Chapitre 28

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"J'ai fait un truc de travers pour que tu fasses la gueule comme ça?"s'enquit mon père

"Non c'est pas toi papa."

"Alors qui?"

"J'ai pas trop envie d'en parler pour le moment..."

"Comme tu le sens. Au fait je sais pas si je t'ai dit mais j'ai réussi à discuter assez longuement avec Kaleb la dernière fois. Il est venu alors que t'étais pas la, alors on a du faire un effort. Au final ça s'est bien passé. Il a changé, mais je reconnais tout de même mon fils."

Mon cœur se serre.

"Ah... C'est super!"fis je en tentant d'y insuffler de la conviction.

Mes pathétiques talents d'actrices lui firent lever un sourcil, mais il n'insista pas, et je lui en fut reconnaissante.

Depuis trois jours, il avait bien remarqué que j'étais sombre, que quelque chose n'allait pas. Ça manière à lui de me montrer qu'il était la pour moi, c'était d'être gentil, plus attentionné. Sa gêne naturelle l'empêchait de me demander de but-en-blanc ce que j'avais, et ça m'arrangerais bien.
J'avais cependant fini par raconter la scène de film qui s'était déroulée sous mes yeux à Loli et Sarah, et qui avait fait ressortir des ténèbres une foule de vieux démons. La conclusion à tirer de mon récit de leur part fût claire: "ton frère a merdé mais c'est ton frère et il t'aime, tu dois le pardonner même si il te faut du temps pour ça" et "reste loin de ce psychopathe d'Anthony ça a l'air d'être un aimant à emmerdes".
La vérité est que je n'en voulais plus à mon frère. J'avais trop souffert de notre séparation pour en risquer une deuxième. Ses choix de vie lui appartenaient, tant qu'il restait l'homme droit et bienveillant qu'il était. Mais je ne parvenais à pardonner à Anthony. En soit, il était encore jeune quand tout ça s'était passé, et je ne pouvais pas le blâmer puisque je savais très bien quel genre de conneries il était du genre à faire quand nous avions commencé à nous rapprocher. C'était le fait qu'il m'ait laissé croire, pire qu'il m'ait dit lui même, que si mon frère était parti c'est parce qu'il trempait dans des histoires de drogues. Alors que c'était sa faute. J'en avait voulu à Kaleb pour une faute qu'il n'avait pas commise. Et ce crevard n'avait même pas été foutu d'assumer le fait que c'était lui.

Ce qui me consumait cependant était bien pire que tout cela.
Depuis que je m'étais enfuie -car c'est le terme qui convient- Kaleb n'avait pas répondu à mes appels. J'avais dû lui en laisser une trentaine sans recevoir de réponse, or son téléphone n'était pas éteint puisqu'il sonnait. J'en devenais folle, torturée à l'idée que la livraison ait pu mal se passer, ou bien qu'il ne veuille plus entendre parler de moi. Et le dilemme que ça occasionnait rendait les choses encore plus compliquées: le seul à pouvoir me tenir au courant de la situation de Kaleb était Anthony, ce dernier étant également la personne à qui je voulais ne plus avoir affaire, et avec qui je m'étais engueulé - sachant qu'il était le genre de gars rancunier qui se venge toujours tôt ou tard.
Toujours en proie à l'hésitation, je décidais d'appeler Sarah.

"Allo? Sarah je sais pas comment réagir, je peux plus rester la sans rien faire comme une conne alors qu'une j'ai aucune nouvelle. Mais je me dit que si il s'était passé quelque chose de grave, Anthony m'aurait quand même prévenu, donc peut être qu'en fait Kaleb veut plus me parler..."

Cette possibilité était presque aussi douloureuse que la première hypothèse.

"Écoute, va voir ce Anthony et demande lui. La fierté n'a rien à voir la dedans puisque tu vas lui demander des infos sur ton frère, pas des excuses! Et même si il veut plus te parler, il va bien falloir que vous ayez une explication en face à face..."

"Mais tu comprends pas, y a moyen qu'il me rit au nez avant de me dire d'aller me faire foutre Anthony!"

"Et alors? Tu lui fait bien comprendre qu'il s'agit de ton frère et qu'il a quand même une dette à rembourser, ce con."

Anger my dear friendOù les histoires vivent. Découvrez maintenant