Je me retrouve encore une fois à faire les cent pas, les mains tremblantes, un nœud dans l'estomac et le visage écarlate.
"Contrôle toi, contrôle toi..."
Rien à faire, le contrôle n'a jamais été mon fort. Surtout dans ces moments ou je suis plus proche du volcan en fusion que de l'être humain. J'inspire longuement puis expire, mais c'est encore une fois inefficace. Pendant ces accès de colère, ou mon cerveau et mon corps court-circuitent, rien ne me calme. Une voix derrière voix m'interpelle, et je devine aussitôt la suite.
"Arrête de me faire la nerveuse, tu fais pitié"
Mon sang ne fais qu'un tour et je me jette sur elle, prête à déverser toute ma haine.
Le bureau du proviseur est une pièce contiguë, du crépi jaunâtre fait office de papier peint et une odeur de spray à la menthe bon marché flotte dans l'air. Le propriétaire de ce lieu de rêve est assis sur une chaise trop grande pour lui, les bras posés sur un bureau également trop grand. Il me fixe en plissant ses petits yeux de fouine derrière ses énormes lunettes rondes, espérant peut être me mettre la pression ou me faire réaliser les "conséquences de mon acte". Pour tout effet, il obtient de me faire serrer les poings.
Une fois sont petit manège terminé, il me dit de sa voix geignarde:"Peut-on savoir ce qu'il vous a pris, Mlle Mars, de vous attaquer physiquement à une élève dans l'enceinte de cet établissement?"
Je hais le blabla administratif. Oui, j'ai frappé Karine. Pour ma défense, elle ne l'a pas volé.
"Elle m'a provoqué."
"Qu'a-t-elle fait pour subir un tel sort? Sachez que quelle que soit la réponse, un acte pareil n'est pas excusable au lycée."
Apparemment il venait de bouffer une dissertation de français. Ou bien il essayait de me rabaisser en faisait le bureaucrate distingué. Je penchais pour la deuxième option.
"Pourquoi essayer de me justifier si dans tous les cas je ne suis pas pardonnée."
Évidemment,cet entretien se finit mal. Dire ce que je pense est ma plus grande fierté, ils ne m'enlèveront jamais ça.
Je me retrouve à errer dans les couloirs sans but précis. Ces accès de colère sont de plus en plus fréquents, et j'ai beau me creuser la tête, je n'en trouve pas la raison. Peut être que les gens qui m'entourent font fausse route, peut être que ce n'est pas "quelquechose" qui provoque cette colère, peut être qu'elle fait tout simplement partie de moi, de ma personnalité.
Une voix criant mon nom m'interromps dans ma réflexion."Alors Kara, il t'a dit quoi le connard à lunette? "
C'est elle qui a baptisé le proviseur, Mr Perucchi, ainsi. Lolita est une de mes plus proches amies. La voir me redonne immédiatement le sourire.
"Exclusion deux jours plus quatre heures de colle"
"Meeerde... A ce prix là tu devrais filer quelques coup de plus à Karine."
Je ris. Quelques instants plus tard, le visage de Loli est grave, et je sais à l'avance quel sujet elle va aborder.
"Tu m'avais dit que tu allais te contrôler ce trimestre. Elle t'as fait quoi?"
"Je te dirais plus tard, j'ai pas envie de me prendre la tête avec ça maintenant."
Elle soupire m'attrape par le bras.
"Allez, viens on s'en va de ce lycée tout moisi"
Je la suis, apaisée, mais je sais qu'au creux de mon ventre, le monstre attend son heure...
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Anger my dear friend
Teen FictionÀ 17 ans, gérer ses émotions est loin d'être une chose simple. Kara se laisse de plus en plus souvent envahir par la colère et la violence qui font rage en elle, et pour combattre ça elle a trouvé une solution: Boxing Club. Elle va entrer dans l'uni...