Les Yeux du Pouvoir - Tome 6 : Couleurs passé [Terminé]

Chapitre 25 - Rapprochements [3/3]

/!\ Chapitre comportant une scène de sexe, blabla, pour lecteurs avertis, vous connaissez le couplet ! ;P /!\

Une surprise que Aleksy partagea momentanément, s'étonnant que Martial l'embrasse ainsi à pleine bouche devant tant de témoins, lui qui, habituellement, craignait toujours d'être surpris dans une position compromettante et ne se montrait donc guère entreprenant, lui laissant l'initiative. Il devait vraiment subir une intense émotion actuellement pour agir de la sorte mais cela ne dérangeait pas Aleksy, bien au contraire.
D'ailleurs, si il avait joué les personnes assurées et désinvoltes en posant ces questions à Martial et avec ce sourire en coin, il éprouvait toute autre chose. Les membres tremblants, il referma les bras autour du dos de Martial en serrant les doigts sur le tissu de sa chemise et lui rendit son baiser en glissant sa langue à la rencontre de la sienne.
Lorsqu'il lui avait fallu fuir, il avait cru qu'il ne le reverrait jamais, forcé à l'exile pour sa propre sécurité et pour camoufler sa nature de magicien et, même si il aurait possiblement pu espérer pouvoir le revoir un jour, vainement croyait-il jusqu'à présent, il craignait qu'il ne lui en veuille pour lui avoir menti par omission, lui ayant dissimulé posséder de la magie, ou pire, qu'il ne le considère plus que comme un être démoniaque méritant de périr par les flammes dans les plus atroces souffrances.
Jamais il n'aurait pensée pouvoir à nouveau partager une étreinte avec lui de la sorte, jamais il n'aurait pensé qu'ils puissent se retrouver si simplement. Pourtant, c'était bien lui qui le serrait contre lui à lui briser les os en l'embrassant si passionnément. Il l'entendit même murmurer son nom contre son cou, ce qui fit remonter un frisson de délice le long de son échine.
Il demeurait la question de la position que semblait à présent occuper Martial avec cette tenue mais, pour l'instant, Aleksy s'en moquait totalement alors qu'il respirait son odeur en glissant ses doigts parmi ses cheveux attachés.
L'échange se serait certainement prolongé davantage si, en plus de les interrompre, la voix de Tanguy, qui remercia Larissa de l'avoir détaché – la seule que la stupeur n'avait pas paralysé puisque déjà au courant de ce secret – ne les avait pas ramenés à la réalité.
Se détachant, les deux hommes, encore quelque peu essoufflés, se tournèrent vers leurs compagnons en se demandant que leur dire, aussi gênés qu'eux.
Ce fut finalement Roxanne, le regard baissé sur le côté, non pas tant à cause de la gêne de voir deux hommes s'embrasser à pleine bouche que de celle qu'elle ressentait en comprenant qu'elle avait probablement volé l'amoureux de quelqu'un sans le savoir, qui osa briser le silence la première après quelques secondes en lançant :

– Contente de vous revoir, Capitaine.

– Oh, mademoiselle Tessier. Moi aussi, content de voir que vous allez bien.

– Enfin, on voit bien qu'elle était pas vraiment votre préoccupation première. »

Lança Irwan, goguenard, d'autant plus que Martial et Aleksy se trouvaient toujours l'un sur l'autre.
Rattrapé par l'aspect particulier de la situation, Martial se releva, libérant Aleksy, qui ne se serait pas plaint si il avait conservé cette posture, et entreprit de lisser ses vêtements pour se donner une contenance sous les regards encore stupéfaits, circonspects, amusés ou bien encore hostiles, en particulier pour Al, du reste du groupe qui continuait à les fixer.
Estimant que quelques éclaircissements s'imposaient, Aleksy se redressa en position assise pour expliquer qui était Martial, sans rien cacher de leur relation – après tout, ils étaient déjà en fuite alors que ce soit pour ce qu'on considérait comme un crime ou bien deux ne changeait pas grand chose, sans compter que prétendre qu'ils n'étaient que de simples connaissances paraissait plutôt compromis à présent – tout en s'efforçant de se porter garant pour lui, et Martial raconta que sa seule motivation à rejoindre l'inquisition était de retrouver Aleksy avant elle.
D'ailleurs, il délaissa bien rapidement sa cuirasse qu'il abandonna dans l'herbe, preuve renforcée par les affirmations de Tanguy.
Leur succédant, chacun raconta ce qu'il avait vécu avant qu'ils ne se retrouvent tous ici dans une situation similaire, ayant décidé de profiter de la tranquillité des lieux, loin de tout chemin, durant le reste de la journée et la nuit, tout en instaurant des tours de garde, pour se reposer et réfléchir à ce qu'ils pouvaient faire maintenant.
L'instant semblant être aux confessions, Aaron et Gabriel échangèrent un regard grave avant de le reporter sur Eléanora, toujours auprès de sa mère, la gorge nouée, puis, le regard bas, honteux, les poings serrés et le regard larmoyant, Aaron avoua que, si toutes deux étaient tombées entre les mains de l'inquisition, c'était car il les avait dénoncés, frappant de stupéfaction toute l'assemblée. Il voulut s'excuser mais il n'avait même pas les mots pour exprimer à quel point il était désolé.
Ouvrant la bouche, Eléanora chercha quelque chose à répondre mais, non seulement elle ne trouva pas quoi dire, et elle fut prise de vitesse par Gabriel qui, se jetant en avant, comme pour se prosterner, s'écria que ce n'était pas de la faute de son père adoptif mais de la sienne. Les larmes ruisselant depuis ses yeux violets, le jeune homme exprima réellement pour la première fois la profondeur de sa culpabilité à voix haute.
Parvenant à formuler ses pensées, contrairement à Eléanora, Irina hocha le menton à plusieurs reprises en soufflant qu'elle comprenait ses motivations, étant parent elle aussi et sachant à quel point on pouvait tout faire pour protéger ses enfants, mais, haussant soudainement le ton, elle hurla qu'elle ne pourrait cependant jamais lui pardonner pour ce que sa fille avait subi à cause de lui.
L'interrompant dans ce qui semblait se transformer en un véritable règlement de comptes, Eléanora se leva subitement, le dos raidi et légèrement tremblante avant de s'éloigner à grandes enjambées, ayant besoin de prendre de la distance pour respirer et réorganiser ses pensées, quelques peu sonnée par ces révélations.
Elle ne savait pas vraiment si elle en voulait à Aaron et Gabriel, possiblement moins à ce dernier car il avait encouru nombre de risques pour la secourir et s'assurer de son état. Ce qui était certain était qu'elle se sentait remuée par ces informations et qu'elle avait besoin d'un peu de temps pour y réfléchir.
La suivant du regard à distance jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière une futaie d'herbes hautes et de buissons bordant le fleuve, le reste du groupe se demanda si il devait l'accompagner, ne serait-ce que pour la réconforter et les regards convergèrent tous sur Irina, jugeant naturel que ce soit la mère de la jeune fille qui se charge de cela, mais, avant qu'elle ne s'exécute, Salim se leva le premier, son expression à la fois lassée et distante toujours appliquée sur son visage basanée, pour aller rejoindre Eléanora.
Surpris, certains allèrent pour le retenir mais Shikou les en empêcha en signalant que Salim était le meilleur choix pour soutenir Eléanora dans ces circonstances puisque, que ce soit de par les épreuves qu'ils s'étaient mutuellement aidé à traverser ou par autre chose, il existait un fort lien entre les deux jeunes gens.
S'installant à côté de la jeune fille, qui lui jeta un regard de ses yeux rouges avant de renfoncer son menton entre ses bras croisés sur ses genoux remontés contre sa poitrine, Salim s'assit en étendant les jambes devant lui et en s'arquant en arrière en prenant appui sur l'une de ses paumes.
Le silence s'étendit durant quelques instants. De toute manière, Eléanora ne s'attendait pas à ce que Salim lui délivre tout un discours, sachant qu'il n'était guère loquace quoi qu'il advienne mais le simple fait de l'avoir à ses côtés la calmait déjà.
Soudainement et la surprenant, il ouvrit la bouche pour lâcher sans se défaire de son ton coutumier :