XI

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- Voilà, c'est comme ça que je vais trouver le meurtrier. Ça va être long, mais ça va porter ses fruits j'en suis sûr.

- Tu l'as montré à Allie ? demandais-je en montrant la douille de balle que Gordie m'a tendu

- Me montrer quoi ?

En entendant la voix de la fille dans mon dos, j'échange un regard surprit avec Gordie avant que la blonde ne se rapproche pour venir s'assoir à côté de moi. Ça fait déjà plusieurs jours qu'elle ne quittait plus sa chambre quand il y avait du monde en bas. C'est étrange de la voir là maintenant, étant donné qu'elle ne veut même plus que je dorme avec elle.
Elle disait que je la « maternais » trop. Mais que faire d'autre avec une personne qui a vécu une aussi grosse perte que la sienne ?

- Je suis pas un bébé, vous êtes pas obligés d'arrêter de respirer à chaque fois que je débarque dans la pièce. souffle t-elle. C'est quoi ça ?

Sans même attendre ma réponse, elle se saisit de la douille que j'ai dans les mains pour l'examiner.

- Alors c'est ça. continue t-elle en observant l'objet. Une si petite chose qui a presque complément tout détruit...

- Je vais trouver qui a fait ça. murmure Gordie. Quelqu'un a une arme qui correspond exactement à cette marque de culot.

- On va trouver, ensemble. ajoutais-je

C'est bizarre de me dire que durant toute ma scolarité j'ai essayé d'éviter Gordie, alors que maintenant je suis prête à faire équipe avec lui. Et quand on y pense, tout comme Allie il n'est pas si horrible que ça.

- Vous savez, j'ai beaucoup imaginé sa mort. reprend Allie comme hypnotisée par la douille. Je me la suis imaginée plein de fois en fait. Son cœur lâcherait...un jour. N'importe quel jour. Y'aurait un appel. Je serais en cours, on me le dirait dans le couloir.

- Tu te fais du mal là. soupirais-je

- Je me suis passée ce scénario plein de fois dans ma tête, reprend pourtant Allie, pour me préparer au jour où ça arriverait. Je savais exactement quoi dire à mes parents, pour les rassurer, pour...pour qu'ils ne se fassent pas de soucis à mon sujet. Que je m'étais fait une raison. Je savais que moi seule je n'arriverais pas à faire leur bonheur.

- Tu passes ton temps à te rabaisser face à ta soeur, commençais-je, et c'est sûr que si tu continuais dans cette optique tu ne ferais pas leur bonheur. Si tu voulais vraiment les rendre heureux, tu t'en donnerais les moyens. Tu n'as pas besoin d'être la copie conforme de Cassandra pour plaire. Allie merde, tu es une personne à part entière !

Cette dernière reste un instant silencieuse, avant de laisser échapper un petit rire, sûrement nerveux.
Je sais qu'elle souffre et tout ce qui va avec, mais j'ai horreur de la voir se rabaisser pour absolument rien ! Surtout que maintenant elle pourrait prouver que sa soeur n'est pas morte en vain, elle pourrait enfin montrer ce qu'elle vaut !

Alors que j'essaye de contenir mon agacement, la blonde sort un petit bout de papier de l'une de ses poches arrières avant de le tendre à Gordie. Ce dernier tel un chien apeuré, me lance un regard hésitant avant de saisir le papier.

- C'est quoi ? demande le garçon

- C'est Grizz qui me l'a passé. répond la blonde en me souriant

- Même dans notre sommeil la douleur ne peut s'évanouir, elle finit par tomber goutte à goutte sur nos cœurs, jusqu'au moment où à notre grand désespoir et contre notre volonté, la sagesse vient s'abattre sur nous grâce à Dieu. lit Gordie. Wow, je savais pas que Grizz écrivait aussi bien.

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