Pensée 1 : Harlick 🌺

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Harlick, si en recevant cette lettre et en la lisant tu perçois quelques gouttes sur le support, c'est que mes larmes sont parvenus à traverser le temps, à  défier le papier, juste pour t'atteindre.

Je porte en moi une larme qui se balade parmi tant d'autre, pour tout ce que je t'ai fait récemment. Pour la façon dont je t'ai changé, à mes yeux du moins.
Sais-tu le poids qu'une larme peut exercer sur l'être ? J'en ai des milliers en moi, dont quelques unes pour toi.

Je suis désolée, désolée de nous avoir brisés si durement. Crois le ou non, j'en ai autant souffert que toi. Excuse moi, peut-être pas autant, mais j'en ai bel et bien souffert, si cela peut te rassurer. Pour tout te dire je n'ai pas grande mémoire de notre belle enfance. Je suppose même encore qu'elle était belle parce que de toi, je n'avais que de bons souvenirs qui ont perduré au dedans moi, comme avec le même rôle d'un feu de bois réchauffant dans le froid. Je me souviens de quelques images, de quelques vidéos mentales de ce à quoi ressemblait nos présences mise ensemble. Je me souviens vaguement des rires, des arbres autour, de nos camarades, du sable, de ton visage, de tes mots lorsque, quand le blues me prenait, tu mettais ta cape de héros, même pour les plus petites choses. Surtout pour les petites choses. Je me souviens du contraste entre ta robustesse et ta douceur d'âme, je me souviens que c'est ça qui a l'époque, et peut être encore maintenant me frappe le plus. Il y a cependant une image qui chaque fois me vient quand ta pensée me submerge : celle de ma petite tête posée frêle sur ton épaule au préau de l'école. Quand autour, les regards semblaient moqueurs pour je ne sais quelle raison, tu m'avais rassuré de les ignorer, de continuer à squatter gentiment ton épaule accueillante. Ce geste là était sûrement symbolique et de toute notre enfance cette image en est le beau résumé. D'aussi loin que je me souvienne tu as toujours été là. C'est amusant parce qu'a ce moment là déjà je me pensais dans un film à l'eau de rose avec toi, je me rends compte maintenant à quel  point j'étais si petite pour penser à ça. Je suppose que c'était l'innocence de l'enfance. Tu as rendu ma maternelle bien plus agréable que tu ne le penses, jusqu'à l'instant où tu as du t'en aller, à la capitale. Je ne m'en souviens même pas très bien Harlick, mais sans surprise ça a du être très dur. Et puis je m'y suis fait, sans pour autant vraiment t'effacer. Après tout même quand on le veut, les amis de qualité ne s'efface pas, surtout quand ils s'incrustent dès le jeune âge.

Imagine alors  ma joie, ma surexcitation, quand j'ai cru finalement te retrouver ! Ce n'était pourtant pas pour te blesser à la fin, que j'avais assommé Warnet de questions à ton sujet. Ce n'était pas pour finalement te froisser et te perdre. J'espérais les choses bien autrement à ce moment là. J'ai été heureuse que tu me reconnaisse, je t'en aurais d'ailleurs un peu voulu si ça n'avait pas été le cas. Mais là a commencé la mauvaise partie de l'histoire. Celle que je regrette. Tu es venu avec les mêmes intentions qu'auparavant et, que c'était charmant de savoir que plus ou moins rien n'avait changé ! Pendant tout ce temps sans nouvelles, pensais-tu certaines fois à moi ? Ou était-ce simplement le fait de me retrouver qui t'avais rappellé de beaux souvenirs ? Si toi, au court de cette période d'absence, tu as contunié d'être la personne aimable que tu étais, moi en revanche j'ai régressé humainement parlant. Ma confiance en moi laissait à désirer. Et puis j'ai eu peur que tes sentiments ne soient pas réels. Que tu sois resté dans la candeur du passé sans prendre en compte celle que j'étais maintenant. Ça se voyait au temps que tu as pris pour me confier ta vison de nous. Quant à moi, j'ai simplement voulu retrouver Harlick, examiner comment il avait grandi, comment il a avait changé, comment il avait vécu, ces dernières années. Mais je ne pense pas que nous étions sur la même longueur d'onde et en même temps, je ne voulais pas construire quelque chose sur le cliché des " premiers amours "  qui se retrouvent, quoique ça aurait été très beau... Je ne voulais pas que tu te rendes compte que tu aimes moins celle que je suis devenue que celle que j'étais. Alors j'ai simplement refusé. " Simplement ". Si je te dis tout ça maintenant, réalise que ce n'était pas si clair sur le moment.

Alors. Qu'as-tu ressenti lorsque de façon inattendue, je le devine, j'ai désillusioné tes espérances ?
T'es-tu senti froissé ? Vexé ? Incompris ? Rejeté ? Pas assez aimé ? Je suis désolée Harlick, pour tout ce que j'ai pris en toi, si jamais je l'ai fait. Tout ce que j'ai abattu de mes mains comme espoirs. Est-ce la raison pour laquelle tu es devenu si froid ? Ou c'était ta façon de me pardonner ?... Je suis désolée d'avoir vu cette facette si peu réaliste de toi. Je t'en veux encore pour ça d'ailleurs, mais je ne suis certainement pas en droit. Clairement.

Quelque soit nos rapports aujourd'hui, je crois que volontairement ou pas, je n'oublierais jamais le sentiment de confiance, de sécurité  que j'ai toujours ressenti avec toi autrefois. J'ai partagé avec toi les premiers instant de ma naïveté d'enfant, de mon innocence, de ma spontanéité, et je crois que ça ne s'oublie pas.

Ah ! Harlick. Comment te dire que la place que tu as occupé dans ma vie continue d'être aussi béante que complexe ? Comment te dire que pendant encore longtemps sera gravée l'image figée qui me ramène à toi ? Comment te dire que la nostalgie relative à nos moments me tue de regrets, ne pouvant pas remonter le temps ?

Harlick.

Har-lick.

C'est étrange, tu ne sauras jamais ce que ton nom m'inspire. Ce qu'il m'inspire chaque fois que je le prononce. Souvent j'ai peur de le prononcer par peur d'éparpiller mon cœur. Tu ne sauras jamais ce que ton prénom m'inspire lorsque ma conscience le prononce. Lorsque je le vois apparaitre sur l'écran de mon téléphone. Ce qu'il m'inspire lorsque ces lettres dansent en moi pour me narguer, ou m'épuiser peut-être.
Ton prénom m'inspire simplement toi. Un toi ancré en moi trop profondément et superficiellement à la fois. Un toi bien défini, inégalable à ce que pourrait m'inspirer d'autres prénoms. Lorsque je le vois, mes poumons s'arrête de me faire respirer. Puis je prends un grand souffle pour me donner le courage de continuer.

Alors voilà ce qui me reste de toi Harlick. Regarder ton nom sur mon écran, m'affolé bêtement puis pourpenser sur les raisons de ton message. "Peut-être est-il de bonne humeur"  "peut-être nous continuerons de parler, comme avant, "cette fois c'est sûrement la bonne ", taper sur ta conversation, répondre à ton message, continuer, et finir plus morne qu'à l'entrée. Désabusée, et triste. C'est ça qui me reste de toi. Pourtant je ne t'en veux pas. Je comprends qu'être la cause d'un aussi grand chagrin en moi, veut dire que je t'en ai donné plus.

Pour ça. Je suis sincèrement désolée. Pour toi, d'avoir lésée tes attentes. Et pour moi, de t'avoir perdue.

Si, ou quand, tu liras cette petite lettre Harlick, lis la attentivement. Ne fais pas attention à mes justifications, au passé qui me tourmente, souligne plutôt mes sincères excuses, mon regret, et tout l'amour chaste que je te porte.

Affectueusement, Almyne.

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant