Chapitre 13

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13.


J'ai la tête qui tourne, je ne sais pas où je suis.
Un cri. De joie ? De terreur ? Je ne sais pas.
Où suis-je ? 
Je marche. Mais pour aller où ? Je parle. Mais à qui ?
Ce bruit que j'entends serais-ce de la musique ?
Je sens que je tombe mais aucune partie de mon corps ne touche le sol. Quelqu'un à du me rattraper. Mais qui ? Je ne sais pas.
Je ne sais rien. Plus rien.
Je rigole. Mais pourquoi ?
Un goût amer arrive dans ma bouche puis plus rien. M'aurait on enlever mon verre ? Mais pourquoi ?
Je m'assois, non, je me couche. Les étoiles tourne au dessus de moi. Ma tête tourne.
Je rigole.
Quelqu'un m'embrasse. Mais qui ? Je ne sais pas. Mais je profite de ce baiser peut importe avec qui je le partage.

***

Le soleil tape sur ma peau et sur mes paupières me forçant à les ouvrir. Mais je ne veux pas. Mon lit est si confortable et je ne veux en aucun cas le quitter.
Je ne sais pas l'heure qu'il est mais cela m'étonne que ma mère ne soit pas encore venue me réveiller. C'est sûrement à cause de la dispute qui a éclatée entre nous hier soir. Non. Je ne veux pas y penser.
Je tâte de ma main la table de nuit à côté de mon lit pour y prendre mon téléphone mais je ne sens rien. Et quand je dis que je ne sens rien, je ne parle pas uniquement de mon téléphone. En effet, ma main ne fait que tâter le vide, ma table de nuit n'est pas là. J'ouvre les yeux à contre cœur et je met un moment pour comprendre ce qu'il se passe.

Je ne suis pas chez moi.

Je me relève et m'assois sur le lit, apeurée et interrogative.
Mon lit n'est pas mon lit, ma table de chevet n'est pas là, une armoire que je ne connais pas se tient en face de moi.
Je ne suis pas dans ma chambre.
Je ne suis pas dans mon bungalow.
Mais où alors ?

C'est alors que tout me revient en tête.

La soirée, notre baiser, sa main dans la mienne, moi demandant de dormir chez lui, lui qui accepte, on s'embrassent, ses mains sur mon corps nu, les miennes dans ses cheveux transpirant, nos corps qui n'en forme plus qu'un.
J'ai couché avec Esteban.
J'ai couché avec l'animateur du club ados.

Et merde.

Je me lève, retire le t-shirt que je porte et qui n'est pas à moi, je remet ma robe qui se trouve par terre, prend tout ce qui m'appartient et sort de la chambre.
Je suis affolée, je ne sais pas quoi faire.
Je suis dans le salon de mon animateur et une sensation que je ne peux décrypter s'empare de moi quand je remarque qu'il n'est pas là. Du soulagement ? De la déception ? Je ne saurais le dire.
Je m'assois sur le fauteuil tandis qu'une tonne de question me traverse l'esprit.

Est ce que je dois sortir ? Ou l'attendre ? Est ce que je rentre chez moi ? Qu'est ce que va dire ma mère quand j'arriverais ? Et si je croise Esteban ? Qu'est ce que je lui dirais ? Où est ce qu'il est ? Pourquoi est-il parti sans rien me dire ?  Est ce qu'il regrette ? Est ce que je regrette ? Qu'est ce qu'il en pense ?

Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne sais rien.
Je suis perdue.
Je me souviens alors que ma mère et Marc comptait aller au marché pendant qu'Ela et moi serions à nos clubs respectifs.
Je ne sais pas quelle heure il est mais ils doivent certainement être déjà partis et l'animateur doit donc sûrement être au club ados.
Je décide de rentrer chez moi, car je pense qu'il est mieux que je réfléchisse à tout cela calmement et posément.

Une fois dans mon bungalow, je m'allonge sur mon lit et pousse un cri désespéré dans mon oreiller. Pourquoi ma vie est-elle si compliqué ?
Je ne sais pas quoi penser.
Mon cœur s'accélère quand je repense à cette nuit. La sensation de ses baisers dans mon cou, de ses mains sur ma peau. Je ferme les yeux et le souvenir de notre ébois m'emporte dans une euphorie que je ne me connait pas.
Certes ce n'était pas ma première fois, Théo, il y a environ un ans, l'a été, mais jamais je n'ai ressenti de telles sensations.
J'ouvre les yeux et me met à contempler le plafond. Que vais-je bien pouvoir faire ?
J'en ai marre de trop réfléchir. Je me pose trop de questions, je pense trop. C'est fatiguant. Comme l'a dit un grand homme un jour,

" Lorsque l'esprit connaît la tranquillité, il maîtrise l'univers tout entier ".

Et puis pourquoi autant penser pour si peu ? C'est vrai quoi, j'ai couché avec un garçon. Et alors ? Ok, peut-être qu'il a trois ans de plus que moi, qu'il est majeure et que c'est mon animateur mais et alors ? Cela ne change pas grand chose en soit ? Si ? Je veux dire, si cela m'a plu de couché avec lui, quel est problème ? Peut-être qu'à lui, ça ne lui a pas plu.
Et voilà que cela recommence. Ces pensées me rongent de nouveaux l'esprit m'enfermement dans les plus sombres recoins de mon existence.
Il faut que j'en ai le cœur net. Je veux savoir ce qu'Esteban pense de tout cela. Je veux connaître son point de vue, son avis.
Alors je vais aller au club ados. Je ne sais pas comment cela va se passer mais dans tous les cas, je m'en fous. Je ne veux plus que ma vie soit rythmer par mes pensées quelque peu malsaines.
Ces vacances chaotique m'auront au moins fait comprendre une chose je n'en ai rien à foutre. Dignement certes, mais je n'en ai tout de même rien à foutre.
Je veux juste vivre ma vie pleinement, en profiter et arrêter de me torturer l'esprit avec toute sortes de puérilité.

Décidée, je me lève de mon lit et me dirige vers l'armoire qui contient tous mes vêtements. Après mettre rafraîchit et apprêtée, je sors habillée d'un short en jeans troué et d'un t-shirt noir ample. Lunettes de soleil sur la tête, je pars direction le club de l'enfer.

Une fois arrivée, je ne vois personne dans la cour qui se trouve en dehors des locaux des différents club. Personne sauf une. Je me rapproche de cette silhouette qui est assise sur un muret en train de fumer une clope. Je le rejoins sans un mot et m'assois à côté de lui. Le silence règne toujours quand je lui demande.

- Je peux en avoir une ?

Le garçon me tend alors le paquet sans daigner me regarder, un rictus sur ses lèvres. Je me sers et allume ma cigarette avec un briquet qui est entre nous. Je tire une taffe et le grand brun prend la parole.

- Je savais pas que tu fumais.

- Il y a beaucoup de chose que tu ne sais pas à propos de moi Esteban.

Je tourne la tête pour m'apercevoir que l'animateur me regardait déjà. J'essaie de le comprendre mais c'est comme si aucune émotion ne passait la barrière de son regard. Rien.
Après un léger silence durant lequel le grand brun et moi ne faisions que nous regarder, je demande.

- Pourquoi ne sont-ils pas là ? Les autres.

- C'est un jeu de rapidité, ils doivent me ramener un nombre de chose le plus rapidement possible. Me répond t-il sans aucune émotion dans sa voix.

- Fun.

- Ça c'est ton avis.

Un autre silence. Mon cœur ne peut le supporter.

- Alors quoi ? On va juste ne pas en parler ?

Esteban soupire tandis que je tire de nouveau sur ma cigarette.

- Il s'est rien passé Haven.

Malgré moi, cette phrase a pour effet une sensation douloureuse au niveau de mon cœur. Voyant que je ne répond pas, il reprend.

- C'était une erreur, un accident. Ça aurait jamais du arriver et viens pas me dire le contraire parce que c'est ce qu'on pense tous les deux. Non ?

Chacun de ses mots me blessent, un à un ils me font l'effet d'un incendie. Un incendie qui brûle les derniers arbres de confiance en moi qui restait à l'intérieur de mon cœur. Pourquoi cela me fait autant d'effet ? Après tout, il a raison non ? Une erreur, voilà ce qui c'est passé.

- Une erreur. Oui.

J'éteins ma cigarette sur le muret et la jette dans une poubelle qui se trouve à côté. Sans un regard pour le grand brun, je pars par là où j'étais arrivé. C'est alors que j'entends sa voix par dessus mon épaule.

- Tu me dois une clope Parks !

Je lève mon majeur en l'air vers celui qui a réussi à me réanimer le cœur et à l'éteindre de nouveau en une matinée et au fond de moi, sans que je ne sache pourquoi, j'espère qu'il ne pense pas un mot de ce qu'il a dit.

M'interdire c'est m'inciterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant