Chapitre 8

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La panique s'empare de moi. Mes mains tremblent soudainement. Je récupère le papier, le froisse et le mets dans ma combinaison. J'ai failli me faire avoir. Mon Dieu. Si je n'avais pas fait attention, ils m'auraient tué sur le champs. Les carrières se rapprochent de moi. J'essaie de me calmer. J'enfonce mes mains dans le sable pour dissimuler les tremblements. Une fois arrivés à mon niveau, je remets mon masque, et redevient Gabe.

- T'aurais dû venir, elle était super bonne, s'exclame Prior.

- Tant pis pour lui, reprend Aria.

Ils se rhabillent. J'affiche mon plus beau sourire, tentant de paraître naturel. Je ne peux pas rester ici, avec eux. Tôt ou tard, ils découvriront la vérité. Et à partir de ce moment là, je pourrai commencer à creuser ma tombe. 

Le soleil commence à se coucher. Je vais passer une nouvelle nuit dans l'arène, ne sachant pas ce qui m'attend demain. Aria et Prior se partagent le cadeau qu'ils ont reçu. Quant à moi, je me contente de lamelles de viandes séchées accompagnées de pain. Ils allument un feu, plus pour une question d'éclairage qu'autre chose. Heureusement que l'arène est dans un milieu chaud, car mes compétences en démarrage de feu sont très réduites, voire inexistantes. 

Après un repas copieux, l'hymne du Capitole retentit dans l'arène. Les visages des deux victimes de ce matin s'affichent. Ils viennent tous les deux du district Douze. Je revois encore leurs visages apeurés en voyant les carrières débarquer. J'ai bien faillit me retrouver dans la retransmission de ce soir, si je n'avais pas eu la présence de mentir.

Mes "alliés" s'endorment rapidement. Moi je n'y arrive. Ou peut-être je ne veux tout simplement pas. Je n'ai pas assez confiance pour me permettre de dormir sur mes deux oreilles. D'ailleurs, personne n'a suggéré un tour de garde. Ils partent du principe que personne de viendra nous trancher la gorge pendant notre sommeil. Alors je m'assois contre un palmier, et j'observe le reflet de la lune sur l'étendue d'eau. Je pourrais presque oublier que je suis dans une arène. Mais je ne peux pas. A cause de cette peur continue qui me presse la cage thoracique. Cette angoisse qui m'empêche de dormir. A cause de mon cerveau qui ne cesse de réfléchir à telle ou telle possibilité, à un plan. Donc non, je ne peux pas oublier. Ils pourront mettre tous les artifices en oeuvre pour nous faire oublier l'atrocité de cet endroit, on ne pourra pas oublier le sang versé sur ces terres d'ocre.

Soudain, de l'autre côté du plan d'eau, j'aperçois du mouvement. Un animal sort de la jungle. A pas de loup, comme pour ne pas se faire remarquer, il s'approche de l'eau. Pourquoi un animal venu tout droit des laboratoires du Capitole aurait peur de nous ? Puis je le vois sortir un objet en métal. Une gourde. Après mûre réflexion, je me rends compte que ce n'est pas un animal, mais un tribut. Je ne peux le voir que grâce au reflet de la lune, ce qui m'empêche d'identifier la personne. Cette dernière lève la tête, et croise mon regard. Je vois la panique s'emparer d'elle. Pourtant, je ne fais pas un geste. Le tribut regagne la jungle rapidement, par peur d'être prit en chasse. Comme l'a dit Woof, ils sont malins. 

- Tu devrais dormir.

Aria vient s'asseoir à côté de moi. Avec son sabre, elle dessine une étoile dans le sable.

- Je n'y arrive pas.

Un lourd silence s'installe entre nous. Je décide de briser la glace.

- Pourquoi as-tu voulu participer aux Jeux ?

Elle me regarde avec un regard perçant.

- On m'a promit gloire et richesse. Mais pour l'instant j'ai surtout le droit à chaleur et ennui. Accompagné d'une bande de crétin, dit-elle en pointant les autres de son sabre.

Pour les gens des districts Un et Deux, voire Quatre, participer aux Hunger Games est une opportunité en or. Dans les autres districts, cela revient plutôt à une condamnation à mort.

Les 51èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant