Magie Ancienne

Chapitre 7 : Elle

Tout était calme autour de moi. J'oscillais tranquillement dans un monde silencieux, calme, apaisant. Je ne ressentais plus rien. La douleur, les émotions, tout était parti. Je n'avais plus aucun but. J'errais seulement dans un endroit sombre et familier. C'était comme si j'étais chez moi. Comme si je rentrais à la maison après une longue période d'absence. J'étais exactement à l'endroit où j'étais supposée être. Mes pensées s'étaient figées, j'étais en paix. Mais ça n'allait pas durer. Je n'avais pas de consistance à proprement parler mais j'avais comme l'impression d'être étendue au dessus du vide et je fixais un point lumineux très haut au dessus de moi. Violemment, le vide me happa. Je tombais, incapable de ralentir ma chute ou de l'arrêter, je continuais ma chute encore et encore, inlassablement. Je ne parvenais pas à crier, ma voix restait bloquée dans ma gorge. À mesure que je descendais plus profondément dans le vide, des émotions s'insinuèrent en moi. De l'angoisse, de la peur, de l'anxiété, de la terreur... J'ignorais vers quoi je me dirigeais mais l'effroi s'emparait de moi très rapidement. Le point lumineux disparaissait à mesure que je tombais. Je n'avais aucune notion de temps, aucune idée de combien de temps s'était écoulé depuis le début de ma chute mais je sentis mon corps ralentir et je me retrouvais sur un sol dur. Je me relevais péniblement, mon corps me faisait atrocement souffrir. Il n'y avait rien autour de moi. Seulement l'obscurité menaçante déclenchant en moi une détresse. Je n'étais pas seule dans cet endroit. Quelqu'un m'observait mais je ne voyais ni n'entendais personne. Je voulu me mettre à courir mais mes pieds étaient comme collés sur le sol, je ne pouvais faire aucun mouvement. J'étais piégée et celui ou celle qui m'observait se rapprochait. Regardant tout autour de moi, je cherchais par réflexe ma baguette mais je ne l'avais pas. Essayant de me calmer, je voulu faire appel à la magie ancienne. Mais rien. Rien ne se produisit et la présence était désormais toute proche, invisible. Un grondement sourd résonna à ma droite et une douleur lancinante irradia dans ma poitrine. Je tombais à genoux, secouée par le choc. Un autre grondement, cette fois à ma gauche, résonna et ma cuisse me fit atrocement souffrir. Ces blessures, je les avais déjà ressentis...

- Il te les a infligés... Il a voulu te tuer...

Une voix sifflante venait de prononcer ces mots, sûrement la présence invisible.

- Tu n'es rien... Tu n'existes même pas... Alors à quoi bon t'accrocher à la vie ?

Impossible de savoir d'où cette voix provenait ni même s'il s'agissait d'un humain. J'étais toujours à genoux sur le sol, incapable de me relever. La terreur s'était emparé de moi.

- Laisse moi t'emmener où es ta place... Tu n'appartiens plus à ce monde depuis longtemps déjà...

Les révélations d'Isidora me revinrent en mémoire et l'horreur de ce que j'étais me sauta aux yeux. Une morte vivante. J'avais été tué et ramené à la vie par de la magie noire. Cette voix avait raison, je n'appartenais plus au monde des vivants. Ma place n'était plus ici mais dans l'au-delà. Pourtant, une partie de moi n'était pas d'accord. J'avais à peine vécue, je commençais à peine à découvrir ce que pouvait être le bonheur, je ne voulais pas renoncer.

- Non, m'entendis-je chuchoter. NON. On m'a arraché à la vie mais on m'a également donné une seconde chance. Et je compte bien en profiter.

Le grondement se fit plus menaçant et me vrilla les oreilles. Mon corps se recroquevilla sur lui-même à mesure que grandissait le supplice physique en moi. Tous mes nerfs, tous mes muscles étaient en ébullition, j'avais l'impression d'être consumée de l'intérieur. Le grondement se changea en hurlement puis en rugissement et soudain plus rien. Seulement le silence inquiétant et sinistre.

- Ton âme m'appartient, tu ne veux pas revenir vers moi de gré, bien. Mais je t'ai marquée Lux Tenebris. Tu pourras vivre, mais tu connaîtras la souffrance et le malheur jusqu'au jour où tu reviendra vers moi de ton plein gré. Je suis patiente, j'attendrais. Parce que, quoi qu'il arrive, vous venez tous vers moi.