Chapitre 10

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Est ce que c'est vraiment une bonne idée?
Voilà la seule chose à laquelle je peux penser lorsque je me retrouve devant le club. Je réfléchis à tout ce à quoi je vais devoir faire face si je pose un pieds dans le bâtiment . Ainsi que tout ce à quoi je vais devoir faire face si je ne le fais pas, c'est à dire à ce côté de moi-même que je ne sais contrôler ni comprendre.
Un bras se passe autour de mon cou et m'entraîne vers l'avant brusquement. Je lève la tête et distingue Anthony, qui me dit simplement:
"Ça sert à rien de se prendre la tête tout le temps putain. Rentre, un point c'est tout."
Pourquoi pas après tout. Tentons la simplicité.

Le club est plutôt rempli, ce qui retient mon attention.

"Ils ne bossent pas? Ils sont vraiment là tout le temps?"

"Beaucoup font un taff de nuit, et pour ceux qui ne travaillent pas, ils font les sous autrement. Et d'autres sont employés par le boss, mais pas beaucoup. Le club est presque tout le temps ouvert."

Je ne fais aucune remarque sur le "ils font les sous autrement". Je m'en doutais un peu à vrai dire.

"Et toi?"

"T'occupes."

J'aperçois Seth au fond de la salle qui s'entraîne contre un sac, tête baissée. Le voir me procure encore une fois une sensation étrange.

"Bon c'est pas tout mais j'ai mieux à faire que te taper la discute! Et toi aussi d'ailleurs, on a tous envie de voir la revanche contre Karine"

Et il s'en va en rigolant. Et encore une fois, je ne sais que penser de lui. Ah, c'est vrai, j'oubliais! À partir de maintenant, j'arrête de penser tout le temps. Plus de prises de tête, keep cool. Super, j'ai l'impression d'être une hippie.

Je me dirige vers le "bureau" du "boss" pour discuter avec lui de mon inscription.

"Bonjour. J'aimerais m'inscrire pour six mois si possible."

Il ne laisse paraître aucune émotion quant à mon retour, ne fait aucun commentaire.

"Ok, pas de soucis. Tu préfères régler maintenant ou plus tard?"

"Plus tard si possible, j'ai rien sur moi la"

"D'accord. Ça fera 600€ les six mois, mais tu peux ne pas payer tout d'un coup, je m'en fous."

J'acquiesce, le remercie et me dirige vers Seth. Je me place dans son dos et lui chuchote brusquement à l'oreille:

"Frappe plus fort Mamie"

Il sursaute et se retourne en un éclair, pour finir par lâcher un soupir amusé en me voyant.

"T'a bien faillit me provoquer un infarctus. Tu sais à mon âge, je dois faire attention"réplique-t-il en me faisant un clin d'œil.

Puis il s'approche un peu plus près de moi - et oui, pour ceux qui se le demande, l'alarme rouge dans ma tête s'enclenche un nouvelle fois - et me dit avec un sourire en coin victorieux:

"Alors comme ça tu t'es inscrite?"

"Ouais. Pas trop déçu j'espère?"

"Loin de la. Allez, faisons de toi une guerrière, histoire que Karine ne prenne pas trop la grosse tête."

"C'est parti"

Sans doute que si j'avais été moins heureuse de le voir, j'aurais remarqué qu'il était l'après midi et qu'il n'était pas retourné au "travail". Peut être que quelque part je m'en foutais, ou refusais de me poser la question. Keep cool.
Le reste de la journée fut la vision que je me faisais d'une journée parfaite. Je fit la connaissance de tous les gars, repérant les têtes simpas et celles qui le semblaient moins; je me rapprochais de Seth qui m'enseignait les bases du combat, et tout ça dans le rire et les blagues douteuses.
Je les voulais déjà comme nouvelle famille, eux les déglingués, les perdus, les violents, les fêlés, les inadaptés à une société qui ne voulait plus d'eux. Il suffisait d'une journée à leur côté pour comprendre leur point en commun à tous, le fait qu'ils semblaient si soudés: ce club était leur échappatoire, tout comme il allait devenir le mien.
Et, pour tout vous dire, je m'y sentais déjà à la maison, chez les fêlés.

Anger my dear friendOù les histoires vivent. Découvrez maintenant