Pensée 5 : Androine 🌺

5 1 0
                                    

A la plus récente de mes culpabilités. Ou du moins à l'une.

Nous nous sommes rencontrés il y a exactement 7 mois et quelques semaines. Je ne te mentirai pas en disant que je n'ai pas été surprise face à ta déclaration. Au contraire elle m'a complètement renversée intérieurement. C'était ma faute.

A vrai dire j'avais soupçonné une certaine tendance, un certain regard que tu lançais lorsque nous étions ensemble. Je me suis convaincue que j'en faisais peut-être trop. Et puis au fil des semaines, des conversations, j'ai vraiment eu l'appréhension d'avoir raison. L'apréhension qu'il y ait peut- être quelque chose, du béguin en toi. Le fait est que je me suis consolé en me disant que tu ne dirais rien. Que tu n'en aurais pas le courage.
Tu sais j'avais indirectement établit mon plan de survie. C'était la dernière année, alors il fallait que je me comporte le plus naturellement possible avec toi. Il fallait qu'il n'y ait aucune ambiguïté, c'est pour cela que quand tu abordais des sujets à risques je coupais simplement cours à la conversation. Je faisais mon possible pour ne te donner aucune occasion de dire quoi que ce soit. Et nous aurions terminé l'année, et chacun aurait continué plus ou moins de son côté.

Je sais, j'étais certainement égoïste, mais tu dois savoir que pour moi, une personne amoureuse est celle qui est égoïste, surtout lorsqu'elle avoue ses sentiments. Tu ne trouves pas ?
Prendre la décision d'aimer quelqu'un, et se permettre de le lui dire, de louer ses qualités et de prôner son amour pour lui : je trouve ça égoïste. Plus encore lorsque ce n'est pas réciproque.

Parce que moi, fasse à ton ressenti, face aux généreux compliments que tu me concède, que suis-je censé faire ? Que suis-je sensé faire si dans mon cœur je ne vis pas les même choses que toi ? Dois-je m'imposer le rôle de celui qui brise une émotion, qui détruit un sincère sentiment ? Ou dois-je me forcer à rejoindre tes conclusions, m'accorder à tes sentiments et me forcer à les ressentir ? Dans les deux cas, je trouve que c'est injuste. Avant tout ça, je ne savais pas que plus démoralisant encore qu'aimer, il existait le fait d'être aimé.

Le plus traumatisant a sûrement été l'après-déclaration. Je n'imaginais pas l'impact de mon refus si important. Je t'ai vu complètement démoralisé, et je dois t'avouer que j'ai presque céder. J'ai failli te dire oui, à toi. C'est assez dingue de m'avouer que j'ai pu être aussi faible, au point d'accepter de sortir avec quelqu'un que je n'aimais pas assez. Mais je crois savoir quelle en a été la raison. J'adorais nos discussions Androine. Pas nécessairement les sujets en eux même, mais l'ambiance qu'elles dégageaient.

Pour moi, c'était incroyable qu'en si peu de temps je me familiarise si bien avec quelqu'un. Malgré nos nombreuses disputes et réconciliations, j'aimais pouvoir faire mille audios de mille minutes et les envoyer pour te raconter tout et n'importe quoi. J'aimais les discussions à trois avec Lou. J'aimais notre façon de te taquiner. J'aimais cette touche d'humour et de folie qui caressait (ou épaulait) mes jours tristes. Nous vivons dans un monde d'égoïsme je crois bien. Parce que si l'être amoureux peut être égoïste, je suis la preuve que l'être aimée peut tout autant l'être.

J'aurais sûrement dû prendre mes distances progressivement lorsque j'ai détecté des signes avant-coureur. Mais j'ai continué à profiter de notre "amitié " . J'ai voulu profiter jusqu'à la fin, et attendre que l'on se sépare naturellement. C'était égoïste de ma part. Avais-tu noté ce trait de caractère lorsque tu chantais mes éloges ? Je devine que non. Et un de plus !

Je ne sais pas ce que nos rapports deviendront. Peut être m'en voudras-tu. Peut-être non. Peut‐être que nos interminables disputes resteront interminables, puis qu'on se perdra de vue, et que tu oublieras le mal que j'ai pu te faire pendant au moins un instant de ta vie. Merci de m'avoir appris certaines choses. Si Lou ne me déteste pas plus tard, je resterai en contact avec elle.

J'espère que quand tu seras heureux, plus tard, que tu auras tes diplômes, et surtout quelqu'un que tu aimeras de nouveau, ou vraiment, j'espère que mon souvenir ne t'effleura pas, tandis que je porterai tout en moi.
Prend soin de toi.

Cordialement Almyne

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant