Anger my dear friend

Chapitre 7

Un brouillard épais m'enveloppe, je me sens oppressée. J'essaie de rassembler mes idées mais la douleur qui irradie l'un des côtés de mon visage m'en empêche. Je discerne à l'oreille des mouvements, des mots autour de moi, sans pouvoir totalement les comprendre, ce qui augmente mon angoisse. Difficilement, j'ouvre les yeux. Tout d'abord je vois flou. Puis, une fois mes yeux ajustés à la lumière, je distingue le visage de Seth et d'autres garçons penchés sur moi. Bordel ce que ça fait mal, j'ai l'impression qu'un marteau piqueur creuse un trou sur ma tempe. Seth me parle, tenant mon visage dans ses mains. Je dois me concentrer pour comprendre ce qu'il me dit.

"Ça va aller t'inquiètes pas Kara, on s'occupe de toi"

Tout me reviens d'un coup en mémoire. Le combat contre Karine, ma fureur, puis enfin la sienne et le dernier coup porté qui, semble-t-il, m'as envoyé dans les vapes. Une honte insoutenable s'empare alors de moi, et la présence de personnes, de Seth tout particulièrement, me devient insupportable. Je me relève brusquement, me retrouvant en position assise, mais des vertiges me prennent aussitôt et je le regrette. Ma faiblesse permettant au fléau qui me dévore de s'insinuer encore plus profond en moi. Je refoule les larmes qui me viennent et laisse aller ma tête bourdonnante sur l'épaule de Seth.

"Il faut que je sorte"je m'entend dire d'une voix sourde

"Met d'abord de la glace sur ta mâchoire" me dit l'une des silhouettes en me tendant une poche de glaçons

Je la prend puis me relève, m'aidant de la barrière qui entoure le ring. Ma vision s'obscurcit immédiatement, et mon corps semble me crier de me rassoir. Mais je décide d'attendre que les effets se dissipent avant de me diriger vers la sortie.
Alors, je la vois. Karine se tient sur le côté opposé du ring et m'observe. Mon esprit n'est pas assez clair pour que je puisse interpréter son expression, mais sa seule vision m'est insupportable. Après l'avoir toisée, je claudique hors du ring vers la sortie du club. Seth marche à côté de moi, il me scrute comme si j'allais m'effondrer d'une minute à l'autre. Sa présence me réconforte et m'emplit également d'une amertume immense. Il m'a vu me prendre une raclée monumentale. Tout est de sa faute, c'est lui qui m'a amené ici! Je me corrige aussi. Je ne dois pas faire peser le poids de mes frustrations sur lui. C'est moi qui ai merdé. Point final. Devant la sortie, l'entraîneur fume un cigare, observant la scène de loin. Une fois passée à côté de lui, j'entend sa voix dans mon dos me dire:

"C'est une défaite, mais un beau combat. Tu peux faire partie du club si tu le souhaites. La décision t'appartient."

Je ne répond pas. Une foule de sentiments contradictoires se bousculent en moi. J'ai réussi! Pourtant cette victoire est loin d'être complète.
L'air frais me fait du bien, je reste quelques instants immobile à savourer la brise qui emmêle mes cheveux et me caresse délicieusement le visage.

"Il a raison, tu t'es bien battue. J'espère que tu feras la bonne décision, malgrès ton sale caractère"

Je lui souris et m'éloigne, le cœur indécis et le corps douloureux. Je suis tiraillée entre l'envie de ne jamais remettre les pieds dans cet endroit malsain, et l'inexplicable attirance qu'il exerce sur moi.
Tandis que je pense enfin être seule pour pouvoir réfléchir, une autre voix interromps le cour de mes pensées.