Chapitre 19

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Je cours. J'esquive les lianes qui pendent des arbres, les racines qui sortent du sol. Je l'entends hurler mon prénom, et plus je m'approche d'elle, plus ce bruit s'intensifie. Je m'attends à entendre le coup de canon, mais il ne vient pas. Je ne sais pas qui est le tribut qui s'en prend à elle, mais il prend son temps.

J'arrive dans une sorte de petite clairière. Aucun combat devant mes yeux, juste Celestia. Elle s'enfonce dans le sol. Tout ce qui est en dessous de sa poitrine est englouti.

- Archibald !

Je la regarde, pétrifié. Je ne sais pas quoi faire. Si je m'approche trop je risque d'y passer moi aussi. Je vois dans son regard qu'elle ne veut pas mourir de cette façon. Suffoquer dans un sable mouvant, quelle mort affreuse.

Son corps s'enfonce de plus en plus, et je ne lui donne que quelques minutes avant de disparaître complètement. Je regarde autour de moi. Je cherche ce qui pourrait la sauver. Je repense aux lianes que j'ai esquivé. Je quitte la clairière. J'entends Celestia me hurler de revenir. Je sors mon couteau de ma ceinture, je prends la première liane qui me vient et je la coupe. Je retourne aussi tôt sur mes pas. 

En revenant, je vois que le sable lui arrive au menton. Je m'empresse de lui lancer la liane. Elle l'attrape et je tire de toutes mes forces pour la sortir de là, ses épaules se dégagent. Mes muscles sont tendus au maximum. Soudain je me retrouve par terre. Toute la tension de mon corps lâche. Je réalise que la liane s'est cassée, et Celestia se retrouve à présent quasiment immergée dans le sable mouvant. Seul son bras en sort.

Deuxième tentative. Il faut que je fasse vite, ce n'est qu'une question de seconde avant qu'elle n'ait plus d'air. Elle tâtonne le sable, à l'aveugle, à la recherche de la liane. Elle met de moins en moins de vigueur dans ses tentatives, ses forces la quittent. Elle finit par l'atteindre. Je tire de toute mes forces. Je vois ses cheveux sortir, sa tête. Elle prend une grande inspiration. Je continue à reculer. Elle émerge de plus en plus jusqu'à en être sorti complètement. Je bascule en arrière quand elle se met à ramper pour quitter la sable mouvant.

Elle s'écroule par terre, couverte de sable. Je suis à bout de souffle. Je transpire à grosses goûtes. Je tourne la tête vers mon alliée, qui est en larmes. Je ne l'ai jamais vu comme ça, même après la mort de Linus. Elle s'empêche de les essuyer une fois qu'elle a vu que j'avais remarqué ses pleurs.  Elle s'assoit.

- Merci, me dit-elle. Je croyais que t'allais m'abandonner.

- Tu es mon alliée, j'ai besoin de toi, je réponds.

Elle me sourit.

- On s'en va ? Je propose.

Elle me répond avec un acquiescement. C'est étrange de la voir aussi faible. Aussi vulnérable. Elle fait toujours en sorte de garder la face, je ne sais pas pour qui mais c'est comme si elle en avait besoin. Elle veut prouver aux sponsors qu'elle peut faire face à ce genre de choses. Mais qui le peut ? Cette fois était la fois de trop. Il fallait que ça sorte. 

Nous sortons de la jungle, en restant sur nos gardes. Avec le bruit que la fille du Cinq a fait, tout le monde doit savoir où l'on est. Je garde l'arc tendu. Il ne me reste que six flèches, il ne faut pas les gaspiller. Elles peuvent encore m'être utiles. Qui sait comment je vais devoir tuer Piror.

Nous nous sommes mis d'accord pour retourner à la Corne d'Abondance, enfin de la source d'eau que c'est devenu. Le canyon renferme trop de cachettes, et est un peu trop loin pour le peu d'énergie qu'il nous reste. Quand au reste, il y a le terrain des geysers qui n'est pas recommandable. Il y a le champs de cactus à la rigueur, mais comme j'y suis arrivé par chance la première fois, je ne saurai pas comment m'y rendre cette fois.

Les 51èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant