19. Pleur🌺

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— J'aurais pu te le demander hier, ou même avant hier mdr, mais comment était ton week-end ?

— Normal. Je réponds

— Whouau, passionnant ! Ironise Jonh

— Non, c'était normal.

— Tu pourrais au moins faire semblant de donner plus de détails ! Le mien était énorme ! Sans les devoirs que finalement je n'ai pas pu faire, j'aurais pu être carrément aux anges.

— C'est quoi le problème avec les devoirs si tu ne les a même pas fait ?? Intervient Mhérienne confuse.

— Bah ma conscience. Je les ai pas fais même si je devais. Si c'était pas ça, mon week end aurait était dément ! J'aurais bien profité.

— Ah, je ne savais pas que tu avais, une conscience. Quelle bonne nouvelle !  Le taquine t-elle

Aymhar s'amuse de leur chamailleries mais ne dit rien.  Comme lui, mon coeur n'est pas très bavard aujourd'hui. Il ne me parle pas. Il me boude sûrement. Et je n'arrive pas à m'incruster dans les conversations. A vrai dire, aujourd'hui rien ne m'intéresse.

A la transition des cours du matin et du soir, je me faufile hors de la classe pour me diriger vers le coin de l'arrière gauche du lycée. D'habitude, même en étant vide de l'intérieur, le moral dans les chaussettes, mon visage arrive à être plus gai que ça. Tout le monde a droit à ses vacances et je suppose que ce sont les siennes.

Je contourne le bâtiment et m'assoit dans un recoin encore moins exposé que les autres. Je sors un cahier et l'ouvre, au cas où on me surprendrait ici seule, et pour me trouver une excuse. Je commence par lire quelques lignes, puis me perds très vite.

D'ordinaire, les citations de philo me captivent plus, mais ce n'est sûrement pas le bon moment. Sans me donner de départ, je commence à pleurnicher comme une gamine. Après tout, je le suis un peu. Il pleut dans mes yeux, et je crains l'orage. J'ai peur de ne pas être assez forte pour surpasser tout ça. Tous mes mauvais souvenirs. Et mon cœur qui me condamne. Je n'aime pas pleurer, c'est pour ça que je me cache. En me cachant, j'ai l'impression de ne pas me voir, de ne pas pleurer. Mais comment se cache t-on à soi ses propres larmes ? Est-ce qu'on y arrive vraiment un jour ?

Je pleurniche, et mon cahier me regarde, m'assiste, prends même des larmes perdues. J'aurais aimé qu'il soit le seul à regarder mon pleur.

— Hey ! pourquoi tu pleures !? S'invite Aymhar, en me surprenant.

— Je ne pleure pas t'inquiète. Dis je essuyant mal mes larmes, mais il s'assit.

— Allez. vas y, parle.

— j'ai beaucoup de choses à dire et je ne pense pas que tu veuilles m'écouter. Dis-je toujours en masquant mal l'intonnation imbibée d'incohérence de ma voix.

— Bien sûr ! C'est toujours intéressant de t'écouter Almyne. S'adoucit il, avant de reprendre. C'est un chagrin d'amour c'est ça ?

Intéressant, hein...

— Non, plutôt le contraire, dis-je en reniflant.

— Tu pleures. Je n'aurais jamais pensé que tu puisses le faire. Surtout comme ça.

— Alors quoi ! Tu es déçu ?

— déçu ? Non ! Tu me surprend simplement. La surprise ce n'est pas la déception, il y'a une grande nuance entre les deux. Tu me surprends, je te dirais pourquoi après. Pourquoi tu pleure Almyne ?

— Je ne m'en suis jamais vraiment rendu compte mais je suis une mauvaise personne, qui ne fait que du mal autour d'elle, et qui déçoit. C'est triste de l'apprendre. C'est tellement vexant.

— Almyne, ne me fais pas dire que tu es gentille, adorable, intelligente, et trop de choses. Tu devrais déjà le savoir. Mais s'il y a une chose que tu ne dois pas savoir–enfin deux– c'est que tu es la fille là plus paisible et aimable de mon existence. Et ne crois pas que je dise ça pour te flatter. Tu sais que je déteste les compliments de base. Annonce t-il dun ton réfléchit et taquin.

— je sais, pleurais- je, faiblement cette fois. Tu as dit qu'il y a deux choses que je ne sais pas. C'est quoi la deuxième ? Me concentrais-je sur ses mots pour oublier mes larmes.

— Justement, j'ai quelque chose à te dire... mais bref un autre jour.

—Pour qu'après tu me fasse le coup du "j'ai oublié je ne sais pas de quoi tu parle ?" Dis je sérieusement, malgré moi.

— Non t'inquiète, s'amuse t-il. Ça je te le dirai vraiment... pour l'instant arrête de pleurer, c'est déstabilisant.

Nous sommes retournés en classe, en faisant un tour vers les pompes. Puis les cours ont fini et nous avons fait notre route habituelle de marche, pendant laquelle il a essayé de me changer les idées.

Je rentre et me débarbouille. Pas de téléphone aujourd'hui. Je commence à m'accorder avec maman : le téléphone c'est toxique. Pas seulement à cause de ses ondes electromagnétics. Mais ses ondes toxiques que répandent les messages des utilisateurs. Je commence à en perdre l'envie. Mais la vrai vie n'est pas moins toxique non plus. Hier, lorsque j'ai marché avec Androine, j'ai vu une déception, une peine apparente que mon téléphone m'avait bien épargné. Une tristesse mêlée à de la détermination que mon Android avais pas pu me montrer. J'ai ressenti alors les choses plus vivement. Plus réellement. Plus profondément, lorsqu'il m'a dit qu'il me voulait moi. Lorsqu'il m'a supplié d'accepter son "amour", de "Nous" laisser une chance.
Sans humanité, je n'ai pas scillé, j'ai refusé, parceque j'ai préféré ne leurrer personne, ni lui, ni moi. Pour ça, j'ai été méchante. C'est devenue une habitude.

Je sors de ma chambre, et vole un encas au frigidaire. Je me dirige vers le dehors, la terrasse, et Jack est au rendez vous. Un rendez vous non fixé, mais il y est quand même, la mine dure de mélancolie. Je n'aime pas le voir ainsi, mais juste aujourd'hui je ne m'y attarde pas comme je l'aurais auparavant fais.

—Tu vas devenir obèse à grignoter toutes les secondes de ta vie comme ça. Me lance t-il en camouflant sa voix amère.

— Mais tu sais quoi, la nourriture est ingrate et sélective. Elle remplit le corps mais pas l'esprit.

— c'est parceque l'esprit mange autre chose que ta bouffe de mauvaise qualité.

— Ah oui ? Et l'esprit mange quoi, le plus souvent ?

— Les mots. Je suppose. Me répond t-il distrait.

— ...Et si les mots ne sont pas ceux qu'on aime entendre. Et si ils sont de mauvaise qualité, qu'est ce qui arrive à l'âme ? Redoutais-je la réponse.

— C'est comme pour le corps. Il s'épuise. En devient malade, peut en mourrir. Néanmoins, le remède n'est pas si facile à trouver, que celui du corps.

Voilà. J'ai eu raison d'avoir peur de la réponse. La base de toute ma fragilité serait donc mon esprit faible, et mal nourri.

— Pourquoi tu me dis ça ? Tu aurais pu rendre la réponse plus jolie. Me plaint-je sans lier l'acte au mot.

— C'est toi qui a demandé... et puis il faut croire qu'aujourd'hui n'était pas le meilleur moment pour me poser ce genre de question...

— Je pense que si tu n'étais pas aussi fier, tu serais en train de pleurer, là maintenant.

— Quelle perspicace petite sœur tu fais.

— Jack, Cindy... chuchotais je.

— Quoi Cindy ? Répond t-il, epuisé de l'intérieur.

— Elle me manque aussi.

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant