ni jamais en fait.

-Ouch, tu sais que tu me blesses là ? Elle me nargue en souriant.

-Qu'est-ce que tu me veux ?

-Je n'ai pas le droit de venir te parler en toute amitié ?

-Tu ne fais jamais rien par hasard.

-Pourtant ça l'est, je n'ai pour une fois aucune arrière pensée.

Mon cul, ouais.

Un barman se dirige vers nous, un verre à la main. Il tend à la brune une bière avant de repartir aussi sec.

-Pourquoi tu ne lui a jamais dis ? J'ai vu à quel point tu la détestes, alors pourquoi ?

Elle sait que je fais allusion à Cassandra, elle sait aussi de quoi je veux parler, mais elle feigne l'ignorance.

-De quoi tu parles, Skate ?

-M'appelle pas comme ça. Je te parle de ce qu'il s'est passé en Australie. Après tout ça aurait pu l'achever, tu aurais pu lui sortir le jour où vous vous êtes battues, devant tout le monde. Elle aurait eu la honte de sa vie et elle se serait sentie trahie. Mais non, tu n'as absolument rien fait.

-C'est parce que je le garde pour plus tard, Nathan. Si je lui avais dis ce jour là, elle aurait été triste, détruite certes, mais pas anéantie, elle n'aurait pas été désespérée au point de vouloir quitter ce monde. Alors que si j'attends un petit peu, si j'attends le moment parfait... Ce sera comme ça que je l'aurai.

-Je t'interdis de l'approcher ! Tu ne la touches pas ! Je hurle et je sais que si je continue comme ça, je me ferai virer du bar, mais j'en ai strictement rien à foutre parce que cette fille là, en face de moi, est en train de me dire clairement qu'elle veut voir ma petite amie six pieds sous terre.

-C'est mignon, elle rit. Mais le truc, c'est que je contrôle toujours tout et que tu le sais. Je suis capable, sans même la toucher, de la foutre en l'air ! Je suis capable de la faire tomber au fond du gouffre et de t'entrainer avec elle ! Et tu veux savoir ce qui est le mieux dans tout ça ? C'est qui ni toi, ni personne ne pourra rien y faire. Tu es condamné à voir la fille que tu aimes s'auto-détruire à petit feu.

-Je t'emmerde, je ne te laisserai pas l'atteindre.

-Mais c'est trop tard, mon grand, elle est déjà foutue sans même le savoir...

-J'ai peur, j'ai peur de cette fille et de ce qu'elle peut faire à Cassandra.