𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟖

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˚⊱ Quand on aspire à une grande estime des autres on prend le risque de se perdre⊰˚



IFE

Les élèves affluent hors de l'établissement, laissant des traces dans la neige fraîchement tombée qui recouvre partiellement leurs uniformes.

Alors que dans ce froid mordant tout le monde se dirige vers les taxis pour rentrer chez eux, la bande de sa majesté, j'ai nommé Edward Berkeley, se trouve sous le préau en train de pratiquer leur activité favorite : humilier les personnes qu'ils estiment inférieures. Aujourd'hui ils ont jeté leur dévolu sur Owen, un garçon de première année qui a commis l'erreur de s'asseoir à leur table pendant la pause déjeuner.

Un surveillant passe à proximité, il jette un bref coup d'œil vers eux, mais décide d'ignorer ce qui se passe en continuant sa marche jusqu'au grillage qui délimite la cour.

En définitive, la justice demeure une illusion, notre monde se résume à une lutte entre les plus forts et les plus faibles, où seuls les plus aptes triomphent et les autres s'efforcent de survivre.

Mhouais

— Mademoiselle Hemming !

Je lâche un petit gémissement en guise de réponse tout en détournant mon regarde de la scène qui se dérouler sous mes yeux pour le poser sur mon professeur de Math qui se trouve en face de moi des feuilles à la main.

Il m'a demandé de rester après la classe sans me dire pourquoi, mais je sais que c'est pour ma moyenne. Elle est tellement catastrophique, je me plante dans chaque matière.

— Avez-vous une idée de pourquoi je voulais vous voir ? débute-t-il.

— Ma moyenne, supposé-je logiquement

— Exactement ! Vous avez la pire de la classe... non, de toute la terminale ! Je ne pense pas que vous le faites exprès, mais d'un côté, vu la façon dont vous calculez les exercices, je sais que vous n'avez pas de grandes lacunes. Alors expliquez-moi... Parce que même en essayant de réfléchir, je ne saisis pas.

Il n'y a rien à comprendre pourtant.

Je pourrais prétendre que je fais de mon mieux pour m'accrocher au système scolaire, ou bien affirmer que je ne comprends rien, que tout ça est trop difficile pour moi. Mais ce n'est pas le cas, je n'ai tout simplement pas la motivation, ce n'est pas fait pour moi et de toute façon, j'ai perdu tout intérêt depuis longtemps...

— Vous avez conscience qu'avec un tel bulletin, aucune fac ne vous acceptera.

— Je n'ai pas prévue d'aller à la fac de tout façons

— Du coup vous avez prévue quoi ? Vivre au crochet de votre père pendant tout votre vie

Je hausse les épaules sans grand intérêt, plus occupée à fixer mes ongles de mains pour éviter de faire face au regard qu'il me lance.

— Ife ! M'appelle t'il. Je me permets de te tutoyer car je vais te dire ce que j'ai dit aux élèves de mon ancienne école avant d'être transféré ici. Nous vivons dans une société où une femme qui fait exactement le même travail qu'un homme sera payée moins ! Où racisé devra toujours en faire plus qu'un caucasien pour obtenir ce qu'il veut ! Ce monde n'est pas juste, il te fera croire que tout le monde part sur le même pied d'égalité, alors que certains doivent parcourir des chemins semé d'embûches pour atteindre leur but, tandis que d'autres y accèdent sans encombre en empruntant un ascenseur dissimulé dans l'ombre.

— Je le sais ça

— Alors pourquoi tu t'obstines à te saboter ?

Mes mains se plongent dans le tissu de ma jupe que je trifouille.

CARELESSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant