Chapitre 8

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8.


- Alors voilà, il y a cinq ans, ton père rentrait du boulot et après m'avoir dit bonjour, il est monté dans son bureau. Quelques minutes plus tard, je l'entendait crier mon nom, il me demandait de lui amener son sac de travail qu'il avait oublié sur la table de la cuisine. Quand je l'ai attrapé pour le lui monter, une farde en est tombée. Je l'ai ramassé et elle s'est ouverte. À l'intérieur se trouvait son chéquier, il en manquait un tas et il y en avait un qui était remplis du nom de son entreprise avec son écriture, il était également remplis de son nom à lui et c'est à ce moment là que j'ai compris. J'ai compris pourquoi on avait autant d'argent sur notre compte en banque, pourquoi on avait une si belle voiture, pourquoi on partait dans de si beau et cher endroits pendant les vacances, pourquoi la vie était si aisée. J'ai compris qu'il faisait des détournements de fonds, mais pas seulement. En fouillant un peu plus profondément, j'ai vu les contrats. Les contrats de ses clients avait été trafiquer, il les arnaquait en faisant passer l'augmentation de leur loyer pour une augmentation du à un problème dans le bâtiment alors que cette argent, il le retirait pour le mettre dans ses poches. C'était un arnaqueur et un criminel Haven.

Elle se tait attendant sans doute une réaction de ma part. Mais mon cerveau s'est arrêté de fonctionner. J'ai écoutée tout ce qu'elle m'a dit sans vraiment assimiler ses paroles. Je ne comprend pas... Mon père ? Un criminel ? Non, ce n'est pas possible, elle ment.
Comme je ne dis rien, ma mère reprend.

- Je lui ai apportée sa farde et j'ai fait comme si de rien était. J'étais perdu, je ne savais pas quoi faire. J'ai passé la moitié de l'année suivante dans le noir. Je partais plus souvent avec vous ici et là, j'étais distante avec ton père et j'hésitais entre fuir ou essayer de comprendre. J'ai décidé de lui en parler en me disant qu'il y avait peut être des raisons à ces agissements. Mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Quand je lui en ai parlé, il a d'abord nié les faits, il me disait que j'étais parano et que je ne devais pas m'inquiéter mais au bout d'un moment, il a finit pas comprendre que ça ne servait à rien de mentir et que j'avais moi même compris ces actes. Alors il a changé du tout au tout. En une fraction de seconde, le mari doux et aimant que je connaissais avait disparu laissant place à un mari ferme et violant. Oui Haven, il est devenu violent. Alors on est partis. Je voulais vous emmener le plus loin possible de peur que ces pulsions violentes ne vous atteignent. Par peur que Chris deviennent encore pire, je le laissais vous voir de temps en temps. J'étais toujours dans la pénombre ne sachant pas comment j'allais sortir de ce merdier puis j'ai rencontrée Marc. À un bar, un soir où vous étiez avec Chris. Il m'a sortis des ténèbres Haven, il a égayé ma vie, il l'a rendu plus facile. La goute d'eau qui a fait déborder le vase c'est quand j'ai appris que Chris utilisait votre carte de crédit. La tienne et celle d'Ela. Il les utilisait pour y mettre les sommes qu'il détournait puis les dépensait toujours avec vos cartes. Quand j'ai découvert ça, j'ai su qu'il fallait que je parte, loin et que je vous emmène, je ne voulais pas vous laisser, vous, mes deux bébés, avec un homme que je ne reconnaissait plus. J'ai finis par en parler à Marc, il m'a aidé à trouver une solution et il m'a promis de me donner, à moi et mes enfants, la vie que l'on mérite. Alors une après midi où vous étiez avec lui, un ans après que j'ai découvert pour les détournements de fonds, je suis venue vous chercher. Je me souviens que vous étiez sur la plage. Je suis allée voir ton père et je lui ai posé un ultimatum. Je pars avec les enfants, je commence une nouvelle vie, jamais il ne cherche à nous retrouver ou même à nous recontacter et je laisse la justice en dehors de ça. Ou, s'il refuse et qu'il essaye de nous retrouver, de vous retrouver, j'appelle mon avocat et la justice le jugera pour ses crimes. Au départ, il n'a pas apprécié évidemment, il est devenu violent et Marc qui m'attendait dans la voiture nous a rejoint et il lui a bien fait comprendre qu'il avait de la chance que je sois si gentil et que je ne fasse pas intervenir la justice immédiatement. N'ayant pas trop le choix, Chris a finit pas accepter ma première proposition et on est partis. Je t'ai pris par la main, Marc a pris Elaena dans ses bras et on est partis. Loin. Chris et moi avons divorcer sans embûches et j'ai récupéré mon nom de jeune fille. Ainsi que vous. Je ne voulais pas que vous soyez associé au nom Bolan, associé à son nom. Quand j'ai eu Gaspard c'était comme une deuxième naissance. Je commençais réellement une deuxième vie. On en a construit une nouvelle et si je mens à tout le monde c'est juste pour vous éviter

Je n'écoute plus. Ces paroles commencent doucement à s'assimiler dans mon cerveau. Je comprend enfin tout ce qu'elle vient de me dire.
Non.

- Non... Non... Non ! Non ! Non... Non. C'est...  C'est pas possible.

- Haven...

Les larmes commencent à me brouiller la vue et en un clignement de cils, elles dévalent mes joues. Mes mains essayent de les arrêtés en les frottant toutes les secondes.

- Non ! Ça ne s'est pas passé comme ça ! Tu es arrivée, tu as crié sur papa, tu lui a crié dessus ! Et puis, et puis tu as pris Ela, tu m'as tirée le bras et on est partis. Dis-je la voix tremblante.

J'essaye de formuler une autre phrase mais les mots ne sortent pas.

- Ton subconscient a du déformer ton souvenir pour le rendre moins triste Havy mais

- Non ! Ne m'appelle pas comme ça ! Tu n'as pas le droit de, tu n'as pas le droit de faire ça !

Cette fois, je cris. Je cris jusqu'à n'en plus pouvoir. La faible musique qui vient de la fête qui a encore lui couvre légèrement mes hurlements. J'essaye d'empêcher, tant bien que mal, mes larmes de couler.

- Tu mens ! Tu mens pour t'en sortir ! Comme tu l'as toujours fais !

- Haven, je te rappelle que c'est toi qui a voulu savoir. Je t'avais dis que la vérité n'était pas celle que tu aurais voulu.

Son sang froid me fige. J'ai l'impression qu'elle ne ressent aucune émotions. Je ne l'ai jamais vu comme cela et je ne veux plus l'entendre ni la voir. 
Mes jambes se mettent en marche sans que je ne m'en rende compte, elles descendent les marches de ma terrasse et arrivent bientôt dans l'allée de mon bungalow.
J'entends les voix mélangées de ma mère et de mon beau-père. Il a dû sortir en m'entendant crier.
Les larmes ruissellent désormais sans modération sur mes joues déjà rosies par elles.
Je ne sais pas où je vais, je me contente de marcher essayant de faire disparaître les gouttes salées de mon visage. Mes yeux me brûlent, mes jambes flanchent, un mal de tête me transperce le crâne, une envie de vomir me prend aux tripes, j'ai besoin de m'asseoir.
Un peu plus loin, la fin de l'allée. Il y a deux, trois arbres et je décide d'aller m'asseoir au pied de l'un d'eux.
Quelques secondes plus tard, j'y arrive. Mon dos glisse le long de l'arbre et mes fesses touchent bientôt le sol froid. Une pensée futile me traverse alors l'esprit. Ma robe va sûrement être tachée. Mais cette pensée se fait vite remplacer par des millions d'autres beaucoup plus sombres.
Les paroles de ma mère font échos dans mon esprit et je n'arrive pas à les arrêter.

" J'ai compris qu'il faisait des détournements de fonds "

" Il les arnaquait "

" S'était un criminel et un arnaqueur "

" Un mari ferme et violent "

" Vos cartes de crédits "

" La justice en dehors de ça "

" faire intervenir les avocats "

" criminel "

Violent, justice, arnaqueur, Stop !

Mes larmes coulent en abondance et je n'essaye plus de les arrêter. Elles coulent aussi vite que mes pensées.

Pourquoi ? Comment ? Mais surtout pourquoi ?
Pourquoi il faisait cela ? Y avait-il une raison ? Une autre solution ? Aurait-on pu vivre heureux tout de même ? Et si ma mère n'avait jamais rien remarqué ? Cela aurait-il été mieux ? Ou pire ? Pourquoi je n'arrive pas à y croire ?
C'est vrai. Je n'y crois pas.
Ma mère aurait-elle tout inventé ?
Je ne sais pas. Il y a sûrement un soupçon de vérité mais je ne peux pas croire à toute cette histoire.
Mon père, Christopher Bolan, un criminel ? Un arnaqueur ? Violent de surplus ? Non, ce n'est pas possible.

Tandis que je continue de pleurer et de me questionner jusqu'à n'en plus pouvoir, j'entends une voix m'appeler.

- Haven ?


M'interdire c'est m'inciterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant