Chapitre 3

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Les deux journées suivantes se ressemblèrent plus ou moins. Je voguais d'atelier en atelier, tentant d'acquérir des connaissances utiles à ma survie. Je ne touche que très peu aux armes. IL y en a une telle quantité que je ne sais pas quoi choisir. Je dresse un classement de mes ennemis potentiels, avec les carrières en tête bien évidemment. Je n'ai plus parlé à Louise depuis le premier jour, sans doute voulant éviter de m'attacher, mais surtout car je ne digère toujours pas le fait que nous ne fassions pas alliance. Woof me conseille de temps en temps, mais s'attarde la plus grande partie du temps avec Louise. Il mise probablement tous ses espoirs sur elle, ce qui est compréhensible. 

Jude et Felix, mes alliés du Huit, m'ont parlé de leur plan pour l'arène: on récupère le plus que l'on peut sans se mettre en danger, puis on se retrouve après le bain de sang. Plutôt pas mal. Je me suis lié d'amitié avec eux, ce qui me rendra la tâche plus difficile au moment venu de les tuer. 

Je descends au centre d'entraînement à dix heures, pour la dernière matinée, et je m'attarde cette fois sur la construction d'armes rudimentaires. Il y a de grandes chances que les armes se trouvent dans la conque de la Corne d'Abondance, et je ne vais pas me risquer dedans. Donc j'improviserai avec ce que je trouverai. Je tire une drôle de tête lorsque le silex que j'avais fixé au bout de ma branche tombe. 

Tout le monde est anxieux, même Prior, le garçon du Deux. Les évaluations ont un rôle clé pour notre réussite. Il faut viser le juste milieu. Pour les gens comme moi, il faudrait avoir une note plus élevé que la moyenne mais inférieur à dix, pour passer inaperçu tout en ayant des sponsors. En dessous on vous laissera crever de fin dans l'arène, et au dessus vous serez le prochain repas des tributs de carrières.  

Les Juges font un dernier tour dans la salle pendant notre repas, avant les évaluations. Nous avons décidé de manger séparément avec mes coéquipiers, pour ne pas éveiller les soupçons de notre alliance. Contre toute attente, Louis vint s'asseoir avec moi. Je n'esquisse pas un regard, je continues tête plongée dans mes petits pois.

- Archibald.

Je lève ma tête en lui jetant un regard glacial.

- Je sais que tu m'en veux d'être avec les tributs du Un et du Deux, mais ce n'est qu'une question de stratégie. Mieux vaux chasser avec eux que par eux. Tu comprends ?

Je lève les yeux au ciel.

- Et moi dans cette histoire ? Je me débrouille comme je peux jusqu'à ce que je tombe sur votre petite bande d'assassins sanguinaires où m'attend une mort lente et douloureuse. Non merci.

- Ils n'ont pas prévu de s'en prendre à toi...

Sa voix douce me fait presque oublier sa trahison, mais je me reprends en tapant du point sur la table, ce qui attire tous les regards le temps d'un instant.

- Je m'en contrefiche. On était censé être allié; Louise. Je sais que je n'ai très peu, voire aucune, chance de gagner. Mais on vient du même district, et tu me laisses tomber comme une vielle chaussette !

- On n'a jamais parlé d'une quelconque alliance je te rappelle !

Là s'en est trop. Je me suis fait avoir du début à la fin. On m'a prit pour un idiot.

- Tu n'as en tout cas pas dit non quand Woof nous l'a proposé.

Elle me dévisage lentement, et prend la parole une dernière fois avant de se lever de table.

- Je te croyais au dessus de tout ça. Que tu comprendrais.

Je me retrouve seul, de nouveau. Jude me lance un regard compatissant, que je rejette catégoriquement. J'ai horreur de l'empathie. 

Les 51èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant