16. Amour 🌺

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— J'ai enfin fini le roman au programme de français ! Me raconte fièrement Aymhar d'un air soulagé.

— Enfin ? C'était une telle corvée de le lire pour toi ?

— Quoi ne me dis pas que tu as fini !

— Bien sûr sur que si ! C'était trop beau ! Le caractère mélancolique et romantique du roman, ah lala ! Un pur délice Aymhar ! Comment as tu pu trouver ces 338 pages épuisantes au point d'en être soulagé de l'avoir fini ? Moi je reste nostalgique.

— J'avoue que j'ai bien aimé lire ce roman, tu sais que j'aime bien lire, surtout tes écrits au passage. Mais je ne suis pas habitué à lire un livre en quelques jours comme toi !

Je m'esclaffe de rire, allez savoir pourquoi. Peut être la joie de me faire complimenter sur mes talents de lectrice. Ou plutôt la joie d'avoir fini ce livre avant lui.

Ce livre. Ce livre. Mais duquel parle t-on ?

Une émotion Boréale, de Hatiel Rholpes. Un chef-d'oeuvre sur pages. Une description transpercante de ce qu'est la vie lorsqu'on ressent les choses mal. Lorsqu'on s'imagine solidement en nous une lumière chaleureuse, tout en ignorant l'hypotermie que fait notre corps physique. Ou l'inverse d'ailleurs. Un affrontement de sentiments, un affrontement si sérieux, que l'issue détermine votre vie ou votre mort...

C'est de ce livre là dont on parle.

Au cours des 338 pages de celui qui est devenu mon écrivain préféré, j'ai savouré entre chacune d'elle un goût épicé de la vie, des émotions qui l'animent, et de l'amour.

— Je ne suis pas une génie, si je peux le faire alors toi aussi. Comment as-tu trouvé la fin du roman ?

— Très décevante, tempête t-il théatralement

Fait attention à tes mots Aymhar, il se peut que tu découvre que la bouteille d'eau entre mes mains soit plus dangeureuse que tu ne le pense.

Il laisse s'échapper un rire.

— C'est ça ! Pour revenir au roman je dois dire que la fin m'a laissé perplexe en soi, il y a, quand on la lit, un sentiment de regret, d'impuissance face à Modou, de compréhension envers Ke- Ka qui déjà ?

— Kady ?? De compréhension envers Kady ? Tu n'es pas sérieux ! C'est une petite psychopathe de la pire espèce elle !

— Ça c'est quand tu n'analyse pas les choses, et puis on sait tous que tu es amoureuse du perso principal, de Modou.

Pas faux. Mais dans ces cas-là un débat est simplement inutile. Je ne me vois pas débattre sur les sentiments que je dois accorder à Kady. Tout le monde mais pas elle. Maintenant que j'y pense il n'y a qu'avec Aymhar que je puisse autant discuté passionnément d'une œuvre. Parfois je me dis qu'il est trop presque parfait, c'est pas possible un ami comme ça. Qui partage tes passions et qui a si bon cœur, hein ? Bon bref, heureusement qu'il n'est pas dans ma tête, il aurait pris la grosse tête ! Revenons à l'œuvre.

Cette œuvre-là a changé ma conception de l'amour, c'est vrai, mais je ne suis pas totalement d'accord. Modou, ce personnage extrêmement attachant, ayant expérimenté la brûlure d'une bien aimé volée par la mort, s'est muré dans un froid social, un froid mental. Un froid qui, non pas comme d'ordinaire tenaille les membres, mais gêle simplement l'âme. Un froid qu'il a laissé le monopoliser. Modou n'était qu'un être trop faible sans sa bien aimée, un être qui au fil des jours ne ressentait plus rien. Il éprouvait un sentiment qu'il n'avait encore jamais de sa vie goûté, et je le comprends. Je comprends ce personnage, parce qu'à travers, j'y vois l'auteur. Hatiel Rholpes, comment ais- je pu aimé autre écrivain plus que lui. Il a fallu ce livre, pour que je plonge dans le monde bibliothécaire d'Hatiel et de ses œuvres à couper la vue.

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant