Beaucoup d'entre nous, au sortir de la guerre, auraient tondu ces femmes traitresses, parfois avec un poids sur la conscience, le sentiment d'une culpabilité qu'on voudrait cacher, et on s'en serait même pris à quelques innocentes sur le fondement d'accusations mensongères, pour libérer ce monstre qui gémit en nous. La résistance, peu d'entre nous en auraient fait partie, préférant plier l'échine, fermer les yeux, sourire à l'ennemi, le plus humainement possible. C'est plus facile à dire qu'à faire, d'être héroïque. Ca vous jette dans la peur la plus rude. Ca vous fait perdre votre doux sentiment de sécurité. Alors, plutôt que d'être droits dans nos bottes, avec la bassesse de nos semblables, nous préférons voir des malheureux gazés.
Nous fanfaronnons. Nous avons de grandes valeurs. Des valeurs immenses. Sans bornes. Et pourtant, même avec toutes ces belles valeurs, nous savons être lâches. Je déteste notre époque, parce qu'en foutant notre misère sous le tapis, elle nous a donné l'illusion d'être surhumains.