Chapitre 16

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- Archibald, me chuchote Linus, c'est l'heure.

Je me réveille, son regard ambre m'apporte de la chaleur. Ce garçon ne mérite vraiment pas d'être ici. Il pourrait être entrain de gambader dans un pré, au lieu de ça, il affronte vingt-trois tueurs qui veulent tous sortir d'ici.

Je sens une pointe de tension chez mes alliés. Ce que l'on va faire n'est pas rien: nous allons mettre fin à la meute des carrières. Enfin, nous allons essayé.

Nous remballons nos quelques affaires, et nous dirigeons tranquillement vers le cirque. Linus me prend la main. Je pense qu'il en a autant besoin que moi. Celestia nous répète étape par étape le plan. Encore une fois je dois distraire les carrières, pour les empêcher d'aller dans les grottes pendant que Celestia et Linus creusent au niveau du point de pression pour libérer l'eau. Je n'aurai plus qu'à remonter en espérant être plus rapide que l'eau, et que les carrières se noient. Quelque chose de très simple finalement, qui repose sur beaucoup de facteurs variables.

Au bout d'une demi-heure, nous arrivons au bord du cirque. On s'accroupit pour prendre connaissance du terrain et de la situation. 

- Personne, annonce Celestia.

- Qu'est-ce qu'on fait ? Demande le tribut du Trois.

- On attend, répond elle. 

De longues minutes passent, en attendant une possible arrivée des deux tributs. Cela rajoute de la tension, que je peux sentir à l'importance de mon rythme cardiaque.

- On devrait peut-être repartir, je propose quand le soleil commence clairement à se lever.

Il doit être midi à présent. On tourne en rond depuis bientôt deux heures. Mais on sont ces fichus carrières. Ils ne se sont quand même pas mis à chasser.

- Ils sont là ! s'exclame Linus.

En effet, deux silhouettes sortent des galeries. Je reconnais la carrure de Prior, et les cheveux blonds de Cynthia. Arrivés à la conque de la Corne d'Abondance, ils se jettent à l'intérieur, sûrement pour se protéger de la chaleur. Les pauvres, ils n'ont pas l'habitude.

- On y va, dit Celestia. 

- Bonne chance, je réponds.

- Bonne chance, répètent ils  à l'unisson.

- On se retrouve tout à l'heure, affirme Linus.

Même s'il essaie de paraître rassuré, je vois bien qu'il n'a plus envie que moi d'y aller. Ils se lèvent et glissent dans l'une des fentes qui mène aux galeries. A présent je suis de nouveau seul. Je me lève à mon tour, arc à la main. J'entreprends la descente. Je me remémore le début des Jeux, où les vingt-quatre tributs étaient encore en vie. A présent, nous ne sommes plus que dix. Je me revois sauter au gong, la mort de Jude et Felix. Même si les corps ne sont plus là, je peux très bien sentir l'odeur du sang qui règne dans le cirque. A présent elle est ancrée dans le sol.

J'arrive au niveau de la grotte où je m'étais échappé lors du bain de sang. J'aimerai faire demi-tour, partir en courant. Mais je ne peux pas fuir éternellement. Des gens comptent sur moi, je ne peux pas me permettre d'être un lâche, plus depuis la mort de Louise. Panem entier est derrière moi, a scruter le moindre de mes faits et gestes, a juger mon comportement, mon allure. Je ne veux pas mourir comme un lâche.

J'arrive en bas du chemin. Le premier piédestal est deux mètres devant moi. Tous les souvenirs du premier jour remontent, me donnant la chair de poule. C'était la dernière fois où j'ai vu Louise. C'est un endroit angoissant, quand on y songe. Je dirai même plus, oppressant. Entouré de toute ces parois, on se sent prisonnier. 

Les 51èmes Hunger GamesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant