Chapitre 11

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Mes yeux sont lourds, je peine à ouvrir mes paupières. Je suis tout courbaturé. J'entends des voix. Serais-je mort ? Si c'est le cas, la mort n'est pas très douloureuse. Je tente d'écouter la conversation, mais je ne parviens à obtenir que quelques bribes de phrases. Mon esprit est embué, je n'arrive pas à réfléchir. C'est une sensation désagréable.

- On a peut-être trop mit de tranquillisant ? Suggère l'une des voix.

Du tranquillisant ? Je ne suis peut-être pas mort après tout. J'essaie de me relever, mais quelque chose m'en empêche.

- Il ne nous servira à rien, on aurait dû le tuer, continue la même voix avec une pointe d'agacement.

J'arrive enfin à ouvrir les yeux. Deux personnes sont assises devant moi, elles me font dos. Je regarde autour de moi. Je suis ligoté à un arbre. On m'a destitué de mes affaires, elles sont posées contre un rocher un peu plus loin. Je jette un coup d'œil à ma blessure, elle a été bandée, avec du vrai matériel. Peut-être que mes ravisseurs ne me veulent pas de mal. J'ai beau essayé de bouger, la corde ne se desserre pas.

L'un des deux se retourne, c'est une fille. Elle m'a l'air familier. Elle a les cheveux châtains, coiffés dans un chignon. Elle doit avoir mon âge.

- Notre invité est réveillé, dit la fille.

Sa voix me percute. Je la reconnais. C'est la fille qui chantait l'autre jour. Celle qui nous a piégé. Une crainte immense s'empare de moi. J'ai envie de partir en courant, de prendre mes jambes à mon cou. Mais je suis bloqué à cet arbre.

- Je t'avais dit qu'il se réveillerait, reprend la fille.

Le garçon se retourne, blond et bouclé, un peu plus jeune que moi.

- On ne te veut aucun mal, pour le moment, continue la fille. On a juste besoin de toi.

Aucun son ne sort de ma bouche. Je suis pétrifié.

- Ne fais pas ton timide, dit le garçon qui paraît bien trop mature pour son âge. On t'a même changé ton bandage.

Je parviens finalement à dire quelque chose.

- Depuis combien de temps je suis ici ? Dis-je d'une voix chevrotante.

- Environ une journée, dit la fille.

- Et...

- Non, personne n'est mort, dit le garçon.

Un blanc s'installe. Je passe mon regard du garçon à la fille, de la fille au garçon.

- Je m'appelle Linus, dit le garçon. Je viens du Trois. Et elle c'est Celestia, du Cinq.

Voyant que les présentations sont terminées, je m'y mets également.

- Moi, c'est Archibald, du Neuf.

J'ai parlé plus froidement que je le voulais. Que faire à présent ? Il faut qu'ils me libèrent, et après je partirai. Ils n'ont pas l'air armés. Il y a mon arc, certes, mais je doute qu'ils sachent mieux s'en servir que moi.

- Donc tu fais parti des carrières, reprend Celestia.

- C'est un peu plus compliqué que ça..

Je repense au piège qu'elle nous avait tendu. J'étais si en colère de m'être fait avoir si facilement. Je l'analyse. Elle a un regard froid et calculateur. Si je suis encore en vie, c'est qu'il doit y avoir une raison. Elle a un plan.

Le garçon a l'air intelligent lui aussi, mais il est plus enfantin. Il joue sans arrêt avec ses bouclettes. Il ne m'avait pas marqué lors des entraînements, étonnant qu'il soit encore dans la compétition. 

Les 51èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant