Nos Étoiles Mystères

44.

 Nicotine sentit la présence de ZeratoR avant de le voir. Les vampires appartenaient après tout au monde des morts, qui lui était particulièrement familier. Sa présence dans la salle de musique n'était pas exactement surprenante. Après tout, il aimait chanter et il lui arrivait de venir répéter tranquillement. Mais depuis la rentrée, il n'y avait pas remis les pieds.

Mezzanine l'accueillit donc avec un haussement de sourcil curieux.

« Je te dérange ? demanda le chef de faction avec un petit rire.

— Non, non. J'ai rien dit.

— Ta gueule en dit beaucoup.

— Mais non, je suis juste surpris de te voir, c'est tout. Ça fait un moment que t'es pas venu.

— Ouais... disons que j'ai été un peu occupé.

— Ah... j'ai entendu des échos. Et du coup tu reviens te mettre au chant ? »

Nicotine était bien assez malin pour se douter que la visite du leader n'était pas un hasard. Il tentait de gagner du temps pour se préparer à la discussion. ZeratoR lui sourit de ce sourire qu'on pouvait penser innocent.

« Pas exactement, non. Peut-être plus tard, cela dit. C'est toi que je cherchais en fait.

— Ah ?

— Comment ça va ?

— Hein ? »

Nicotine s'attendait à tout sauf à cette question. Il avait senti ZeratoR lorsqu'il était rentré de sa sortie musée avec Étoiles et s'était dit que cette visite avait plutôt pour thème le première année. Le leader eut un sourire un peu coupable. Il se laissa tomber dans le fauteuil normalement occupé par Ponce. Le botaniste l'avait abandonné pour enfin s'occuper de quelque chose de plus important.

« Ah ouais, c'est aussi surprenant que ça ? Eh bah, je sais que j'ai pas été toujours ton meilleur pote, mais à ce point-là...

— Non, c'est pas ça. C'est juste que je pensais que tu venais pour autre chose. Je vais pas te mentir.

— C'est possible. Mais avant je dois m'excuser. Et aussi te dire merci. Parce que tu m'as sauvé quand même.

— Et que t'es même pas venu me rendre visite à l'infirmerie.

— Ouais... c'était pas trop toi le problème à l'infirmerie, si tu vois ce que je veux dire.

— Eh bah tu sais quoi ? Figure-toi que je m'en doutais. Dans tous les cas, de rien pour le sauvetage. Et t'excuser de quoi exactement ?

— T'as tant de choses à me reprocher ?

— J'ai une liste. »

ZeratoR partit d'un petit rire. Cela détendit instinctivement Mezzanine. Il se souvenait d'une période où ils s'entendaient bien mieux qu'aujourd'hui. ZeratoR lui avait notamment été très utile pour découvrir le monde des morts.

« J'espère qu'elle est pas trop longue, reprit ZeratoR. Bon, ben pour commencer, pour ce qu'y s'est passé avec Ponce.

— C'est plutôt à lui que tu devrais présenter tes excuses, non ?

— C'est prévu. Tu sais, moi aussi j'ai une liste.

— J'imagine même pas sa longueur.

— Ouais, évite. Enfin bref. Je savais bien qu'il y avait un truc entre vous deux. Je savais bien qu'il te plaisait et j'ai fait comme si je savais pas parce que ça m'arrangeait bien. C'était un comportement de connard. Désolé. »

Mezzanine hésita un moment sur la conduite à suivre. S'il s'était éloigné du vampire, c'était notamment à cause de ce comportement égoïste. Il avait trouvé ça un peu dommage, mais il y avait assez de toxicité dans sa vie avec Ponce à l'époque.