A Passport Story

Nate and the apologies

Ça fait deux jours qu'on a emménagé, deux jours que nous n'avions pas parlé. Ça fait chier, mais c'est comme ça. La dernière fois, elle était en tord et je me suis excusé : pas cette fois. Ça n'arrivera pas parce que j'en ai marre de faire ma soumise à m'excuser à chaque fois. Merde ! Elle est en faute ! Puis qui fait ça sérieusement ? Qui chauffe un mec jusqu'à ce qu'il bande pour juste après se tirer ? Personne à part cette tarée ! Mais putain, je l'aime ! Est-ce que c'est con d'aimer quelqu'un qui passe son temps à vous foutre hors de vous ? Oui, très con. Mais j'ai toujours été con alors dans un sens c'est logique. Enfin bref, tout ça pour dire que je ne m'excuserai pas.

Ça fait une semaine ! Une putain de semaine ! Merde, elle ne sait pas foutre sa putain de fierté de coté et s'excuser ! C'est tellement gamin de faire ça ! Je veux dire : c'est sa putain de faute ! Pourquoi elle ne s'excuse pas ? Elle ne tient pas assez à moi pour mettre son ego de coté et venir me parler comme une adulte ? En parlant du loup, la voilà qui s'assoie à coté de moi dans le canapé : je l'ignore royalement.

"-Skate ?

-...

-Skate ! Je suis désolée ok ? J'aurai pas dû faire ça, je le sais, mais je savais pas que ça allait te vexer et je le voulais pas. J'ai agis comme une gamine en ne m'excusant pas et en t'ignorant pendant une semaine, et je m'excuse, mais tu me manque et je veux continuer à me bourrer la gueule et m'éclater avec toi comme avant."

Je me tourne vers elle, et n'arrivant plus à me retenir de sourire, j'ouvre juste mes bras pour qu'elle s'y glisse. De toutes les disputes que l'on a eu, que ce soit par téléphone, Skype ou en face, celle-ci est de loin celle qui a durée le plus longtemps et celle que j'ai le plus détestée. Je sert l'australienne contre moi et lui caresse lentement les cheveux alors qu'elle continue de s'excuser. Je ne vais pas faire comme dans ces putains de films pourris à l'eau de rose où le mec dit à la fille qu'elle n'a plus besoin de s'excuser parce que de 1) je ne sort pas avec Cass', de 2) j'adore quand elle s'excuse et de 3) c'est rare alors j'en profite. On reste pas mal de temps comme ça et j'aime ça. Sa respiration ralentit, sa prise autour de ma taille se désert. Je la regarde, ses yeux sont clos : elle dort. Je souris comme un con sans m'en apercevoir réellement. Je la soulève doucement et l'emmène dans la chambre, la déshabille et la recouvre des draps fins. Je me couche directement à coté d'elle. Il est tard et je n'ai rien de mieux à faire que de dormir alors... Je lui embrasse le front rapidement avant de la coller à moi et là, je me rends compte à quel point elle m'a manqué. Elle est belle ma p'tite Cass', non ? Avec ses bouclettes bleues et son visage reposé. Je ne sais pas ce qu'elle ressent pour moi, elle donne l'impression que c'est plus que de l'amitié, mais je ne veux pas me planter et découvrir qu'en fait elle m'avait bloquée dans la putain de friendzone. J'ai déjà été amoureux une fois, enfin pas vraiment : je tenais beaucoup à elle mais je ne l'aimais pas comme ça. Pas comme Cassie. Puis ça n'a jamais été concluant : après un an, elle a déménagé loin, en Argentine, et on a dû se séparer. Ça avait été dur au début, mais j'ai fini par m'y faire et l'oublier. Peut être que si elle n'était pas partit, je serai toujours avec elle, je ne serai pas aller en Australie et je n'aurai pas rencontré Cass'. Je ne serai pas tombé amoureux d'elle et j'aurai dû étudier à l'Université d'Omaha. Je me serai fait chier dans un poste de communication dans la boite de mon père et ma vie aurait été parfaitement bien cadrée. Ou alors j'aurai continué de picoler et de me droguer, puis elle aurait finit par me quitter, et je serai mort, clochard, au fond d'un caniveau. Dans les deux cas, ma vie aurait été de la merde. Et même si avant, j'aurai ris à la tronche de celui qui m'aurait prédit que j'allais dire une connerie pareille : je suis content qu'Adèle soit partie en Argentine.

Le lendemain, je me réveille pour la première fois en premier. Mais je ne me lève pas pour autant, je suis trop bien sous les draps à pianoter sur mon téléphone. Je donne des nouvelles aux gars, Sammy me dit que Kira vient de perdre son grand-père et que même s'il essaye de la consoler, la pauvre reste en larmes. Je décide donc finalement de me lever et d'appeler la brune pour avoir de ses nouvelles. Sammy n'est pas avec elle pour le moment, il a dû rentrer chez lui chercher des affaires pour passer quelques jours de plus avec elle.

"-Kira ? Ça va ?

-Salut Nate, disons que j'ai connu des jours meilleurs.

-Sammy revient bientôt ?

-Je ne sais pas, dans une demi-heure peut être...

-Ça va aller d'accord ? Sammy prend soin de toi et puis si jamais tu te sens pas bien, tu m'appels moi ou Cassie. Je sais que c'est dur mais ce sont des choses qui arrivent Kira, je te promets que ça va aller, tu vas t'en remettre.

-Je sais, mais ça fait mal.

-Je comprends. On peut rien faire pour l'instant : seulement laisser le temps passer.

-Ouais... Merci Nate. Je vais te laisser, je crois qu'un bain me ferait du bien.

-Bonne idée, et n'oublie pas : tu appels l'un de nous si ça va pas.

-T'inquiète pas, merci... Et Nate ? Elle me rappelle avant que je ne raccroche.

-Oui ?

-Prends en soin de ta p'tite australienne, d'accord ? Fais pas le con.

-Promis."

Elle raccroche alors que je me redirige dans la chambre, espérant que mon amie aille bien, pour découvrir une petite tête blonde à moitié réveillée qui m'observe.

"-C'était qui ? Ça avait l'air grave.

-Kira.

-Qu'est-ce qu'il se passe, s'inquiète elle ?

-Son grand père est mort hier soir et elle va pas très bien.

-Oh la pauvre, tu crois que je devrais l'appeler ?"

-Voici une des nombreuses raisons de pourquoi j'aime Cass' : même sans connaître les gens, elle s'inquiète pour eux.