Chapitre 23 : Ruines

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Allongée contre moi, elle s'était endormie. Sa respiration était régulière, profonde, elle semblait calme. Je n'avais pas envie de la lâcher, je voulais la garder dans mes bras pour l'éternité. Faire en sorte que plus jamais elle n'ait à souffrir, que plus jamais elle ne pleure. L'amour que je ressentais pour elle était sans pareil. Je me fichais de ce qui pouvait m'arriver tant qu'elle allait bien, c'était la seule chose qui comptait pour moi. Elle remua dans son sommeil et se serra davantage contre moi. Son corps était toujours aussi froid, comme s'il était incapable de produire de la chaleur. Ses veines étaient sombres, bien plus qu'auparavant. Elles semblaient bouger sous sa peau, comme si elles étaient vivantes et ondulaient telles un serpent. Elle ouvrit les yeux et son regard me fit frémir. Son œil gauche était entièrement noir, je ne voyais même plus son iris. Elle resta un long moment à me fixer sans bouger, sans dire un mot. Quand finalement elle se leva, elle m'invita à la suivre. M'habillant à la hâte je la suivis. Je n'avais aucune idée de l'endroit où nous étions. Je lui emboîtais le pas, traversant un long couloir froid, austère. J'avais l'impression d'être déjà venu ici. Un grand escalier montait vers une grande grille en fer forgé donnant sur l'extérieur. Elle était déjà en haut des marches, m'attendant. C'est alors que je compris où nous étions.

- Le soir du mariage, j'étais à bout de forces et sans savoir comment, je me suis retrouvée ici. Je t'ai vu ici ce soir là... j'étais là derrière la grille et je t'observais. Je voulais venir te voir, te dire que je n'étais pas morte... mais c'était mieux ainsi... C'était plus simple si tout le monde me pensait morte. Si toi tu me pensais morte... C'était plus simple pour moi...

Elle regardait les étoiles, le regard perdu dans l'immensité du ciel. Le clair de lune faisait encore plus ressortir le contraste entre sa pâleur et ses veines noircies. Elle resta un long moment sans rien dire.

- Pourquoi ? Me demanda-t-elle au bon d'un long moment. Pourquoi tu restes malgré tout ce que j'ai fait ? Malgré ce que je t'ai dit...

Sa question me prit au dépourvu.

- Après ce que j'ai fait à mon oncle... Pourquoi tu m'as cherché ? C'est pour la même raison. Je t'aime, je me fiche de ce que tu as fait.

- Alors pourquoi vouloir m'arrêter ?

Je m'approchais d'elle doucement, de peur qu'elle n'essaie de s'échapper. Je caressais sa joue, déposant un doux baiser sur son front. Elle ferma les yeux et expira lentement.

- Parce que tu es en train de te détruire. Je vois les effets de la magie ancienne sur ton corps, et je sais ce que tu ressens en prenant une vie, que la personne le mérite ou non. Ça marque ton âme à tout jamais. Quand j'ai cru t'avoir perdu pour de bon, je n'avais plus envie de rien, je n'avais plus envie de vivre. L'amour que je ressens pour toi... sans toi il me détruit. Je mourrais plutôt que de te laisser te consumer.

- Je dois continuer Sebastian... Il le faut. Abby est en danger, elle...

- Restes près d'elle, près de nous pour la protéger alors...

- Tu ne comprends pas... Je dois le faire, je n'ai pas le choix...

Son ton avait radicalement changé, je sentais qu'elle commençait à s'énerver.

- Alors explique moi, dis moi ce que je ne comprends pas.

Je sentis son corps se raidir et elle s'éloigna de moi en furie.

- Je ne peux pas t'expliquer... Je dois juste protéger Abby...

Son souffle était court, son visage se crispait sous la douleur. J'avais déjà assisté à ses crises de douleurs, je connaissais les signes. Je m'approchais d'elle et voulu la prendre dans mes bras, mais elle se dégagea encore et s'éloigna davantage.

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