🌺30. Envie de disparaître🌺

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Je ferme la dernière enveloppe, et essuie ma dernière larme. Il est 05:57.

Je ne mentirai pas. Je me sens plutôt légère. Encore lourde de larmes, mais légère de pensées. Je ramasse les lettres, il est 06:01. J'ai mal aux doigts, ils ont écrit une bonne partie de mon cœur, je suppose que le poids était incalculable pour eux.

Je me sens sale, alors je prends une douche, puis j'en sors. 06:18, Jack devrait être réveillé.
Je prend le soin de lui écrire un petit mot. Si il y a une personne qui pourrait bel et bien partager ces lettres un jour, c'est lui. Lorsque je suis sûre qu'il est à la douche, j'entre dans sa chambre et laisse mes pensées là sur sa commode. Je ne suis pas folle, je lui ai dit que c'était une surprise pour les concernés, qu'il était "ma personne de confiance ".

Je demande à papa si je peux aller plus tôt au lieu d'examen, si je peux aller seul. Bien entendu il refuse mais m'escorte tout de même plus tôt que d'habitude. Il me trouve taciturne, mais je lui dis que c'est parceque je me concentre. Lorsqu'il me dépose, le centre est encore presque vide d'élèves.

Je veux entrer mais mon cerveau me l'interdit. Nous sommes le 2e jour d'examen, et je ne me souviens déjà plus de rien, de rien de conséquent. Je suis beaucoup trop vide à mon goût, et là maintenant, il n'y a rien que je puisse faire. Je décide de prendre la tangente, et m'éloigne du lycée. Je sais où je veux aller, comment ne pas le savoir ? La mer a toujours toutes les réponses, et je sais que la vue me calmera, qu'elle me fera oublier la bêtise que je suis en train de commettre, qu'elle me fera oublier la calamité que je suis.

La route n'est pas longue, j'y suis venu plusieurs fois avec Aymhar, avec les autres aussi. La vue ne déçoit jamais ici. Certains des restaurants et boutiques alentours ne sont pas encore ouverts, d'autres sont animés de quelques personnels qui viennent d'arriver, ou pas. Qu'en sais-je ? Je ne les vois pas, je ne vois que le ciel dégagé, la mer déchaîné, non à vrai dire elle est calme. Je m'assois sur le sable, et réfléchis. Intensément, je réfléchis.

[...]

Être aimé c'est comme recevoir la clé d'un coeur. Soit on s'en sent privilégié et on donne la clé du sien en retour. Soit on la garde, tout simplement. Ou soit on la jette à la figure du propriétaire, gentiment ou pas, on la jette quand même.

J'ai eu l'impression de posséder vos cœurs pendant un instant et de les émietter sciemment, pour mon propre bonheur. Pour me convaincre que j'en avais le droit. J'ai peut être négligé vos ressenti, peut-être pour me voiler la face, pour me dire qu'en les rejettant je ne faisais rien de très significatifs. Mais c'était indirectement vous minimiser.

Rassurez vous, j'avais le droit de refuser. De ne pas vous aimer de la même facon. Mais je me dis que j'aurais pu le faire autrement. Je me suis sentie sale de ne pas répondre à l'amour par l'amour. D'ailleurs quels sont les critères pour aimer ? Je crois que sans la volonté, sans la subjectivité, même la plus parfaite des créatures peut ne pas être aimé. Moi, je suis simplement moi. Et peut-être n'ais-je pas su considérer l'amour, ou le béguin que vous m'avez porté.

Je n'ais pas été capable de concevoir qu'on puisse bien m'aimer. En vous rejetant, je me suis rejeté moi même. Je me suis dit que dans ma vie, je n'aurais jamais eu a briser le coeur de qui que ce soit, autrement j'aurais été un monstre qui ne se nourrissait que du malheur qu'elle causait. Je crois que pour moi je suis devenue ce monstre. Parceque je n'ai pas seulement heurter des personnes ordinaires. Mais ceux que j'ai particulièrement affectionné.

Je me suis rendu compte qu'au delà d'être la fauteuse de trouble, foncièrement mauvaise d'une histoire truffés d'inconnus, il est pire de l'être pour des gens qu'on aime. Être aimé, c'est beau, mais quand on sait le rendre. Être aimé sans aimer, c'est posséder pour détruire, maladroitement ou adroitement, volontairement ou pas

J'aurais aimé que la mer parle. Je suis convaincue qu'elle aurait eu beaucoup à dire.

J'ai froid, sûrement parceque je suis à moitié trempée, je me suis assise trop près de la mer, trop loin du bord. Je ne devrait pas avancer, et pourtant.

Je n'aurais jamais imaginé un jour ressentir cette sensation étrange. Je n'aurais jamais pensé être si vide de pensées, et pleine à la fois. Ma poitrine est sous l'eau à présent. Je devrais peut-être en profiter pour nager finalement. Oui.

Ah !

Mais qu'est-ce que tu racontes ?

Tu ne sais pas nager, Almyne. Dans la vraie vie comme dans la mer, tu n'as jamais appris à le faire après tout.

A tous ceux qui, un jour, m'ont aiméOù les histoires vivent. Découvrez maintenant