Chapitre 7 - Coup de sabot, coup de foudre

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Après une nuit passé à l'une des deux seules auberges que comportait la ville autour du port, pour se remettre du long voyage parcouru en bateau depuis l'Angleterre et également pour se charger de plusieurs choses comme le règlement de la traversée, l'obtention de chevaux pour terminer le trajet, et d'autres détails sans grande importance mais dont il fallait néanmoins s'occuper, la famille Oakwood se trouvait en chemin pour la plus imposante demeure de la région, celle du propriétaire terrien le plus puissant de l'endroit.
Une fois qu'ils l'auraient atteinte, ils auraient enfin terminé leur périple qui avait débuté il y avait plusieurs jours, certainement pourraient-ils s'y reposer, si la réception qu'on y organisait, et qui était justement la raison pour laquelle ils avaient entrepris ce voyage, le leur permettait.
Officiellement, elle était prévue pour des explorateurs ou des voyageurs de façon à ce qu'ils échangent sur leurs expériences respectives pour le bénéfice de la science, pourtant, la famille y avait également été conviée mais chacun des membres la composant se doutait que, si leur présence avait été requise, c'était davantage dans une optique commerciale.
En effet, installée sur la côte britannique, les affaires commerciales de la famille Oakwood lui avaient permis de se tailler une solide réputation, ainsi qu'une confortable fortune, et c'était certainement plus cela qui intéressait l'homme qui l'avait invité, davantage que son expérience de l'exploration inexistante, bien que, avec le périple ayant conduit ici ses membres ici, ces derniers pouvaient se considérer comme des voyageurs à présent. C'était également ce qui les intéressait en se rendant jusqu'ici à l'initiative du père de famille, Charles, en charge de l'entreprise, qui avait décidé de l'ensemble de la famille devait l'accompagner en France.
En tête de leur groupe, sur le même cheval, se trouvaient Charles et Mary-Ann. Juste à côté, le cadet de la famille, Wesley conversait tranquillement avec ses parents, notamment à propos du paysage.
En dernier, trainant à l'arrière, comme si le cheval qu'il montait partageait son humeur et ralentissait donc le pas pour être en adéquation avec son cavalier perdu dans ses réflexions, venait l'aîné, Victor, dont une partie des pensées était demeurée au port, qu'ils avaient quitté il y avait peu de temps, à peine une heure, et s'élevait toujours dans leurs dos.
Il songeait à ce garçon du port qui avait assisté à leur débarquement avec une expression intriguée. En premier, c'était la timidité qu'il avait manifesté qui avait amusé Victor puis son regard d'un noir abyssal sans fond. Ce n'était pas la première fois qu'il rencontrait de tels yeux, bien que ce ne soit que le deuxième. A partir de cette observation qu'il avait pu rattacher à des connaissances, l'identifier comme magicien n'avait été nullement compliqué, ce qui l'avait poussé à agir.
Certainement avait-il été également poussé par la curiosité, n'ayant jamais eu réellement l'occasion de fréquenter des magiciens, puisqu'ils étaient pourchassés dans son pays aussi. A part la jeune fille rencontrée il y avait quelques années et grâce à qui il savait que ce noir intense était une couleur de magie, il n'avait jamais croisé de magiciens, ou alors il ne les avait pas reconnu comme tels.
Bien qu'il aurait souhaité échanger avec ce garçon sur le sujet sensible de sa nature, qu'on se plaisait à condamner, il s'était rapidement raisonné en s'apercevant que ce n'était guère possible, à cause de toutes les oreilles indiscrètes présentes sur les quais susceptibles de capter un fragment de ce secret. Sans compter que s'était également posé la barrière de la langue car, bien que Victor maîtrisait les bases du français, son accent subsistait en étant fort présent, rendant ses mots parfois difficilement compréhensibles, surtout sur un propos aussi complexe que la magie.
En revanche, il avait néanmoins cherché à faire quelque chose pour ce garçon, sachant d'expérience qu'être magicien n'avait rien de simple, bien au contraire. Sans compter que ce garçon ne semblait pas bénéficier de la même chance dont Victor avait pu jouir grâce à sa famille et la puissance dont elle disposait.
En ce qui qui le concernait, être magicien n'avait pas représenté véritablement une épreuve, soutenu et protégé par sa famille qui conservait ce secret. Le jeune homme ne se souvenait pas de la date exacte à laquelle sa nature s'était révélé à lui, le choc de cette découverte ayant brouillé ses souvenirs. Il se souvenait que quelque chose l'avait affolé sans qu'il ne parvienne à retrouver de quoi il s'agissait et une ombre l'avait avalé avant de le faire réapparaître dans une autre ombre.
La stupéfaction et la panique passées, ils avaient convenu de garder le secret et de faire comme si de rien n'était. Depuis, la nature de Victor demeurait un sujet tabou, comme ses parents refusaient de l'aborder et qu'il inquiétait Wesley.
De son côté, Victor s'était entraîné avec ses pouvoirs en cachette et, lorsque l'occasion se présentait, il s'efforçait de venir en aide à ses homologues magiciens dans la mesure de ses moyens, comme lorsqu'il avait permis à cette jeune fille aux yeux noirs d'embarquer sur l'un de leurs navires pour fuir les persécutions ou lorsqu'il avait confié cette bourse à ce garçon sur le port, bien que c'était peu. Il espérait que cet argent pourrait l'aider, que ce soit avec sa magie ou non, c'était tout ce qu'il pouvait faire.
Le problème était, en plus du fait qu'il jugeait que c'était assez peu pour ce garçon, sa famille s'en était fortement étonné et l'avait questionné sur la raison d'un pareil geste or, Victor se voyait mal leur avouer qu'il avait tenté d'aider un autre magicien, tout simplement car ses parents éprouvaient un grand malaise dès qu'il était sujet de sa nature particulière et également car le jeune homme savait que ses proches se seraient senti blessés et aussi mal-à-l'aise si il leur avait confié qu'il considérait la fait d'être magicien comme une partie intégrante et même principale de son identité.
Pour ses parents, sa nature n'était qu'un détail qu'ils s'efforçaient d'ignorer, de repousser loin dans un coin de leur esprit, le niant comme si elle n'était pas réelle. Évidemment, Victor en souffrait mais il comprenait cette réaction, qui en était une de protection envers eux-mêmes et envers lui.
Ces pensées s'agitaient dans son esprit alors qu'il chevauchait à la suite de sa famille.
La conclusion à ces nombreuses réflexions sur le déroulement que suivait sa vie était qu'il désirait que les choses changent pour les magiciens, qu'ils n'aient plus à se cacher en craignant sans cesse d'être découverts et condamnés pour ce qu'ils étaient sans l'avoir pourtant choisi, que les magiciens soient considérés comme toutes autres personnes ordinaires et que la magie soit un sujet qu'on puisse évoquer sans danger et sans voir ses interlocuteurs se refermer immédiatement. Ce dernier souhait se rattachait plus à sa situation personnelle spécifique.
D'ailleurs, si jamais il y avait réellement moyen pour réaliser cet idéal, Victor tenait à pouvoir participer à son application, bien qu'il se doutait qu'il ne s'agissait là que d'une utopie fantasmée.
Le jeune homme poussa un lourd soupir et son cheval secoua son imposante tête, comme si il partageait les sentiments de son cavalier. Remarquant que son frère restait en retrait sans se mêler à leur conversation, Wesley fit ralentir sa propre monture pour venir à la hauteur de Victor, qui, extirpé de ses réflexions, releva le regard sur son cadet.
Les deux jeunes hommes, respectivement âgés de vingt-trois et vingt ans, partageaient de nombreux traits communs dans la forme de leurs visages mais Wesley était plus petit et large d'épaules que son aîné, le blond de ses cheveux, qu'il laissait librement tomber sur ses épaules alors que ceux de Victor étaient assez courts, était plus clair et, surtout, ses yeux, qui n'étaient pas ceux d'un magicien, possédaient une couleur entre le bleu et le vert, les mêmes que ceux de leur mère.
Le jeune homme sourit à Victor puis lui demanda ce qui le préoccupait de la sorte. Victor haussa les épaules en détournant le regard sur le côté.
Même si les deux frères avaient toujours été proches, partageant de nombreuses choses et étant des confidents l'un pour l'autre, Victor ne pouvait parler de ses préoccupations propre à un magicien, aborder le sujet avec Wesley étant tout aussi impossible qu'avec leurs parents, sauf, qu'en plus, le malaise de Wesley se teintait d'angoisse, alors il préférait éluder la question.
N'étant pas convaincu par ce simple haussement d'épaules, Wesley pencha la tête sur le côté, en examinant son frère puis il insista en rappelant à Victor qu'il pouvait tout lui dire. Ce dernier s'abstint de répliquer qu'il pouvait effectivement tout lui dire sauf lorsqu'il était question de magie, ce qui était justement le cas, et il se contenta d'assurer que tout allait bien, ce qui ne satisfit pas davantage Wesley, qui n'en croyait pas un mot.
Décidant donc d'amener les choses d'une façon différente, connaissant suffisamment son frère pour savoir que, pour le forcer à se confier, il valait mieux parfois y aller en contournant plutôt que frontalement avec la question directe et brutale, Wesley demanda à Victor pourquoi il avait offert une telle somme d'argent à ce garçon sur le port.
Victor se raidit légèrement, quelque peu coincé par cette interrogation, mais, ne se laissant pas davantage déstabilisé, il répondit, sans regarder Wesley, se concentrant sur le sentier qu'ils parcouraient, que c'était car il accomplissait une tâche difficile et que c'était donc une manière de l'en remercier. Pas dupe, Wesley lui lança qu'il se moquait de lui et que, lorsqu'on souhaitait féliciter quelqu'un pour son travail, on lui remettait une pièce ou deux, pas une bourse pleine.
Victor soupira.
Evidemment, ce n'était pas évident de tromper son frère mais il ignorait que prétendre d'autre pour taire la place de sa nature de magicien dans sa motivation et, par ailleurs, il s'en agaçait.
En effet, pourquoi devait-il dissimuler quelque chose qui n'était pas une faute, comme si il était coupable de quelque chose alors qu'il n'avait rien choisi ?
Si sa famille ne supportait pas de compter un magicien parmi ses membres, elle aurait mieux fait de le dénoncer plutôt que de feindre qu'il était parfaitement normal et dénué de pouvoirs. Irrité à cette réflexion, il se tourna soudainement vers son frère et avoua, presque en le crachant, que c'était parce qu'il avait reconnu ce garçon comme magicien et qu'il avait donc tenu à l'aider, invoquant une forme de solidarité et de soutien entre magiciens.
A cette annonce, Wesley demeura stupéfait un instant, fixant Victor d'un regard écarquillé avec la bouche légèrement entrouverte, puis, se reprenant, il secoua la tête de gauche à droite, comme si il refusait d'avoir entendu cela, et il explosa, effrayant les chevaux et alertant leurs parents. Il s'écria, reprochant cette action à Victor, lui signalant qu'il n'aurait vraiment pas dû s'impliquer de la sorte avec des magiciens, pour sa sécurité, car ça aurait été attirer l'attention sur lui, ce qu'il aurait pourtant dû absolument s'efforcer d'éviter.
Se rapprochant, leurs parents acquiescèrent aux propos de Wesley, bien qu'ils n'aient pas entendu l'aveu de Victor et ignorant donc ce qui motivait leur cadet à les tenir. Ce fut trop pour Victor et ce fut à son tour de s'emporter.
Avec véhémence, il rétorqua que ce n'était pas d'échanger au non avec des magiciens qui allait changer quelque chose et que lui conseiller de ne pas s'impliquer avec des magiciens dépassait l'inutilité puisque, quoi qu'il fasse, il serait toujours d'office impliqué avec les magiciens comme il en était un lui-même et qu'il s'agissait de quelque chose qui était en lui sans que personne ne puisse le changer.
Terminant en lançant à sa famille qu'il serait plus que temps qu'elle comprenne au lieu de se voiler la face, il éperonna sa monture, enfonçant ses talons dans ses flancs, et tira sur ses rennes, la faisant s'élancer dans une direction opposée à celle qu'ils suivaient initialement, s'éloignant de se famille au galop. Wesley l'appela à plusieurs reprises et il voulut se lancer à sa suite mais Charles le retint en expliquant que Victor avait certainement besoin d'être seul après ce différend et le rassurant en lui affirmant qu'il les rejoindrait bientôt, lorsqu'il aurait retrouvé son calme.
Entendant ce que son père assurait à son frère, Victor émit un sifflement désapprobateur et méprisant, en désaccord total avec ces propos. Peut-être que, d'ici une heure ou deux, il reviendrait sur ses pas et les rattraperait, en effet lorsqu'il ne réagirait plus sous le coup de la colère, mais pour l'instant, il souhaitait seulement s'éloigner et mettre de la distance entre eux et lui, même si il se doutait que, au fond, Wesley était uniquement inquiet pour sa sécurité.
Il ne se soucia pas de la direction qu'il emprunta, son seul désir étant qu'elle soit opposée à sa famille. Il commença par revenir sur ses pas, remontant le sentier en sens inverse et revenant vers le port. Avant d'y pénétrer, Victor ralentit sa monture pour vérifier que Wesley avait obéi à leu père et ne lui avait pas emboîté le pas, ce qui était effectivement le cas.
Le jeune homme poussa un lourd soupir en se passant une main sur le visage. Possiblement agissait-il stupidement comme un enfant faisant un caprice mais il se sentait encore fortement contrarié et n'avait aucune envie de retrouver les membres de sa famille alors il poursuivit son chemin.
Contournant le port et sa ville, il quitta le sentier pour s'engager dans les champs en se dirigeant vers le sud au hasard, le long du fleuve, laissant son cheval décider.
Rapidement, les silhouettes d'un village de chaumières situé sur la rive du fleuve se profila à quelques kilomètres. Laissant sa monture aller au pas, Victor se rapprocha lentement et il commença à distinguer quelques détails, comme les barques, tirées sur la grève ou bien flottant sur le fleuve, ce qui permit au jeune homme de déduire qu'il s'agissait d'un village de pêcheurs, certainement bien loin du faste qui l'attendait à la demeure de leur hôte, mais ça importait peu à Victor. Pour le moment, il préférait largement le modeste des pâturages au luxe de la réception, surtout en compagnie de sa famille.
Semblant connaître les lieux – certainement avait-il déjà effectué le trajet vers le village à plusieurs reprises – le cheval s'arrêta au bord du fleuve pour y plonger le museau et se désaltérer. L'imitant, Victor descendit de scelle et, réunissant ses mains en coupe pour y recueillir de l'eau, il s'aspergea le visage en soupirant.
Il se demanda depuis combien de temps il avait abandonné sa famille mais probablement n'était-ce pas depuis longtemps, en tous cas, pas suffisamment pour que sa colère s'apaise totalement en lui conférant l'envie de revenir sur ses pas.
Tout en flattant l'encolure de sa monture en lui parlant, bien qu'il y ait fort peu de chances qu'elle saisisse l'anglais, certainement plus coutumière du français, il observa le point d'où il venait, cherchant à mémoriser la route qu'il avait parcouru. Même si il avait agi sous le coup de la colère et qu'il l'écoutait encore, il préférait éviter de s'égarer, ce serait assez stupide.
Ayant noté le chemin qu'il lui faudrait remonter pour retrouver le sentier et gagner la demeure où sa famille l'attendrait probablement, il se détourna pour examiner les alentours, se concentrant particulièrement sur le village non loin, hésitant à s'y rendre, même si il n'y trouverait guère de choses à faire et qu'il serait certainement regardé sans grande bienveillance, les étrangers étant aisément repérés dans ce genre de modestes bourgs où on avait une certaine tendance à se méfier d'eux.
Soudainement, le cheval dont il s'était désintéressé, se mit à hennir à côté de lui, paraissant s'affoler de quelque chose. En effet, la bête s'agitait en hennissant de plus belle, secouant la tête et remuant les pattes. Victor regarda autour de lui, à la recherche de la source de la frayeur de sa monture mais il ne repéra rien d'alarmant, cependant, il n'en déduisit pas pour autant qu'il n'y avait rien, sachant que son cheval avait possiblement remarqué quelque chose qui lui échappait grâce à ses sens et son instinct animals.
Jugeant que, pour le moment, il valait mieux calmer sa monture – si il y avait effectivement un danger et qu'il devait le fuir, il estimait que ce serait plus aisé de le faire en scelle – il s'en approcha doucement, les mains dressées devant lui en un geste d'apaisement et en lui assurant que tout allait bien. Même si il s'exprimait en anglais, son ton apaisant avait le même effet qu'en français.
Semblant se calmer avec l'intervention de Victor, le cheval s'ébroua en soufflant fortement par les naseaux. Le jeune homme se permit de s'avancer jusqu'à l'animal et il alla pour passer une main sur son museau de façon à l'apaiser encore mais il n'en eut pas le temps.
La panique se fit subitement vive et le cheval se cabra. Victor eut le réflexe de s'écarter mais pas suffisamment pour esquiver le sabot lourdement ferré qu'il reçut au front avant de s'écrouler.
Continuant à s'affoler, le cheval hennissait et s'agitait, alertant l'occupant d'une barque passant sur le fleuve non loin.
Déviant de sa trajectoire initiale devant le ramener au village, Adriel laissa son embarcation s'échouer sur la grève et en sauta souplement pour se précipiter vers la bête qui paniquait. La saisissant par la bride, il la tira légèrement vers lui et lui caressa l'encolure jusqu'à ce qu'elle se calme, ce qui fut rapide – il avait toujours été assez doué pour apaiser les gens, et les animaux aussi visiblement – puis, comme il avait constaté qu'elle était scellée, il observa les alentours à la recherche du cavalier qu'il repéra facilement gisant dans l'herbe.
Sans lâcher les rênes de l'animal, Adriel s'avança jusqu'à lui en l'appelant sans obtenir de réaction comme il était apparemment inconscient, comme le suggérait ses paupières closes.
Se penchant vers lui, Adriel avisa le sang qui commençait à couler le long de son visage pour aller tacher sa chemise, d'ailleurs, de belle qualité, et qui colorait ses cheveux blonds de rouge depuis une blessure située sur le haut de son front et qui évoquait grandement la forme d'un sabot. Fortement inquiet, il glissa une main dans le cou de l'homme et il soupira de soulagement en sentant son pouls battre contre ses doigts.
Cherchant à construire une idée de ce qu'il s'était passé, bien que ce soit assez évident à deviner, il vérifia les sabots de la monture et trouva un peu de sang sur l'avant droit. Comprenant, il tapota le flanc du cheval en lui assurant que ce n'était nullement de sa faute, qu'il le comprenne ou non, puis, ramassant l'homme inconscient avec quelques difficultés, il le chargea en travers de la scelle en vérifiant qu'il ne risquait pas de chuter, ce qui n'aurait pas arrangé son état.
Tirant entièrement sa barque à terre pour éviter qu'elle ne soit emportée par le courant, il récupéra son filet plein de ses prises du jour et il l'installa également sur le dos du cheval, à côté de l'homme. Il pouvait se permettre de laisser sa barque mais la pêche de la journée aurait risqué de se faire dévorer et peut-être que l'odeur de poisson tirerait l'homme de son inconscience.
Le chargement en place, Adriel reprit la bride du cheval et, marchant à pieds à côté, il l'amena au village où son arrivée fut remarquée. En effet, comme il était parti ce matin sur le fleuve et qu'il revenait à pieds en tirant un cheval à sa suite, il y avait de quoi susciter de l'étonnement, sans parler de l'homme inconscient au visage ensanglanté qui gisait en travers de la scelle.
Ne perdant pas de temps à répondre aux questions formulées sur son passage, pensant que, si la vie de l'homme était en danger, chaque seconde comptait, il se rendit directement chez sa grand-mère qu'il trouva devant la chaumière, en train de boire une infusion avec Lucille.
Cette dernière suspendit la conversation avant même qu'Adriel ne signale sa présence en expliquant la situation et elle se tourna vers l'équipage atypique que formait le jeune homme, comme si elle avait perçu que quelqu'un non loin avait besoin de secours. C'était effectivement le cas, grâce à une capacité conférée par son pouvoir, mais Adriel ne pouvait s'en douter.
Posant sa tasse, elle se précipita vers le cheval et plus particulièrement vers son passager dont elle souleva délicatement la tête entre ses mains pour l'examiner et elle passa une main dans ses cheveux tout en étudiant sa blessure.
Se levant à son tour, Violette demanda à Adriel tout en observant la jeune homme blessé :

Les Yeux du Pouvoir - Tome 6 : Couleurs passé [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant