Chapitre 5

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Je suis assis sur la terrasse, ma couverture autour de mes épaules. Je n'ai que très peu dormi, tourmenté par des cauchemars horribles mêlant mort et chaos. Probablement ce qui m'attend. Les rues du Capitole sont vides. Ces paresseux sont sûrement entrain de dormir pendant que les pauvres gens des districts sont déjà au travail, attendant le début des Jeux. Je m'étais convaincu que je ne ressentirai rien en entrant dans l'arène, mais pourtant je suis au bord du gouffre. Je ne peux m'empêcher de penser aux mille et une manières dont je peux mourir dans cette arène. 

- Salut. 

Louise vient s'installer à côté de moi. Je ne lui jette pas un regard. Avec le recul, je lui en veux toujours bien sûr, mais je comprends quand même son choix. Survivre à tout prix.

- Je voulais juste te dire que, une fois dans l'arène si tu as besoin de moi, je serai là pour toi. Je récupérerai le nécessaire pour deux personnes à la Corne d'Abondance. Je veux qu'on se sépare en bons termes tous les deux, tu comprends ?

Je me tourne vers elle. Elle n'a pas dû beaucoup dormir non plus, et elle a sûrement pleuré.

- Merci, dis-je dans un soupire. Je ne pourrai pas beaucoup t'apporter par contre.

- Ce n'est pas grave, me dit-elle en souriant. 

On se regarde un long moment, sans rien dire, la fraîche bise nous caresse le visage. Cependant, le bruit de l'hovercraft qui se pose sur le toit nous indique qu'il est l'heure de partir. Je photographie mentalement une dernière fois l'appartement, puis en sors. Arrivé sur le toit, deux hovercrafts nous attendent. Je suis séparé de Louise. La prochaine que je la verrai ce sera dans l'arène, ou affichée dans le ciel. L'engin décolle, sans aucune secousse. Une sorte de médecin m'injecte mon traceur, ce qui permettra aux Juges de suivre mes moindres faits et gestes une fois dans l'arène. La tension est grandement présente. On pourrait entendre les mouches voler. Felix est en face de moi, et me sourit. Je me rappelle de notre plan: déguerpir le plus vite possible de la Corne d'Abondance. 

Au bout d'un certain, après avoir cru que la fille du district Deux allait me sauter dessus, les vitres de l'hovercraft se floutent. Nous arrivons à l'arène. Mon cœur se serre. L'engin atterrit. Personne n'ose sortir, puis garçon du district Trois prend l'initiative. On m'emmène dans la chambre de lancement, communément appelé l'abattoir dans les districts. En entrant, je découvre Jameson qui m'attend.

- Bonjour, dis-je timidement. 

- Entre. Ta tenue est juste là.

Je me dirige vers cette dernière. Je l'enfile, elle me va comme un gant. On dirait presque qu'elle a été faite sur mesure. Ce qui est sûrement le cas d'ailleurs. Elle est très simple, c'est une combinaison dans manche et jambières, noire avec des traits jaunes. En plus de ça, on me donne une veste couleur ocre. Les deux sont frappés du numéro neuf au niveau de la poitrine. J'ai également des bottes. 

- A mon avis il va faire chaud. Très. La combinaison est fine et ne garde pas la chaleur corporelle. 

Mon Dieu. J'ai horreur de la chaleur. 

- La tenue d'hier était incroyable.

- Ce n'est que mon travail. 

On se contemple pendant un long moment. Soudain, une voix annonce que je dois monter dans l'ascenseur. Je regarde Jameson, effrayé. Je n'arrive plus à bouger, je tremble de partout. Je pensais être indifférent à mon sort. Mais qui peut être indifférent à ce genre de chose. Personne n'est moralement capable d'accepter ça. 

- On se revoit bientôt, me dit Jameson pour la dernière fois. 

Je crois peu en mes chances de survie, il faut être réaliste. Mais il faut essayer. J'avance dans le tube, d'un pas mal assuré. Le sasse se referme sur moi. Je jette un dernier regard en direction de Jameson, qui me sourit, puis il disparaît. Après quelques secondes de montée, un air chaud, même brûlant s'engouffre dans le tube. 

Les 51èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant