Nate and the words

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Nous somme tout les deux dans sa chambre d'enfant, chez ses parents. Les mur sont gris, la décoration laisse voir qu'elle a été habitée par une jeune adolescente aux idées rebelles. Cassie est ancré dans mes bras et son nez réside au creux de mon cou. Je la sens tétanisée, s'accrocher à mon pull. Elle à peur, elle ne sait pas ce qu'il va se passer à partir de ce soir, quand son amie sera sous terre. Et elle ne veut pas bouger, il est présentement 4 heures 07 du matin, et nous n'arrivons pas à dormir à cause du décalage horaire... peut être de la tristesse aussi. Elle sent le miel et la térébenthine, c'est étrange que je n'ai jamais pu, jusque maintenant, m'être de mot sur son odeur. Mais j'aime bien, c'est chaud et agréable. Il fait une chaleur éprouvante et pourtant nous avons froid sous la couette. Alors elle s'accroche à moi, pour avoir chaud, pour être rassurée, pour se sentir en sécurité. J'ai l'impression de flotter au dessus du sol, d'être en transe et que plus rien n'affecte le monde de là où nous sommes. Nous sommes dans une petite bulle qui nous protège du reste de l'univers et malheureusement pour nous, cette bulle devra éclater dans quelques heures.


-Tu veux parler ? Je lui souffle doucement.


-Non, je veux juste rester ici. Je t'en veux tellement, et pourtant j'ai besoin de toi. Alors, s'il-te-plais, ne parle pas.


Elle ne veut pas parler, alors on ne parlera pas. C'est aussi simple que ça. Elle va mal et quand elle va mal, je vais mal. C'est comme ça et pas autrement. Alors je me tais, je triture ses cheveux et je la berce. Je ne peux rien faire de plus, elle est en deuil. Je me retire quelques secondes et j'ai immédiatement froid, je la regarde.


-T'es magnifique, Cassandra.


-T'es pas obligé de me dire ça pour me remonter le moral, chuchote-t-elle tristement.


-Je dis la vérité.


C'est vrai après tout, pourquoi ce serait un mensonge ? Pourquoi je ne pourrais pas lui dire, puisqu'elle l'est ? Je ne le lui dis jamais, pourquoi ? C'est idiot, je suis un idiot. Le premier et le dernier des idiots. Il y a une chanson qui passe en fond, un morceau de piano.


-C'est de qui ?


-Je ne sais pas, mais c'est ma mère qui joue.


-C'est beau.


Les notes coulent en éco contre les murs, c'est beau, c'est magnifique même. Et ça la calme. Depuis trois jours, c'est la première fois que je ne la vois pas pleurer, ou hurler. Elle est toujours triste, mais elle est calme. Je me rends compte à quel point nous sommes loin du jour du notre rencontre, à quel point elle et moi avons évolué : nous sommes plus calmes, moins timides l'un envers l'autre. Avant, j'aurai laissé la fille en question au bord du gouffre sans aucun remord, je me serais simplement tiré... Mais maintenant, il est impossible pour moi de me détacher d'elle. Ce serait comme lâcher une bouée de sauvetage en pleine mer : idiot. Je suis heureux de pouvoir la regarder, la garder contre moi aussi. Je me sens utile comme ça, utile à quelqu'un ou à quelque chose. Elle glisse sa main jusqu'à la mienne, les remonte entre nos visages et joue avec mes doigts en les fixant. Je déteste la voir comme ça, et je me déteste de ne pouvoir rien faire. Je me sens impuissant, complètement à coté de la plaque. Elle est - ou était - ma copine et je ne peux même pas l'aider. Je l'aime cette fille... enfin je crois. Je n'ai jamais réellement été amoureux de qui que ce soit et ce n'est pas comme lorsqu'on choisit des fringues dans une boutique, là, je n'ai aucun moyen de comparaison. Mais je pense que je le suis, je crois bien que je suis amoureux de Cassandra VanPeltt, cette australienne qui a débarqué dans ma vie et qui la mise sans dessus dessous sans rien demander à personne.


-Merci d'être là, elle me dit sans relever les yeux, sinon je ne sais pas comment je ferai.


-C'est pas grand chose.


-Ça l'est pour moi, alors merci.


Je lui embrasse le dos de la main. Elle est glacée, surement du à la fatigue ou aux antidépresseurs. Elle est shootée aux médoc' depuis sa sortie de l'hôpital, s'ajoute à ça les antidépresseurs à cause de Sullivan... Elle ne tiendra pas le coup à cette allure, et il faut que je trouve le moyen de la faire décompresser. Je ne sais pas comment ou quoi faire, mais je trouverai. Je trouverai le moyen de lui faire oublier ses problèmes, ne serait-ce que pour un court laps de temps. Je la regarde jouer avec ma main, il est maintenant 4 heures 09 du matin et elle est encore plus belle qu'il y a deux minutes. J'en suis sur maintenant. La voir malheureuse comme ça m'a fait me rendre compte à quel point je tiens à elle. À quel point elle est importante à mes yeux et à quel point je ne veux pas la laisser partir. Alors je remet doucement ses cheveux en ordre avec ma main gauche, lui redresse le visage pour la forcer à me regarder, et je l'embrasse doucement parce que j'hésite, parce que j'ai peur de ce que je vais lui dire, parce que j'ai peur que ça change tout et parce que j'ai peur qu'elle ne me rejette. Mon nez se frotte doucement contre le sien et sa respiration ralentit. Alors je me lance, je la regarde dans les yeux et lui chuchote ces trois mots :


-Je t'aime, Cassandra.


-C'est étrange quand on prononce ces mots pour la première fois : c'est grisant et flippant à la fois.

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