Chapitre 4

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Je glisse lentement d'un monde à l'autre, à contrecœur. Je m'obstine et tente de rattraper mon rêve, mais celui ci s'est déjà échappé, il est trop tard. Je reste immobile sur mon lit, les bras en croix, les yeux fixés sur une tâche insignifiante au plafond. Je ne me sens pas prête à me lever. Si je le fait, je devrais ensuite affronter mon père, lui expliquer pourquoi je ne vais au lycée ni aujourd'hui ni demain. Et je devrais trouver une activité pour me distraire, alors que je me sens si vide d'énergie au moment présent. Je voudrais juste me rendormir, c'est trop demander? Et je souhaiterais qu'à mon réveil de ce long sommeil, tout soit réglé. Oui, bon, c'est peut être trop demander...
Je soupire et me lève brutalement. A quoi bon faire l'enfant, je devrais faire face tôt au tard.
Je descend silencieusement les escaliers. Mon père est à table, en train de déjeuner. Je l'observe un instant. Il est calme, le dos un peu voûté peu être.

"Je me suis faite exclure deux jours papa, je ne vais pas au lycée aujourd'hui. Je suis vraiment désolée de ne pas t'en avoir iparlé plus tôt, mais je savais très bien que tu serais en colère alors j'ai voulu repousser ce moment le plus possible..."

Il me semble qu'il s'est figé, que le temps même s'est arrêté. La tartine qu'il portait à sa bouche est emprisonné dans ce bras immobile, suspendu dans le vide. Puis elle se brise, sous la pression du poing.

"C'est une blague Kara, dis moi que tu me fais marcher! J'en ai marre de tes conneries, merde!! Quand est ce que tu vas te prendre en main et arrêter d'agir comme un enfant immature? J'ai beau t'expliquer, tu piges vraiment pas! Virer, maintenant tu te fais virer, mais c'est génial, bravo, félicitation. Vraiment bravo, tu t'es surpassée!"

Je reste un instant sous le choc puis enfile ma veste et sors de chez moi, toujours en pyjama. J'ai le cœur qui bat à 100 à l'heure, la gorge nouée et les mains tremblantes. Marcher ne suffit plus, je me met à courir. Il ne m'a pas écouté, il ne m'a même pas demandé ce qui s'était passé. Il a préférer gueuler qu'il était déçu de moi. Certainement pour me faire mal, il sait parfaitement ce qui me fait mal.
Et maintenant, que faire, où aller?

"Allô Sarah c'est Kara, je suis à la rue la et c'était pour savoir si je pouvais aller chez toi pendant que tu es au lycée"

"Merde, il s'est passé un truc avec ton père?" Me chuchote elle

"Je t'expliquerais. Alors c'est bon?"

"Bien sur bien sur mais..."

Une autre voix se faire entendre au téléphone. Je devine qu'elle appartient à son prof, et que Sarah va avoir des problèmes par ma faute... C'est le principe de la bande, on couvre les arrières de l'autre sans se soucier de soi, ou presque.
Je me sens quand même un peu coupable, même si je sais que Sarah se débrouille toujours pour manipuler ses profs de façon à ce qu'ils ne la punisse pas. La plupart finissent même par l'adorer.
Je prend le chemin de chez elle presque inconsciemment, l'habitude sûrement. Une fois arrivée je défonce la porte et entre. La journée s'annonce chiante à mourir. Je vais sûrement regarder la télé, manger, me torturer l'esprit à propos de mon père, m'ennui...

"AAAAAAH!!"

J'ai cru que mon cœur allait lâcher. Seth se trouvait juste devant la porte au moment ou j'entrais. Il a sûrement eu plus peur que moi vu le cri que j'ai poussé.

"J'ai eu la peur de ma vie, merde!"

"Qu'est ce qui t'a pris de gueuler comme ça, c'est que moi!"

Ça me fait bizarre de le voir après notre engueulade d'hier. Je ne sais pas quelle attitude adopter avec lui.

"Qu'est ce que tu fais là toi, t'as pas de maison ou quoi?"

"Toujours aussi charmante. Mes parents emménagent et ils pensent que je suis au taff."

Anger my dear friendOù les histoires vivent. Découvrez maintenant