Ils avaient tous des choses à se reprocher.
Lui, plus que d'autres, sans doute, pensait-on. Il aurait, par le passé, battu une ancienne copine, et il lui aurait dit des choses horribles, que personne ne devrait dire. « Elle était au commissariat hier pour porter plainte. » Lui ? Un militant progressiste sensible au combat féministe ? Un homme conscientisé ? Ses anciens amis lui tournèrent le dos. Il perdit son travail, sa réputation, tout. Sur les réseaux sociaux, on fit son procès. C'est après son suicide qu'on a compris qu'il n'était coupable de rien.
Celle qui l'avait accusé avait elle-même eu un comportement déplacé, avec des femmes, avec des hommes aussi. Et ceux qui, parce qu'il faut croire les victimes, s'étaient rangé de son côté, n'étaient pas mieux. Des harceleurs, des manipulateurs, hommes et femmes coupables, pour certains, de violences physiques, morales ou sexuelles, mais qui, en façade, affichaient de belles valeurs.
On refusait d'entendre qu'on s'était trompé. Ne pas la soutenir, c'était nuire aux victimes, jouer le jeu des masculinistes pour qui toutes les femmes sont des menteuses. Ainsi, on persista dans cette mascarade.