Magie Ancienne

Chapitre 18 : Libérée

Il n'y avait pas énormément d'invités, mais tout le monde semblait passer un bon moment. Je restais à l'affût, mon pressentiment grandissait à mesure que la soirée passait. Je profitais au maximum d'Abby, sachant que je ne la reverrais pas avant un moment. Elle me sourit et j'eus le sentiment qu'elle le savait aussi. Je l'enlaçais une dernière fois et la confiais à Claire pour qu'elle aille la coucher dans la maison. Anne et Ominis dansaient, riant, profitant de leur bonheur. La vue de leur joie me fit frissonner et une douleur sourde monta en moi. Je sentis mes veines se gonfler... J'avais soif de pouvoir. Quelque chose n'allait pas. Respirant profondément, je tentais d'oublier la brûlure devenue habituelle. Je parvins à la faire refluer et je me calmais un peu. Ominis s'approcha alors de moi et me fit danser :

- Arrête de t'inquiéter Lux. Personne ne peut entrer, le professeur Sharp a lui-même dresser les barrières de protection. Il n'y a aucun danger.

Je fis taire l'alarme qui sonnait en moi et tentais de profiter de la soirée.

- Comment tu fais pour danser Omi... Enfin je veux dire...

- Même après toutes ces années tu te sens mal de passer de mon handicap... plaisanta-t-il. Je vis comme ça depuis ma naissance. J'ai appris. Puis, je serai passé pour quoi si je n'avais pas pu faire danser ma femme à notre mariage ? D'ailleurs, si je ne me trompe pas elle est en train de danser avec notre ami commun. Elle lui en voudra toujours... Mais je pense qu'elle avait besoin qu'il soit là aujourd'hui... Prends soin de lui après ce soir...

Il me serra contre lui et les larmes me montèrent aux yeux. Ça ressemblait beaucoup trop à un adieu pour moi... Je vis Sebastian embrasser sa sœur et son regard se posa sur moi. Il avança vers moi, comme au ralenti et me fit danser. Je profitais de chaque instant, fermant les yeux pour mieux savourer ce moment. J'avais l'impression que ce serait le dernier...La musique était lente, mélancolique. La tête posée sur son épaule j'imprégnais ce souvenir en moi, je sentais au plus profond de moi que ce serait l'un des derniers moments heureux auquel j'aurais droit. Je respirais profondément son odeur, gravais son visage derrière mes paupières. La chaleur de son corps si près du mien me fit frissonner et sans crier gare, la douleur revint au pas de charge et me coupa la respiration. Il observa attentivement mon visage, l'air inquiet :

- Tes veines Lux, elles sont à nouveau noires et elles... elles bougent.

- Je sens de la magie noire... Il se passe quelque chose. Préviens Ominis, il faut que je vérifie la maison...

Il voulu m'embrasser mais je lui fis comprendre qu'on nous observait sûrement et que c'était dangereux. Il se mordit la lèvre, fixa le collier autour de mon cou et soupira.

- Fais attention à toi. On vérifie ce qu'il y a et on se retrouve où on a dit. Lux...

- Je sais, lui répondis-je. Moi aussi.

Je lui adressais un sourire crispé, la douleur me tenaillant à l'intérieur. Je me précipitais vers la maison, un poids sur la poitrine. Les larmes me montaient aux yeux, mon cœur s'emballait. J'avais de plus en plus cette impression que jamais plus je ne pourrais être aussi proche de lui, que c'était le dernier instant de bonheur que nous partagions. Je ne devais pas penser à lui. Je devais vérifier que tout allait bien pour Claire et Abby. J'arrivais devant la maison et je compris immédiatement qu'il se passait quelque chose de grave. La porte pendait sur ses gonds, du sang maculait les murs. Un frisson d'effroi me parcourut quand j'entrais en trombe dans la bâtisse. Un homme se tenait au dessus du berceau d'Abby, le corps sans vie de Claire gisait par terre. Je ne cherchais pas à comprendre et le désarmais immédiatement. Il vola à travers la pièce et je pris Abby dans les bras.

- Qui êtes vous ? Le questionnai-je, le menaçant de ma baguette.

- Elle nous appartient. Cette enfant est une descendante de l'illustre Salazar Serpentard, elle nous revient de droit. Nous n'aurons de cesse de la traquer et de l'élever parmi ses semblables. Rendez la moi et je ne vous ferez aucun mal.