21. Quelquechose🌺

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Ce soir là, j'ai pleuré dans mon coin, seule dans ma chambre, le ventre vide comme mon âme. D'ailleurs j'ai pleuré bel et bien pendant trois jours. Je n'ai pas seulement pleuré par mes larmes, j'ai pleuré par mon état. J'ai déprimé pendant presque deux semaines avant de retourner aux vieilles habitudes hypocrites de mon visage. 

Pendant ces presque deux semaines j'ai fait le point sur mon ressenti. Pourquoi cela me faisait si mal d'entendre ses mots d'Aymhar. Il fallait que je remonte plus haut.

Pourquoi Aymhar était– ou est– mon meilleur ami ? Parceque pendant les trois ans seulement de notre amitié j'ai partagé plus de choses avec lui qu'avec Lianne, ma propre sœur. Parce que dès le début de notre amitié déjà je lui décelais une personnalité atypique et aimable. Aymhar était l'ami parfait : nous avions énormément de centre d'intérêts –rare à trouver chez un garçon il faut le préciser.

J'aimais l'ambiance et la réflexion de mes dicussions avec lui, nous étions complémentaires à un certain niveau, et, l'élément le plus important, Ahmhar ne m'aimait pas. Pas amoureusement. Je savais reconnaitre ceux qui avaient une tendance aux n sentiements amoureux, et Aymhar n'en faisait juste pas parti. Il ne m'avait pas approché avec des idées derrière la tête. Il était simplement lui. À quel moment avais-je échangé mon ami contre un amoureux ? Je n'en sais trop rien, mais j'ai du y être pour quelque chose.

Nous sommes a 1 mois des examens. Je me concentre du mieux que je peux et la vie a peu à peu repris son court normal; Androine qui insiste. Harlick qui me hante. Lyan qui vit. Natian qui "m'attends". William qui simule. je devrais peut-être songer à leur écrire une lettre un jour; leur verser ma culpabilité et mon ressenti au visage... Quoiqu'il en soit c'est tout ce que je remarque : rien n'a vraiment changé, sauf une seule chose peut être.  

— Almyne, tu viens ? si on ne part pas tout de suite au foyer, j'en connais une qui nous brulera vif juste avec ses yeux et sa faim. me pointe t-il Mhérienne du pouce.

Comment ne pas mentionner le comportement d'Aymhar qui justement n'avait pas tellement changé ? Depuis ce jour j'ai senti une immense peine en lui, dans ses façons de faire, dans tout. Pourtant, si je n'avais pas été l'un des personnages principaux, je ne me serais sûrement jamais souvenu de l' " incident" de ce soir-là. Il ne le mentionnait jamais. Je m'étais naturellement attendu à quelques pressions et insistances de sa part, mais rien. Aymhar agissait comme l'ami qu'il avait toujours été.

— Aymhar, je pourrais récupérer mon bracelet ? celui que tu m'as donné...

Valorisait-il autant que moi cette amitié qui était la nôtre ? Avait-il préféré garder son amie coute que coute, même au détriment de son "amoureuse" ? 

— Bien sûr, je te l'apporte demain. Tu vas enfin récupérer ton cadeau.

Avait-il cet égard pour moi que je lui soupçonnait déjà et qui l'avait poussé a res-pec-ter ma réponse ? étais-ce là la raison de son comportement si paisible, pacifique et normal ? ou étais-ce juste naturel chez lui de camoufler les choses et ses sentiments, de faire comme si rien n'avait été ?

— Merci, un cadeau pareil ne se garde pas en intérieur. Surtout pas chez toi !

Je ne le saurais peut-être jamais. Ce que je dois avouer cependant, aussi improbable que ca puisse l'être, c'est qu'après sa déclaration et mon refus, on est devenu plus proche encore. Comment ca se fait !? j'ai arrêté de me poser la question. Quelque chose s'est produit au lieu de se cassé, même si cela me perturbe, je ne serais pas celle qui m'en plaindra. 

— Et voilà une journée de plus achevée, je les compte depuis un bon bout de temps maintenant. Soupira Jonh l'air epuisé.

— Comme si tu faisais quelques chose. Ne nous distrait pas, pardon. Réplique Mhérienne toujours au rendez-vous.

Et il s'en suit une énième chamaillerie de groupe pendant laquelle Aymhar et moi nous tennons prudemment à l'écart, histoire de ne prendre le partie de personne, juste cette fois. Finalement, je termine le parcours avec Ahmhar, comme d'habitude.

— Tu es d'accord avec le prof toi ?  " Le mot n'exprime pas la pensée ". Je veux dire quoi de plus fiable que le mot pour expliquer la pensée. Même si il a quelques lacunes c'est avant tout par là qu'on communique le plus aisément. Alors tu es d'accord avec lui ?   Commence Aymhar au milieu du parcours.

Sa réflexion m'amuse. Non qu'elle n'est pas pertinente, mais le sérieux avec lequel il l'évoque est amusante.

— Déjà ce n'est pas le prof qui l'a dit mais Hegel, m'amuse-je. Ensuite parle pour toi. Qu'on parle le plus souvent avec des mots ne veux pas dire que c'est par là qu'on communique le plus aisément. Moi je préfère écrire moi, tout comme d'autre serait plus à l'aise en dessin ou qu'en sais je. Tout ça ce sont des communications.

— Ah toi et l'écriture ! Incorrigible. Mais je vois, tu peux avoir raison. Cependant quoique tu dises, parmis tous les moyens de communications qui existent la parole ets quand même la plus utilisée au quotidien. L'important serait donc de s'y familiariser, non ? De se forcer à y être à l'aise, vu qu'il exprime plus évidement ce qu'on souhaite dire.

— Tu veux tuer l'art ou quoi ? Je pense que c'est justement parce que la parole à de grandes lacunes qu'on peux admirer de beaux chef-d'œuvres de peinture, de magnifiques romans, de dessins sensationnels. Parcequ'il y a des gens qui ne communiquent que par là, faute de savoir s'y prendre avec les mots oraux. Dis-je en pensant vraiment mes mots avant de reprendre. En plus tu devrais le savoir mais les mots sont très limités.

— Ou peut être que c'est la pensée qui l'est.

— Tu veux comparer une antité naturelle et extraordinaire, a une invention de l'homme par le dictionnaire ?

— Ce n'est pas parcequ'elle est naturelle qu'elle n'a pas de défauts. Réplique t-il.

— Si c'est le cas, alors les mots ont encore plus de lacunes que la pensée. Il n ya pas toujours les bon mots pour décrire quelques choses. Il faudrait en ajouter au dictionnaire. Mais bon j'imagine que si nos émotions étaient plus comprise par nous même, on aurait plus de facilité à  les exprimer.

— Il faudrait donc corriger sa pensée pour mieux parler. Jetter la faute à l'esprit plutôt qu'aux mots.

— Yep, comme le prof la insinué.

— Remarque ça pourrait paraître insensée mais c'est peut être la clé au final. Dit il  en fixant le ciel, dans sa réflexion.

Je lui trouve un air particulièrement appaisant et captivant aujourd'hui.

— Et puis N'oublions pas ! Le lapsus de la parole pourrait aussi résider dans sa promptitude ! Par exemple, pourquoi tu préfère l'écriture ? Me demande t-il.

— Hum parcequ'avec elle je suis plus posée. J'ai le temps de décrire aussi intensément que possible un sentiment, une histoire. J'ai tout le temps et les mots pour m'exprimer, les tournures, les figures de styles, tout en même temps si je veux.

— Voilà ! Avec la parole c'est du tic au tac. Si tu oublie un mot ou que tu ne le connais même pas, ben tu le remplace par un equivalent. Si tu n'a pas le temps d'analyser quelle figure de style décrit le mieux ton histoire ou ton ressenti, bah tu le dis aussi simplement que tu le peux. C'est ça qui crée la fadeur de la parole ! Et tu vois par exemple, quand...

Je l'observe, plus attentive à ses gestes qu'à ses mots. A son mince sourire, qu'à  son speech presque passionné. C'était ma routine depuis quelques jours : admirer Ahmhar  dans son entièreté. Je l'admirais déjà. Mais cette fois il ya  quelquechose de plus profond. De plus bouleversant.

En le regardant, en l'écoutant, en le côtoyant, il se développait déjà quelquechose en moi. Ce quelque chose qui m'effraie au lieu de me séduire. Ce quelque chose que coûte que coûte je devais dénier.

Ce quelque chose...

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant