Pensée 0 🌺

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Je marche, sans pour autant savoir où me guident mes pas. Mon regard semble vide, je le devine parceque c'est exactement comment je me sens : vide, affreuse. Je sens en moi un écho terriblement raisonnant qui me rappelle que si je tombe au dedans de moi, je n'ai rien à quoi m' accrocher.

En faisant quelques pas en avant je remarque un fossé truffés d'obstacles, d'épines, de pièges. Une corde toute au-dessus, de la longueur du fossé, la survole comme pour le faire visiter à qui le veux. Je ne suis pas idiote, si je saute et me laisse glisser le long de cette corde, ce n'est pas une simple visite que je ferai, mais peut-être un voyage vers la mort. Mais à l'instant, une force subite me fait avancer et je ne l'en empêche pas.

C'est juste avant d'avoir sauté que je remarque une petite foule derrière moi.  Aymhar en fait partie. Il me semble que l'on est en plein milieu d'une route, dans le centre ville,  mais bon sang que fait ce fossé en pleine route ?

Trop tard. Et peu importe. Ma main glisse déjà sur la corde coriace à petite hauteur du fossé. Je ne sais pas ce qui m'a pris, maintenant le prochain obstacle qui m'attends est un énorme rosier avec de grosses épines. J'entends Aymhar crier d'inquiétude. Il me demande ce que je fais, mais je n'en suis moi même pas consciente. Ou peut- être que si.

Un inconnu de la foule se met à ma poursuite mais je peine à vraiment le reconnaître. On a à peu près le même âge, et il porte mon uniforme alors je devine que nous sommes du même lycée. Il saute et appelle mon prénom. Mais qui est-ce ? Je ne le connais même pas, je l'ai déjà vu, mais je ne le connais pas.

Je m'écorche le visage et le reste du corps en traversant les épines et j'étouffe une interjection de douleur. Ça fait mal mais je pense que je le mérite. Aymhar se lance alors tout de suite dans le fossé, le visage dur et instable. Je commence à avoir peur, à regretter de l'avoir embarqué dans cette sordide idée suicidaire, et pourtant j'attends les prochains obstacles avec impatience. Il rattrappe l'inconnu de la foule qui s'est heurté aux épines et le passe pour venir me rejoindre à toute vitesse. L'air affolé il me lance un "qu'est-ce que tu es en train de faire !" du regard, mais mes pupilles vides sont les seules à lui répondre.

Sans que je ne puisse faire quoique ce soit, il me passe de sorte à faire face aux obstacles du fossé. C'est une série de miroirs brisés qui nous attends cette fois. Mais Aymhar est celui qui encaisse tous les éclats à ma place, en me protégeant. J'entends son cri, et il siffle à mes tympans, en atteignant directement ma conscience. En dessous de nous, dans le fossé il y a des épées a vif, ce qui nous interdit de tomber. La seule option est donc d'arriver au bout de la corde.

J'essaie de comprendre la réaction d'Ayhmar mais en vain. Il m'a avoué des sentiments, je lui ai fait tellement de peine, mais il a quand même sauté. Pourquoi ? Je suis tellement méchante.

Tellement

Tellement 

Sans m'en être rendu compte, je me retrouve immobile, sur la corde. Le trajet est terminé mais je suis vivante, et indeme comparé à Aymhar qui est horriblement contisé. Je ne réalise alors que maintenant la portée du geste que j'ai fait, et mon regard retrouve ses couleurs pour voir le rouge sur le visage d'Ayhmar. Je me suis rendu compte qu'en fait, je ne voulais pas mourrir, et il m'avait sauvé.

...

Nous étions dans une grande pièce caramel avec simplement un sofa à l'intérieur.

— Je suis tellement désolée... tellement, je te... merci. Pleurais-je sans arrêt.

Il me regarda, le visage amoché d'égratinures et de gouttes de sang, un regard malgré tout affectueux et crispant. Il semblait s'être calmé et ne plus m'en vouloir. Il fixa mes lèvres un moment puis d'un geste hagard m'offrit un baiser sur la joue.

— Désolé il fallait vraiment que tu t'arrêtes de pleurer... M'annonce t-il presque gêné.

Je m'écarte brusquement de ses bras, et m'avance plus loin en lui tournant le dos, mes larmes toujours collés aux joues.

Qu'est ce qu'il vient de faire ?

Je ne me sens pas très bien respirer. Je commence sérieusement à avoir chaud, à brûler de l'intérieur. J'ai l'impression que ma peau fait 100 degré et lorsqu'il me touche le bras pour me faire retourner, il aggrave la sensation du contact, et ma peau devient momentanément plus brûlante que je ne pensais qu'elle était. Alors je m'en dégage promptement et le distance de quelques mètres. Il me regarde contrarié, toujours maquillé de tache de sang et de plaie. Alors je reporte mon attention sur ce qui a ce moment là compte le plus pour moi. Mon regard s'adoucit, et pleure presque encore.

— ... pourquoi ? Pourquoi tu as fait tout ça juste pour moi. Pourquoi tu m'a protégé, tu t'es mis en danger regarde toi- A ce moment là mes larmes menaçait déjà mais je continuais- Tu devrais te faire soigner, tu...tes plaies vont s'infecter. Finis-je, moi même troublé par un trainé de sang vif coulant de mon front, et menaçant ma vue.

Il ne pippa pas mot et me regarda simplement en rompont prudemment les mètres entre nous.

— Je suis tellement désolée ! Je ne voulait pas, regarde toi. Pourquoi tu as fais ça. Me lamentais-je encore et encore sans soupçonner qu'il me répondrait.

— Si tu m'aimais tu saurais pourquoi ...

Ma dernière larme roula comme sur un terrain de jeu, sur ma joue gauche. Le visage pâle, les yeux affaissés et soudainement inspirés de vide, ou de désespoir, je lui répondit spontanément.

— Il n'a y a pas que l'amour dans la vie Aymhar, dis-je en fixant un point. Il y a l'amitié, l'affection. Des choses qui peuvent être bien plus forte que l'amour.

Je marquai une pause, comme pour clarifier mes pensées, ce qui en vrai était faux, parce que j'étais particulièrement fatiguée de réfléchir, alors je ne l'avais juste pas fait.

— Je t'ai donné mon amitié, l'une des choses la plus importante pour moi. Une affection aussi puissante que je l'ai surpassé à l'amour... mais tu as jugé qu'elle n'était pas suffisante...

— Surpasser l'amour ? Crois-tu vraiment qu'on puisse surpasser l'amour ? Tout ça n'est qu'un jeu de mot. Aussi puissante que tu voudras penser qu'une relation soi, si elle n'est pas à la hauteur, même ton bon vouloir n'y changera rien. Mais je l'avoue... J'ai voulu beaucoup trop de toi. J'en suis désolée. S'attrista t-il finalement.

5 minutes s'écoulent. Durant lesquelles le silence plane. La réflexion vogue. Lorsqu'il arrive au bout des cinq mètres, il me prend doucement dans ses bras, sa main dans mes cheuveux.

— Ne refais plus jamais ça, ... s'il te plait. Susure t-il.

Il fait allusion à cette stupide tentative, je sais. Il me prend dans ses bras, et je me laisse faire.

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L'image du fan collé au plafond entre en violente collision avec celle des bras d'Aymhar ! Mon cœur bat la chamade, la sueur me lave le visage, j'ai le cœur lourd et peine à bien respirer. Alors je me redresses sur mon lit. J'halète. Un rêve ?

Pourquoi ! Pourquoi ? Quitte à faire un tel rêve pourquoi a t-il du être si perturbant, si peu véridique, si ...

Je repense à la scène et incontrôlablement, des larmes robustes me viennent et remplissent l'espace libre sur mes joues. Je ne comprends pas. Je ne comprends plus rien.

Je me lève d'un bond, pleure un bon coup et ouvre les rideaux en recherchant la lumière dont j'ai besoin. Je suis consciente qu'allumer la lumière me perdrai totalement mes idées.

Je sépare les rideaux, une lumière suffisante transperce la chambre. Il est 05:03.

Je prends quelques rames de papiers, me procure un stylo et commence à vomir mon coeur.

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant