Chapitre 6 : Mourir

614 30 4
                                    

J'avais froid. Vraiment très froid. Quelque chose n'allait pas, il fallait à tout prix que je me réchauffe. Mais mon corps ne me répondait pas, j'avais beau sentir que j'allais mourir si je ne faisais rien, je ne parvenais pas à reprendre conscience. J'étais dans un état d'entre-deux, mentalement consciente mais physiquement inconsciente. Je devais trouver un moyen de me réveiller, de sortir de cette condition. Me concentrant un maximum je parvins à entendre quelque chose. Des bruits lointains, qui devinrent des murmures rapprochés. Qui me parlait ? Qu'est ce qu'on me disait ?

- Lux.... s'il... reviens...

Cette voix. Mais à qui appartenait-elle ? Qui pouvait bien me demander de revenir ? Je n'avais personne au monde, je n'avais jamais eu qui que ce soit... Alors qui pouvait bien me chuchoter ces mots ? Bien que j'ignore qui me parlait, j'étais étrangement attirée par le timbre suave et chaud de celui qui murmurait mon nom. Un homme. Il s'agissait d'un homme. J'avais envie qu'il me parle davantage, je voulais qu'il ne s'arrête jamais de prononcer mon prénom. Se.... J'avais le nom sur le bout de la langue. Des sentiments opposés me parcoururent, de la joie et de la tristesse, du bonheur mais du désespoir également et une peine infinie, tellement grande que c'était comme si elle allait m'engloutir entièrement. Qui était-il pour déclencher tous ces sentiments en moi rien qu'en m'appelant ? Se... Impossible. Je n'y arrivais pas.

Je retombais dans l'inconscient, le froid s'intensifiait et la voix s'éloignait. Non. Non. NON ! Je ne voulais pas, il ne fallait pas. Ramenant à moi toute la force qu'il me restait je fixais mon esprit sur le son de sa voix. M'évertuant à m'accrocher à ce son si doux à mes oreilles j'ouvris les yeux et je le vis. Son visage était penché au dessus du main, illuminé par la lumière blafarde de la lune. Les joues humides, les yeux emplis d'une angoisse terrifiante, il murmurait mon nom. Sebastian. Tout me revint d'un coup. Le combat, les blessures, et surtout, la douleur. Elle irradiait dans tout mon corps, rendant ma respiration pénible. Lorsqu'il remarqua que j'étais consciente, il me serra un peu plus fort dans ses bras :

- Reste avec moi Lux. Ça va aller, il faut juste que tu t'accroches.

Il était optimiste, moi en revanche, je ne l'étais pas. Je pouvais sentir que ça n'irait pas mieux, que je ne passerais pas la nuit. Essayant de lui sourire, je réprimais l'angoisse qui commençait à se créer un chemin en moi. Sa présence avait quelque chose de surréaliste. Il avait été absent pendant tellement de temps, je m'étais tellement sentie abandonnée, que je n'arrivais pas à croire qu'il était là tout près de moi. Je ne parvenais pas à bouger, mes muscles étaient engourdis par le froid mais j'avais mal. La seule chose me maintenant dans un état conscient était sa présence.

- Je... Je peux mourir... dans tes bras... Parvins-je à articuler avec difficulté.

- Arrête tes conneries, t'as pas intérêt à mourir. Il faut qu'on retourne au village et là-bas on pourra s'occuper de toi. Je n'ose pas transplaner, pas dans ton état, ce serait trop dangereux... Je... Je ne sais pas quoi faire. Oh Lux, je suis tellement désolé... Tout ça c'est de ma faute... Si seulement je n'avais pas... Je ne t'abandonnerai pas, plus jamais.

Sur ces mots, je l'entendis lancer un sortilège qui créa des boules de feu et nous entoura. Je sentis une légère chaleur mais ce ne serait pas suffisant. J'étais gelée, froide comme la mort... Luttant de plus en plus contre l'envie de fermer les yeux et de ne plus souffrir, je ne compris pas immédiatement ce qu'il était en train de se produire. Un bruit proche avait attiré mon attention mais j'étais dans l'incapacité totale de bouger pour regarder ce que ça pouvait être. Un autre ennemi peut-être ? La seule chose que je pouvais voir était le visage de Sebastian. Il parut surpris puis baissa la tête vers moi. J'entendis alors un claquement de bec près de mon oreille. Aile-Céleste ! Sebastian me hissa sur le dos de l'hippogriffe. Sa chaleur me fit un bien fou. Il monta à son tour sur le dos de la monture, derrière moi, et me cala tout contre lui.

Magie AncienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant