17. Suspicion🌺

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Une journée encore pleine de soleil et de chaleur. Ais- je déjà mentionné que je déteste la chaleur ? Habituellement, je suis assez tolérante, mais le soleil de ce matin brise mes limites. Éventails de fortune en mains, toute la classe vente comme il peut pour échapper aux dégâts du soleil. Autant dire que ma concentration en a pris un coup. Monsieur mon prof de construction, lui même touché par le fléau, continue sa lutte sourde et fournist son cours, ou du moins essaie.

Je demande une permission de sortie, chose que je fais rarement, et 5 minutes après lorsqu'il me l'autorise, je me retrouve à vadrouiller dans les couloirs peu peuplé du lycée. Après quelques secondes je vois Androine, dans la même lancée que moi.

— Mademoiselle sèche les cours ? Wouah qui l'eu cru. Entame t-il.

— Ouais et dis moi qui est le saint dans cette histoire ? Celui qui discute en ce moment avec moi et qui ne se trouve pas en classe. Dis je exaspérée par la chaleur, mais un brin d'air taquin.

— Avouons que cette chaleur a de quoi rendre coupable un saint comme moi ! Réplique t-il

— Un " saint comme toi " ?? Laisse moi rire, y a des gens qui y croient vraiment ? M'amuse je spontanément, avant de reprendre. Et si on demandait au surveillant labas, près de l'administration ? Dis- je en désignant la bête noire d'Androine.

Ces deux-là sont comme chien et chat. Ce surveillant là adore punir Androine dès qu'il le trouve dans une situation favorable, même quand il n'a pas vraiment tort. Et lui n'hésite pas à toujours le critiquer quand il est dans les parages. Bref ils s'adorent, mais dans le mauvais sens. Mdr.

Et comme prévus dès qu'il voit de qui je parle, il commence à parler de la noirceur du cœur du surveillant, de sa méchanceté, et plein d'autres défauts que lui seul voit concrètement. Et on finit par changer de trajectoire. Mauvaise idée. J'aperçois Wyll longer la piste perpendiculaire à la notre, et je ralentis instinctivement le pas, voulant faire demi tour. Je ne sais pas d'où me vient cette tendance à toujours m'enfuir. Je pense que je l'ai acquis récemment. Apres tout, c'est beaucoup plus facile...

Un air désolé tenace sur le visage, j'atteins son niveau et l'on se croise. Contrairement à mes craintes, il n'a pas l'air mal à l'aise, ou triste. Je remarque en effet un air assez mélancolique qu'à force de l'avoir associé directement à lui, je ne sais pas si il est réel ou pas. Mais rien de particulier. Il me salue, comme à l'accoutumée.

— Salut Mynette comment tu vas ? Me sourit-il.

Je réponds. Un jeu d'actrice parfaitement collé à l'âme. Mon talent m'étonne, mais je le salue très naturellement sans néanmoins en faire trop. On se regarde. Je lui fais une blague relative à son logo un peu différent des autres uniformes. Un défaut de fabrication de sa chemise. Il me parle de cours, de profs, et j'alimente comme je peux la conversation. Même Androine s'incruste. D'un coup, je pense même avoir retrouvé un semblant de notre complicité. Et tout va bien.

Mais vous savez, quand tout va toujours bien, parfois c'est que ça ne l'est pas. Sur le moment, je me dis que je ne serai jamais plus en paix avec cette histoire. Que lorsque je sentirais les ondes morose et triste de Wyll, je me torturerai de culpabilité. Et quand je le verrai trop heureux, trop normal, je me dirai que c'est de la fausseté.

La conversation est finie. Je me retrouve de nouveau avec Androine et mon talent de tout à l'heure s'évince. Ma mine est un peu plus pâle et suante. J'accuserai bien la chaleur, même en sachant qu'elle n'est pas l'unique responsable. Je fais un bout de route avec Androine vers la pompe, puis me décide à revenir en classe et achever le supplice du cours.

Ce soir encore, en m'ennuyant devant mes devoirs un peu trop compliqués, je me laisse distraire par mon téléphone. Je remarque immédiatement le message d'Ayhmar et y répond à la vitesse de la lumière. Il faut croire que ce n'est pas tous les jours que monsieur se décide à se servir de l'application verte de messagerie qui orne son téléphone. Pour une fois qu'il n'a pas mis son tel en mode avion !
Je profite pour lui demander des nouvelles de mon cher bracelet, et même pour voler son aide sur quelques un des exercices de physiques.

Après le record de 4 heures connecté, monsieur me tire la pipe de trouver le reste des exercices, puis s'absente pour de bon. Androine ne me laisse pas pleurer son départ et m'écrit tout de suite après. Je me retrouve finalement à jouer au jeu des 5 mots et une histoire. Comment j'en suis arrivé là mdr !?

"  - Vas y c'est à ton tour maintenant 😂
Humm Ecole, catastrophe, pomme, motards, robe
23:05

Andro : *Audio* 23:09 "

Il aurait réussi de justesse si il n'avait pas oublié le mot robe. Mdr ! Après ça il s'absente et profite pour me laisser parler avec Lou, sa petite sœur. Sans que je ne me sois rendu compte, la situation avait vite viré dans un terrain assez bizarre.

" Andro : Mais dis, il se passe quelchose entre mon frère et toi ? 🥺allez dis moiiii
23:21

- Hein ? Comment ça ? 👀    23:22

Andro : Bah tu peux bien me le dire hein ? Je serais bien contente que tu sois ma belle sœur moi 😁
23:23

Lou, pour son jeune, aimait trop regarder des films à l'eau de rose, et romantique. Peut être était-ce l'explication à ça.

- Il ne se passe rien. Pourquoi tu dis ça en fait ?
23:24

Andro : Owh ! Désolée alors 🤭 c'est que Androine parle tout le temps de toi, même que dans sa messagerie tu es celle à qui il parle le plus, tu es en premier sur la liste !
23:25

- Oui mais ça veux rien dire Lou, parfois lui aussi est en premier chez moi, des fois on parle juste beaucoup.
23:25

Andro : Ben et puis il est tout concentré et de bonne humeur quand il t'écrit, si ça c'est pas beau 🤧  
23:26

- 😅Arrête d'analyser ton frère. En plus tu te trompes certainement !

Andro : Bon ben si tu dis qu'il n'ya rien
23:26

Oh il arrive, j'efface les message !
23;27

*Audio* 23:29 "

Mais quelle vitesse celle là ! Elle efface même les messages. Je crains que l'esprit de la télé et du banditisme  ne l'ai contaminé. Néanmoins, je me demande à quoi elle fait allusion. J'espère bien qu'elle se trompe, Androine ne peut pas... bref ! Peu importe,  j'ai des devoirs à terminer moi, et une possible interrogation demain ! Pas le temps pour ça. Hop au travail, il est déjà minuit.

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● Et dans son monologue à son interlocuteur, elle se souvint du temps où elle savait rêver. Elle étira un sourire plus triste que le monde et dit à l'homme aux yeux incolores : C'est si triste de ne pas vivre dans un film, n'est-ce pas ... Vivre dans la vraie vie, c'est tellement triste. Est ce qu'on arrive à s'en remettre un jour ?

Extrait d'Une émotion boréale – Hatiel Rholpes

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant