Nos Étoiles Mystères

41.

 Horty Underscore sentait que quelque chose n'allait pas. Elle n'aurait pas pu mettre le doigt dessus, mais elle pouvait y mettre le nez. Elle avait décidé de faire une sieste pour se remettre des émotions de la veille en espérant que son corps reprendrait un peu du poil de la bête, jeu de mot qu'elle n'avait pas osé prononcer à voix haute, mais qu'elle trouvait nonobstant très marrant.

Elle avait été réveillée par une odeur étrange, et en même temps, comme dirait l'autre, elle n'était pas certaine de s'être réveillée. C'était comme si une partie de son cerveau dormait encore et que son corps fonctionnait instinctivement.

Elle avait vaguement entendu Baghera lui demander si elle allait bien. Elle avait voulu lui répondre, mais son corps s'était dirigé vers la porte sans lui en laisser le temps. Sans savoir pourquoi, elle avait pris la direction du quartier des anciens élèves. Elle décida que monter les escaliers à quatre pattes était bien plus simple sans se soucier d'être vue.

Arrivée en haut des marches, elle commença à sentir plus franchement ce qui l'avait appelée ici. L'odeur du sang frais. Une proie facile et blessée. Plusieurs... dont un prédateur : ZeratoR... Elle sourit et se rendit compte que sa bouche était une gueule. Elle regarda un instant ses bras en se disant qu'elle était quand même particulièrement poilue aujourd'hui.

Devant elle se trouvait un groupe d'élèves. Ils lui tournaient tous le dos. S'emparer de l'un d'entre eux aurait été d'une facilité déconcertante. Mais elle n'était pas là pour ça. Elle était là pour mettre fin à la menace qui planait sur elle. Elle se fraya un chemin à travers la petite foule à coup de museau et grognement. Un cri retentit et elle se sentit tel Moïse lorsque la marée d'étudiants s'ouvrit devant elle. Elle avait l'habitude d'être petite, mais elle se fit la réflexion que les gens étaient quand même vachement grands vu qu'elle leur arrivait tous à la taille. Elle se rendit compte qu'elle ne s'était pas relevée après sa montée des escaliers. C'était quand même bien plus efficace de se déplacer à quatre pattes.

Elle pouvait enfin le voir. ZeratoR, à genoux à côté d'Étoiles. Il avait une main sur son torse, des côtes cassées ? L'autre était posée sur le cou du première année. Il cherchait son pouls ? Ou alors une veine à mordre pour se remettre en état ? Ça n'aurait pas été le premier choix d'Horty. Mais elle n'était pas là pour juger le comportement toxique de ZeratoR. Elle était là pour y mettre fin. Il ne pouvait y avoir qu'une personne toxique dans cette université, et ça serait elle.

ZeratoR s'était retourné vers elle. Il devait vraiment être dans un sale état pour ne pas l'avoir senti arriver à des kilomètres. C'était parfait. Maintenant, il fallait qu'elle vise la gorge avant qu'il ait le temps de se reprendre. Elle prit appui sur ses pattes arrière et bondit, la gueule grande ouverte, visant la jugulaire.

Ses dents se refermèrent effectivement sur de la chair, mais de la chair bien emballée dans du cuir. Le goût du sang sur sa langue eut l'effet d'une décharge électrique. Elle se réveilla réellement et son cerveau s'empressa de mettre en place toutes les pièces du puzzle. Ce n'était pas elle qui avait le contrôle, c'était ce putain de loup qui était censé être un prolongement d'elle-même et qui n'en faisait qu'à sa tête.

Un objet dur vint s'écraser sur son crâne, la faisant lâcher sa cible et reculer un peu. C'était JDG qui s'était interposé, avec son armure de paladin. Ce qui expliquait le cuir. Le coup de bouclier n'avait pas plu à Garou (nom affectif qu'elle avait donné au connard de loup qui adorait hurler, comme son homologue canadien) et, malgré ses efforts, elle se jeta sur le paladin qui amortit le choc avec son bouclier.

« Putain de vampires et de loups-garous, grogna JDG. Vous faites chier.

— JDay, bouge-les !

— Comment tu veux que je fasse ça ?