Entre deux violences policières, le poste de police accueillait des parents éplorés. Bizarrement, ces derniers jours, les cas de disparitions d'enfants avaient augmenté. Même quand on avait pris toutes les précautions et barricadé toutes les portes, les morveux trouvaient le moyen de se volatiliser. L'inspecteur chargé de l'enquête, un homme dans la force de l'âge, moustachu et ventru, et qui portait un chapeau de cowboy, trouvait ça bizarre, mais il aimait fumer un cigare, le soir, au coin du feu, en sirotant son scotch. Sa vie, il ne l'aurait échangée pour rien au monde.
Puis on avait vu, dans les magasins de jouets, d'étranges poupées débouler. Leurs yeux sans vie fixaient les clients avec ressentiment. Certains parents en étaient persuadés, c'était leurs mioches disparus. Hystériques, et les poches pleines de fric, ils se trainaient dans les boutiques, hurlant comme des bourriques, pour acheter les jouets faméliques. « Pauvres âmes ! Ils ont perdu la boule », se disait-on en feignant la pitié. Pourtant, des vendeurs racontent entendre la nuit les poupées pleurer tout bas. Un cliché d'histoires d'épouvante qui glacera les lecteurs les plus impressionnables.
