Chapitre 8 : Expecto Patronum

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J'ignorais combien de temps j'étais restée là, seule, transie de froid à attendre qu'il revienne. Quand je me relevais enfin, j'étais comme vide de l'intérieur. Je n'avais plus la force, plus l'envie d'avancer après tout ça... Tout ce que j'avais découvert sur moi, mon passé, son départ... C'était comme si on m'avait retiré une partie de moi, celle me permettant de vivre. Je n'étais désormais plus qu'un coquille vide. Les ténèbres m'engloutissaient et je les laissais faire, n'éprouvant pas la volonté de me battre. Je n'avais plus rien. Plus rien d'autre que la souffrance d'avoir perdu celui que j'aimais le plus, encore. Cette fois, il ne serait pas dans les environs à garder un œil sur nous, sur moi. Il était parti, pour de bon. Cette pensée s'imposait à moi et me torturait à mesure que les jours passaient. Je perdis la notion du temps, incapable de penser, de réfléchir ou de faire autre chose que de survivre. J'avais vaguement conscience qu'Anne et Ominis m'aidaient. J'étais comme un pantin réglé seulement pour les actions mécaniques me permettant de rester en vie. Mes pensées se brouillaient, mais mon cœur, lui, ne s'arrêtait pas de saigner. Jamais cette peine ne me quittait, jamais elle ne me quitterait. Je n'étais plus rien sans lui, je n'avais aucune envie de vivre sans lui. Les jours se succédaient et se ressemblaient. Ominis était retourné à Poudlard pour les cours et j'étais restée chez Claire avec Anne. Je ne sortais quasiment jamais de la chambre et je n'avais pas prononcé un seul mot depuis son départ. Je me contentais de rester assise sur le lit, le regard perdu dans le vide pendant des heures. Je voulais seulement faire taire toute cette souffrance, que tout s'arrête. Le désespoir était devenu mon quotidien. Lorsque je réussissais à dormir il était présent, il était toujours là. Sa présence était devenue normal, je ne cherchais pas à le combattre, je l'avais laissé s'installer en moi et m'y étais habitué. Telle était ma vie depuis plusieurs semaines.

Je refusais toutes les visites de mes amis, Poppy, Natsai... Je ne supportais plus la présence de qui que ce soit. Je partais souvent pendant des heures, toujours au même endroit. Là où il avait failli me tuer, où il m'avait embrassé... Aile-Céleste m'y avait conduite un soir où j'errais dans la forêt interdite. Et depuis, j'y passais le plus clair de mon temps. Je ne voulais voir personne, je ne voulais parler à personne, je ne voulais rien d'autre que lui. Mais c'était quelque chose d'impossible. Jamais il ne reviendrait, jamais plus je ne verrais son visage, n'entendrais sa voix, ne sentirais sa présence près de moi.... C'en était trop, je n'arrivais plus à garder toutes ces émotions en moi. C'est alors que je hurlais, libérant tout ce que je gardais en moi depuis toutes ces semaines. Son visage m'apparaissait chaque fois que je fermais les yeux, sa voix murmurait mon nom à mes oreilles, sa main effleurait la mienne, ses lèvres se posaient sur les miennes... Mon cri se mua en sanglots et je pleurais comme jamais. De rage, de chagrin, de désespoir. Il fallait que tout sorte, je souffrais trop de garder ça en moi. Je sortis ma baguette et me mis à tout détruire autour de moi, les ruines, les arbres... Je m'assis enfin par terre, le visage trempé de larmes, les joues en feu, la voix éraillée et c'est alors que j'entendis des pas derrière moi. Je su de qui il s'agit avant même de le voir. Il avait sa démarche bien à lui, avançant prudemment du fait de son handicap. Ominis.

- Il est parti... murmurai-je, il ne reviendra pas Omi... Il... Il nous a abandonné... Je...

Mon ami s'assit près de moi et me pris dans ses bras. Sa présence était réconfortante mais pas suffisante. J'aurais fait n'importe quoi pour qu'il s'agisse de Sebastian.

- Il faut que tu reviennes vers nous Lux. On s'inquiète pour toi Anne et moi. On t'a vu plonger dans la noirceur du désespoir sans pouvoir rien faire. Il faut que tu remontes vers la lumière. Arrête de te torturer, ça n'avancera à rien.

Les mots de mon ami se répercutèrent en moi. Il avait raison. Me torturer ne servirait à rien. Il ne reviendrait pas, c'était donc à moi de le retrouver. Les ténèbres en moi se dissipèrent et je me levais avec un nouveau but. Le retrouver.

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