Aucun regret

Chapitre 17 - Opération sauvetage

Après ma soirée karaoké et les derniers événements à l'école, je me retourne d'un bord à l'autre de mon lit. Je me suis bien amusé avec mon ancien collègue, mais les derniers jours ont prouvé que je dois attendre avant d'entreprendre une relation sérieuse. Pendant que je me tourne vers la droite, je fixe une photo de moi et Nathan. Je m'interroge si j'ai le courage de mettre un terme à notre amitié avec bénéfices. Je le connais depuis tellement longtemps qu'il manquerait une partie importante si je le quittais complètement. Il m'a blessée, mais je suis consciente que notre histoire n'est pas complément terminée. Je ressens encore des sentiments profonds pour lui.

Je me cache sous les couvertures jusqu'au lever du soleil. Je ferme mon cellulaire. Après cinq messages de sa part de mon ami danois, je ne lui ai toujours pas répondu. Je me rends au centre commercial pour me changer les idées. Normalement, j'aurais supplié Maude pour qu'elle m'accompagne, mais le besoin de solitude a gagné. Je doute qu'elle m'ait pardonné et je préférais que notre réconciliation ne soit pas entourée d'inconnus. J'ai deux paires de jeans ainsi qu'un tailleur dans les mains quand je tombe nez à nez avec la mère d'Isabelle. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'aborde en premier.

⸺ Vous savez, je comprends le point de vue de votre employeur. Cependant, ma Isabelle a progressé énormément avec vous et j'espère que vous allez réintégrer votre poste. Elle va mordre ses doigts, si elle régresse à cause d'un remplaçant minable qui connaît à peine la différence entre la clé de sol et la clé de fa.

⸺ Je vous remercie pour vos encouragements madame Malette. C'est mon employeur qui décide. Je souhaite aussi pouvoir continuer à enseigner à Isabelle. Elle est une de mes meilleures élèves.

Je laisse tomber mes pantalons sur la pile de chandails en solde. La mère la plus exigeante vient de prendre ma défense. Je me pince pour réaliser que je suis éveillée. Je paye mon nouvel ensemble en me promettant de le porter pour une prochaine entrevue. Je n'ai pas eu de nouvelle de la directrice, ce qui me fait penser que cela risque de mal se terminer. Je dois réfléchir à un plan B avant qu'il soit trop tard.

Le lendemain, je regarde la neige tomber par la fenêtre de ma chambre. Cela annonce une deuxième moitié du mois de novembre plutôt maussade. J'envoie mon vingtième curriculum vitae quand je reçois un appel de la principale qui indique qu'elle veut me rencontrer dans deux jours. Sous le coup de la panique, j'écris à Mathieu pour prendre un café avec lui.

Sans attendre, je me retrouve face à mon cappuccino à espérer qu'il arrive avec la solution miracle. Rendue à ma troisième gorgée, j'essaie de me convaincre que je dois me concentrer sur ma recherche d'emploi. La neige continue de tomber lorsque le visage d'Isabelle m'apparaît. L'adolescente a tellement de pression à la maison, j'aurais aimé lui offrir de la stabilité avec mon cours. De plus, l'autre enseignant de musique m'a confirmé que Simon se rebelle. Il joue de plus en plus de mauvais tours en classe. Il a obtenu une suspension après avoir dessiné des graffitis sur les murs de l'école.

Je termine ma boisson chaude et je me rends à la salle de bain de Chez Cathy. J'attends Mathieu depuis plus de dix minutes et je demeure sans nouvelle de sa part. Je remercie la propriétaire Catherine qui m'appelle maintenant par mon prénom. Je me retourne pour quitter l'établissement lorsqu'une personne me couvre les yeux avec un bandeau. Ayant obtenu mon quota de surprise pour le reste de ma vie, j'exécute les ordres de mon kidnappeur.

Une main me caresse le dos et je devine son identité. J'ai l'impression de tomber dans le vide chaque fois que je monte une marche. Heureusement, on me tient pour éviter que je me blesse. Je compte les pas et je réalise que je me retrouve devant chez moi. Le tout se confirme quand je sens des mouvements dans ma poche de jeans pour y prendre les clés. Mon corps frissonne à ce contact.