Chapitre 10

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10.


Cela fait maintenant un peu plus de cinq minutes que l'animateur et moi marchons. Nous sommes désormais en dehors du camping et nos sujets de conversations n'ont pas arrêtés de changer. Aucun blanc ne s'était installé avant maintenant. Mais ce silence est réconfortant et apaisant, comme à peu près tous les silences qui se sont déjà installés entre nous auparavant.

- Au fait, cela ne se dit pas des fois. Lui fis-je remarquer.

- Quoi ?

- Tout à l'heure, tu m'as dis que des fois c'était mieux de parler. Ce n'est pas français. C'est une faute que beaucoup de gens font, ils disent des fois au lieu de

- Parfois.

- Exactement. Dis-je un léger sourire au lèvre.

Le silence n'a pas le temps de reprendre place que le grand brun prend la parole.

- Comment tu t'es découvert cette passion pour la littérature française ?

- Je dirais que ma passion s'étend au delà des frontières françaises étant donné mon adoration pour Oscar Wild, Jane Austen ou encore Emilie Dickinson. Mais pour répondre à ta question, mon père. C'est mon père qui m'a fait découvrir la littérature.

Penser à lui me provoque un énorme pincement au cœur. Toute ma vie n'aurait été que mensonge ?

- C'est rare des ados comme toi.

- Des ados comme moi ?

- Oui, tu sais, qui s'intéresse à ce genre de chose.

- Ça c'est parce que les jeunes d'aujourd'hui ne font pas assez attention à ce que le monde a à leurs offrir. Ils sont trop occupés sur leurs téléphones pour se rendre compte de toutes les merveilles qui existent en terme de divertissement. Je veux parler ici de la musique, de l'art, de la littérature et tant d'autres choses.

- Je suis tout à fait d'accord avec toi mais comment ton père t'as fait découvrir des auteurs comme ceux que tu as cité ?

- Quand j'ai eu cinq ans, mon père m'a offert un livre. Tous les soirs, il me le lisait pour m'endormir. Les fleurs du mal, de Baudelaire. Quand les enfants de mon âge se faisait lire des contes pour enfants, je me faisais lire Halmet, Le portrait de Dorian Gray ou encore De grandes espérances. Quand j'avais aux alentours de dix ans, j'ai eu la joie de découvrir par moi même Orgueil et préjugés, Madame Bovary, Les hauts de Hurlevent enfin bref, tu vois quoi.

Un sourire s'affiche sur mon visage quand je me remémore tous ces souvenirs de ma douce enfance.

- Pour être honnête je connais que la moitié des œuvres dont tu viens de parler, et je serais incapable de dire les auteurs.

Je me tourne vers l'animateur, souriante. C'est vrai que ma culture sur la poésie et la littérature en général en étonne plus d'un. C'est peut être une des raisons pour lesquelles je n'ai pas beaucoup d'amis.
Certains disent que je me prend trop de haut mais je m'en fous.
C'est ma passion et je ne laisserais jamais personne m'empêcher d'étaler mon savoir.
Comme l'a dit Marcel Proust,

" Seuls la lecture et le savoir donnent les belles manières de l'esprit ".

Et puis cela ne peut pas leur faire du mal, apprendre.

Esteban interrompt le cours de mes pensées en m'indiquant que nous sommes arrivés.
Je tourne la tête et je vois, en effet, une dizaine de jeunes autour d'une enceinte dont de la musique en sort. Ils se trouvent au milieu d'un terrain de basket et plusieurs tables sont disposées contre les grilles qui entoure celui-ci. Sur les tables, bière et alcool fort sont disposés ainsi qu'un tas de verres en plastique réutilisable.

- On y va ? Me demande l'animateur.

Il est vrai que je me suis arrêté sans m'en rendre compte à l'entrée du terrain de basket.
J'offre un sourire en signe d'approbation et Esteban commence à rejoindre le groupe de jeunes.
C'est quand je le vois s'éloigner que mon anxiété me cris que c'était une très mauvaise idée de venir à cette soirée.
L'animateur va sûrement rester avec ses amis tandis que je resterais en retrait, n'osant parler à personne.
C'est quand je me dis que je vais sûrement voler une bouteille de vodka et partir seule sur la plage d'à côté que la voix du grand brun m'interpelle.

- Haven ! Qu'est ce que t'attend pour venir ?

Le sourire que j'avais quelques minutes avant réapparaît et je me mets en marche. Je rejoins le garçon aux yeux noisettes m'approchant de plus en plus du groupe. Pour une raison que j'ignore, je me sens en sécurité à ses côtés. Je me sens plus forte.

- Si je t'ai proposé de venir c'est pas pour que tu te bourre la gueule toute seule.

Mes lèvres forme un rictus quand j'entends qu'il a très clairement compris mes intentions de ce soir.
Une fois arrivé à la hauteur des différents groupes de jeunes, l'un d'entre eux, un blond, que je déduis être du même âge qu'Esteban, vient nous accueillir.
Il donne une accolade à mon animateur qu'il a l'air de plutôt bien connaître et se présente ensuite.

- Salut ! Je m'appelle Hardy ! Dit-il en me faisant la bise.

- Dis moi Este, je savais pas que t'emmenais une conquête.

Il se tourne vers le grand brun, un sourire aux lèvres et l'air charmeur. Esteban, lui, ne semble pas du tout rigoler.

- C'est pas une conquête.

- Dans ce cas,

Le dénommé Hardy me fait un clin d'oeil et je dois avouer le trouver très mignon. Esteban n'est apparemment pas de cet avis et donne une tape amicale à son ami le défendant de me draguer.
Pourquoi ? Je ne sais pas. Sans doute parce que je suis son animée, et qu'il pense sans doute qu'il doit me protéger, mais bon. Cela ne change rien au fait que je ne pourrais sûrement embrasser personne vu la tournure protecteur qu'a pris mon animateur.
Alors que je m'apprête à répliquer que je fais ce qu'il me plaît, une fille arrive, un verre à la main, criant sur le blondinet.
Quand elle me voit elle s'arrête brusquement.

- Salut toi ! Je m'appelle Diana. Et toi ?

Je devine au ton de sa voix que son sang doit être accompagné d'une touche d'alcool.

- Haven.

- Super ! Haven ! Ah salut Esteban ! Bon tu viens te prendre un verre ?

Je regarde Esteban persuadée que Diana lui demandait à lui.

- C'est à toi que je parlais Raven.

- C'est Haven Did'

Je lui souris gentiment et voyant qu'un autre garçon s'approche de l'animateur, je décide de suivre cette brune.
Sur le chemin qui nous sépare des tables, la dénommée Diana me raconte les derniers potins du quartier comme si je connaissais déjà tout le monde. Je sais donc que Kelly a trompé Ethan avec Conrad, que Elizabeth et Adeline se sont disputées à propos de Charlie et pour finir que Anastasia et Seth se sont embrassés.

Arrivé à hauteur de l'alcool, je me sers un vers de vodka et en bois une gorgée. Elle me brûle la gorge et j'avais presque oubliée la sensation que c'était, sentir l'alcool couler dans ces veines.
Je me tourne vers le terrain de basket pour observer les gens présent à cette soirée en reprenant une gorgée de vodka.
Les gens dansent, s'embrassent, fument, boivent, se hurlent dessus,... Bref, tout ce qu'il y a de normal à une fête après tout.
Et c'est quand j'aperçois le grand brun rire aux éclats avec les deux garçons que j'ai rencontré un peu plus tôt que je me dis que ce n'était peut être pas une mauvaise idée après tout.
Ce qui est sûr, c'est que je vais essayer d'en profiter.

M'interdire c'est m'inciterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant