22. Terminus 🌺

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Les examens sont dans deux jours, ça y est. Voici mon terminus. La fin de cette année emblématique. De ce concentré de sentiments d'abords négatifs, puis incompréhensibles. Quoique toujours négatifs à la fin.

Au cours de cette année j'ai beaucoup appris, scolairement bien sûr, mais aussi socialement. Je pense.
Je me sens partagée sur les sentiments que je devrais ressentir là maintenant. La joie ? D'avoir passé autant de bons moments avec mes camarades, mes amis et biensur mes professeurs ? L'extase ? D'avoir expérimenté le plaisir fou que l'on décèle à étudier ardement, en groupe, pour tenir des délais insoutenables et quand même y arriver ? Ou la tristesse, le blues ? D'avoir brisé tant de choses, tant de sentiments.

Je suis perdue, mais je dois tromper mon cerveau. J'ai des examens à passer et être perdu n'est pas vraiment une qualité que je devrais démontrer pour l'instant. En ce moment même, les équations devraient fuser de ma tête, les plans de dissertations devraient me saturer, les capteurs et composants électroniques devraient se battrent vers la sortie. En ce moment, comme a chaque veille d'examen, mes mains devaient me démanger, me pousser à résoudre des choses. Mais rien. Le syndrome que je devine à mon quartier cérébral est celui de la fatigue, de la distraction et ce syndrome là ne me plaît pas. Je ne suis pas dans le mood qui pour habitude me donne de beaux résultats. Alors j'ai peur.

Chaque fois que j'essaie de me reposer, que je ferme les yeux, mes pensées me tourmentent, je les sens me léser de l'intérieur. Elles se donnent des tours : tantôt des souvenirs de la maternelle, tantôt ceux du collège, tantôt les plus récents...

Ma nostalgie me prend, mais pas que. Des sentiments tout bizarre s'y mêlent.

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— Whoua les gars, on est en fin d'année là. C'est presque triste. Renifle théatralement Mhérienne.

— Parle pour toi, ce qui sera triste c'est si on a pas l'examen. Répond Jonh.

— J'ai bien dit "presque triste". Vous vous rendez compte qu'après ça on ne se verra plus ? Chacun continuera son université ailleurs. J'ai envie de pleurer là. Soupire t-elle en contuniant sa marche dans les couloirs.

Peut être est ce l'effet de ses paroles, mais je trouve l'air qui circule dans le lycée soudainement triste, mélancolique. J'ai l'impression de voir des clichés, des gens qui se déplacent au ralentis comme pour m'amorcer le passé. Elle a raison, bientôt tout ça ne restera que dans ma mémoire. Les bons moment que l'on a passé. Les mauvais aussi...

— Tu as raison, entame Aymhar. Il reste 13 jours avant l'examen et après ça, pouf !

—Ça a plutôt l'air de te réjouir toi, dit Mhérienne.

— Roh Tu connais Aymhar, toujours associable, bien-sûr qu'il s'en fou. Intervint naturellement Jonh-Édit.

Le temps semble s'être arrêté pour quelques secondes. J'observe Aymhar. C'est vrai, après tout ça je ne le reverrai plus. Après tout ça nos seules discussions seront par téléphone. Mhérienne, Jonh-Edit, Aymhar, ils me manquent déjà. Tout le monde me manquent déjà vaguement. Chaque fois que je le vois j'ai un pincement au cœur, comme avec les autres aussi. Mais surtout lui.

J'ai mal de ne ressentir quelque chose que maintenant. J'ai mal pour lui, pour moi. Avait-il fallu cet incident pour que mon cœur réalise sa grandeur d'âme ? Pourquoi maintenant ? Etait-ce que mon cœur, secrètement, trouvait du plaisir à blesser ? A d'abord refuser avant de creuser ?

— Dis donc tu es bien silencieuse Almy, tu ettouffe tes larmes c'est ça ? Menquiuinais Aymhar avec l'approbation des autres.

Je feins un sourire, puis des yeux en l'air et réponds vaguement tout en me replongeant dans ma pensée.  Je ne pourrais jamais lui décrire mes émotions envers lui. Ça paraîtrait si égoïste et si je me suis déjà montrée extrêmement méchante, je me garderai d'être égoïste, de ne faire les choses que quand "je" le veux.

Sur notre chemin, je vois Androine que l'on salue. Sur nos pas Lyan est près, Natian est à droite en train de discuter et à gauche il y a... William qui passe. Tout se passe au renlati, je les vois et mes yeux brillent, menacent de tempêter, de sortir en cascade. Je me sens accusée, coupable, au centre de tout. Finalement, je ne sais pas si ne plus les revoir physiquement sera une bonne chose ou pas. Après tout j'aurais toujours mes pensées pour les visualiser.

Je marche mais j'ai l'impression de pas avancer, tout est lent pour me donner le loisir de réfléchir, d'analyser, de tenir les mauvaises conclusions.

— Hey, Hey Almyne ! Allô la terre ! M'interpelle Mhéri

— Euh oui oui ! Allons y.

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Je prends mon cahier d'électrotechnique et l'ouvre pour m'inonder la vue. Je dois penser à mes cours, aux principes de résolutions, aux techniques apprises. Mais en même temps, il me reste deux jours avant l'examen et je devrais sûrement me reposer. Mais impossible de se reposer avec un esprit comme le mien.

Que faire ?

Je sors en direction de la terrasse, me pose et admire la vue, en attendant inconsciemment Jack. En mettant toute les sciences de mon côté je devrais passer avec briot mes examens.

Au bout de 4 heures posée là avec Jack qui plus tard m'a rejoint, je décide de rentrer et de supplier Morphée de bien vouloir me prendre ce soir.

Je monte sur mon lit, et me mets en position fœtale, va savoir pourquoi. Puis je regarde le mur. Il faut que je me concentre. Je ne peux pas échouer, c'est contre mes principes. Je me concentre encore un peu et arrive à lire sur mon mur les formules, ça y est. J'y suis. Il faut juste que je reste ainsi jusqu'aux examens. C'est mon terminus, et je dois le finir en beauté.

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant