L'Ogre rempli de haine à l'écoute des braves gens

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Chacun fier de soi, chacun grand et beau, défendant son petit morceau de terrain, sa panse et sa réputation, tous plus intègres que tous les autres, dans le vrai, dans le juste, droits comme des planches en bois, il les voyait se pavaner. Un mal de tête atroce le gagnait, brisait sa pensée, le clouait. Alors les lèvres inondées de haine, il leur cracha sa haine.

« Maudits empapaouteurs, foutus enfants de putains, crevez vite dans votre misère, immondes chiures de mouches. » Ses cheveux, avec la colère qui montait, s'étaient transformés en serpents, et sa bouche, grimaçante, était comme la porte des Enfers d'où personne n'est jamais sorti. « Agonisez, risibles humains, braillards inutiles, charognes ridicules. Heureux, et le répétant sous tous les toits, que vos mioches, le jour de 14 juillet, vous réveillent pour voir le défilé, gonflés d'importance parce qu'ils mettent la main sur le cœur quand la Marseillaise retentit. Et vous, pathétiques vermines, qui nous vendez des discours pleins de vent, citoyens de la terre débordant de tolérance, déconstruits jusqu'à la ruine, cafards qui, tôt ou tard, finirez écrabouillés. Fiers de ce que vous êtes, de ce que vous pensez, de vos valeurs, vos rêves, vos chimères. » Et plus la tristesse prenait de place, plus il devenait monstrueux. Il ne restait plus que lui, maintenant, pestant contre les murs et son ombre, on l'avait fui.


Gouttes de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant