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36.

L'esprit embrumé, presque encore comateux, le jeune bêta ouvre difficilement les yeux, ne pouvant même pas balayer du regard la pièce dans laquelle il se trouve, se sentant beaucoup trop faible pour effectuer un tel mouvement. Où se trouve-t-il ? Pourquoi se sentit-il si faible ? N'était-il pas... Où était-il au fait ? Il n'a aucun souvenir net datant d'aujourd'hui. Et il n'arrive même pas à trouver un souvenir vrai, qui s'est produit. Il ne voit que leurs visages à eux deux, il ne ressent que leurs lèvres contre les siennes, et un frisson parcours sa peau alors qu'il reprend lentement mais sûrement contact avec son corps. Il est allongé sur une surface moelleuse, entouré d'un cocon chaud et doux, ne sentant pourtant que son côté gauche être en contact avec cette surface chaude et moelleuse. Ses yeux captent alors le creux de son coude tout proche de son visage, sa main plus proche encore de ses yeux, remarquant la seconde juste derrière. Il ne comprend définitivement rien. Que s'est-il passé pour qu'il se sente aussi... faible ? Faible est le mot juste pour qualifier son état, oui. Il lui faut encore de longues minutes pour pouvoir ne serait-ce que bouger les yeux, remarquant plusieurs silhouettes floues et proches, une main glissant doucement sur sa joue pour dégager ses cheveux qui tombent sur son visage. Et inconsciemment, il s'accroche à ce geste, à cette sensation, se sentant revenir un peu plus au fils des minutes.

-Jeno ? Tu m'entends mon bébé ?

L'appelé fronce légèrement des sourcils, bougeant autant que son corps engourdi le lui permet, tournant la tête pour poser sa vision floue sur la silhouette la plus proche et qu'il présume être sa mère, poussant un soupir fatigué. Il n'a même pas la force de se poser réellement des questions, ni même de comprendre ce que lui dit la voix. Il ne la reconnaît même presque pas, ressentant juste qu'il s'agit de sa mère. Cette dernière continue ses caresses sur la joue de son plus jeune fils, inquiète, alors que son mari et Donghae partent à la recherche du médecin qui a ausculté Jeno. Karina, Yeeun et Doyoung restent dans la chambre, aussi inquiets que leur mère au sujet du plus jeune. Il est tout de même dix-huit heures passées, alors que Karina et Yizhuo l'ont amené ici à même pas treize heures. Il a passé de nombreux examens, et le médecin n'a pas été capable de leur dire ce qu'avait réellement le bêta sans approfondir ses recherches. Mais quatre heures pour faire de telles recherches, ça les angoisse. Est-ce que c'est grave ? Jeno aura-t-il besoin de soins ? Ou pire ? Ou autre ? Le médecin arrive, accompagné des deux membres de la famille venus le chercher, et sourit doucement en voyant le bêta réveillé. Il vérifie ses constantes et s'adresse à la famille, conscient de l'inquiétude qu'ils ressentent tous.

-Je ne sais pas quand les phéromones ne feront plus effet sur lui, mais j'ai pu avoir quelques explications sur la raison du comment.
-Comment quoi ?
-Comment un bêta peut-il être affecté par des phéromones ? Autant alpha qu'oméga, qui plus est. Jeno est-il proche d'un alpha et d'une oméga ?
-Oui, un alpha et un oméga de son âge.
-Oh, un oméga ? Ah.. ça change un peu la donne.
-C'est grave ?
-Non non, ne vous en faites pas. Seulement, les phéromones d'un oméga sont parfois bien plus puissantes que celles d'une oméga. Jeno semble y être particulièrement sensible, cependant.
-Et.. y'a une raison à cette sensibilité ?
-Je ne suis pas un expert sur ce sujet, mais je sais que ça a sûrement un rapport avec ce qu'il ressent lui. Un bêta sera toujours sensible à l'odeur de celui, celle ou ceux qu'il aime.

Un poids s'enlève des épaules de chacun, un soupir quittant les lèvres de plusieurs membres de la fratrie. Bon sang ce qu'ils ont eu peur pour leur cadet. À un point où ils auraient pu devenir des dangers ambulants à la simple idée que Jeno pourrait avoir quelque chose de grave. Ce dernier n'a d'ailleurs toujours pas repris contact avec la réalité, ses yeux vaguant dans le vide, presque refermés entièrement. Aucun d'entre eux n'avait entendu parler du fait qu'un bêta pourrait être sensible à des phéromones, même si celles-ci appartiennent à celui, celle ou ceux qu'il aime. D'un côté, ils sont rassurés de voir qu'il ne s'agit que de ça. Mais de l'autre, ils sont perdus et stressés. Est-ce que ça va être comme ça à chaque fois que Jeno sentira les phéromones de Renjun et de Jaemin ? Ou un moyen existe-t-il pour l'entraîner à y résister, et donc ne pas sombrer à chaque fois dans ce sommeil profond et presque effrayant ? Qui sait si Jeno ne se serait pas réveillé encore plus tard s'il était resté avec Jaemin et Renjun ? Le médecin leur donne une carte où un nom et un numéro sont inscrits, leur signalant qu'il s'agit là d'un médecin spécialisé dans ce domaine tout particulièrement, et qu'elle, elle aura toutes les réponses, ou presque, à leurs questions, contrairement à lui. Puis il sort après avoir affirmé à la famille que leur précieux petit ne risquait plus rien. Il faut cependant encore quelques minutes à Jeno pour s'asseoir, ses cheveux tombant devant ses yeux encore à demi-fermés. Il n'a aucune foutue idée de comment il est arrivé ici, et ça le frustre vraiment. De ce que son cerveau encore embrumé lui montre, il était dans cette bibliothèque où il se rend si souvent, et eux étaient là. Cet oméga aux yeux si expressifs et au caractère si changeant qu'il aime tout particulièrement. Et cet alpha aux cheveux bleus et au sourire craquant qui lui a tapé dans l'œil à la première seconde. Mais, où sont-ils maintenant ? Pourquoi ne les sent-il pas ?