c h a p i t r e 1 6

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Le mois de juillet est passé vite, peut-être même trop vite. J'ai toujours des contacts avec les pilotes, et d'avantages avec Pierre. On a vraiment réussi à avoir un lien de famille tous les deux, et je réalise que la mienne peut me manquer un peu. Je n'ai pas vraiment été proche d'eux, mais ça fait dix mois que je suis partie avec juste des mails pour donner quelques nouvelles par ci par là, surtout à ma famille paternel, autant le côté maternel je ne peux plus les voir et eux sont bien là où ils sont. Avec Charles, on s'écrit presque tous les jours, mais c'est pas vraiment des discussions, c'est juste : bonne journée, bon courage, bonne nuit, on ne se parle que pendant les week-end de Grand Prix, où il me rassure en me disant que tout va bien se passer. 

C'est vrai qu'après l'accident de Lando, et ensuite celui de Charles, j'avais moins d'entrain à regarder les courses même à la télé, j'avais toujours cette peur de voir une voiture partir en fumée, ou voler en éclat. Je crois que je ne réalise pas vraiment encore ce à quoi ressemble ma vie maintenant, même si de façade rien à changer.

jeu 3.08.23

J'ai encore une petite heure devant moi avant de partir au travail, je décide d'écrire un mail à ma tante, qui est aussi ma marraine. C'est la seule à m'avoir soutenu avec mon oncle après mon départ, sans m'en vouloir, car mon père est content pour moi, mais il m'en veut d'être partie du jour au lendemain. Ma famille ne sait pas que je " fréquente " des pilotes de Formule 1, je ne sais pas comment amener la chose, bien que ma marraine et mon oncle ne serait pas vraiment surprit, il fût un temps où j'avais le numéro de Thomas Dutronc et de Vianney dans mon répertoire, et Vianney, c'est une longue histoire. 

J'ai fini par faire un mini-roman à ma marraine, et sans trop lui donner de détail je lui ai juste dit que j'avais été invité avec un pass full access à voir une course pour de vrai. Je ferme l'ordinateur, et me prépare pour aller au travail. On est en pleine saison, et l'hôtel est plein à craquer, j'ai pas mal de travail depuis fin juin et je ne vois pas passer les nuits. Le point positif, c'est que je n'ai pas pas besoin de berceuse pour m'endormir en rentrant. J'arrive à l'hôtel, et ma routine commence de nouveau : mon bipper, mon café, et le buffet du petit déjeuner à préparer. Je ne vous ai jamais expliqué, le bipper c'est une télécommande de sécurité, qui appelle directement la police si j'appuie sur le bouton, mais heureusement je n'ai jamais du m'en servir. 

Après avoir prit mon café, je fais le point sur les réservations, tout le monde est arrivé : tant mieux ! J'ai horreur de faire l'accueil des clients, ils sont toujours épuisés de la route quand ils arrivent tard et Maria me reproche de ne rien expliquer aux gens concernant les services de l'hôtel, mais ils ont juste envie d'aller se poser. Mon collègue m'a confié que beaucoup de clients sont sortis en ville pour dîner et ça non plus j'aime pas. Ouvrir et fermer le parking toutes les cinq minutes et devoir laisser l'entrée de l'hôtel ouvert mais je n'ai pas le choix ça fait parti de mon travail.

Il est bientôt une heure du matin, je dois faire ma première ronde. Je ferme l'entrée, et monte tous ces étages. Comme ci je n'avais pas assez de travail, depuis l'arrivée d'une nouvelle à l'hôtel pour la saison, on propose également le service du petit déjeuner en chambre, et ce soir j'ai l'impression que c'est ma fête : 12 plateaux à préparer, rien que ça. Je finis par revenir à la réception, j'ouvre de nouveau l'entrée et j'attaque la préparation des plateaux. 

Je commence à préparer les bases des plateaux en les mettant sur l'échelle, et j'entends le coulissement de la porte vitrée de l'hôtel

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Je commence à préparer les bases des plateaux en les mettant sur l'échelle, et j'entends le coulissement de la porte vitrée de l'hôtel. J'exprime un bonsoir pour montrer ma présence, bien que je ne sois pas présente au comptoir. Aucune réponse, je n'entends pas plus de bruit, il n'y peut-être personne, enfin ça m'étonnerait, j'ai vu des phares de voiture. Je sors de la cuisine pour vérifier et il était là, devant moi, à deux heures du matin dans le hall de l'hôtel. J'ose pas vraiment sortir du comptoir, est-ce que je peux me permettre le serrer dans mes bras ? Et ne plus le lâcher ensuite, ou juste un salut, qu'est ce que tu fais là ? Même si je connais la réponse à la question. Je décide finalement de sortir de ma réception, je m'avance vers lui et sans rien dire il me sert dans ses bras, tendrement et à la fois intensément. J'entoure sa taille de mes bras, et ma tête se retrouve dans le creux de son cou. On reste comme ça quelques minutes avant que l'on se recule l'un de l'autre naturellement. Il tient mes joues entre ses mains, me regarde, puis m'embrasse le front avant de me reprendre contre lui. 

- Tu vas bien Charles ?

- Maintenant, oui.

Je souris, même si je n'en crois pas un mot. Je m'excuse de devoir me séparer physiquement de lui mais j'ai encore beaucoup de boulot mine de rien. 

- Je peux t'aider si tu veux.

- Charles, j'ai même pas le droit de te faire entrer dans la cuisine normalement, alors ne touche à rien. 

Il lève les mains en l'air, n'importe quoi. Je souris et reprend la préparation des plateaux du petit déjeuner. Il me pose quelques questions par rapport à mon travail et ce que je fais, et c'est l'heure de ma deuxième ronde. Il me suit partout où je vais, comme un garde du corps, et c'est vrai que je n'appréhende pas autant le parking que d'habitude. J'ai pourtant l'habitude de le faire plusieurs fois par nuit, mais le parking de nuit ça fait peur, et c'est l'endroit où j'y reste le plus souvent car je dois enregistrer chaque voiture qui s'y trouve. On retourne à la salle petit déjeuner, je commence le dressage du buffet avec l'aide de mon apprenti pour la nuit qui insiste pour faire quelque chose de ses dix doigts.

- Je peux te poser une question ?

- Je t'écoute.

- Tu n'as pas fais 6 heures de route en voiture pour juste venir passer la nuit à m'aider au travail je suppose ?

- J'ai pris une chambre dans un autre hôtel, tu aurais vu mon nom sur la réservation ça aurait gâché la surprise. 

- T'es là combien de temps ?

- Jusqu'à dimanche, on part au ski avec mes frères lundi. 

- Entre mec alors.

- C'est ça. On le fait tous les ans pendant mes vacances d'Août. C'est la seule période fixe de l'année avec Noël où je peux les retrouver. 

- J'imagine que ça doit être long de pas les voir.

- Comme on se voit sur les circuits avec Arthur, ça va encore, c'est supportable. Je peux te poser une question à mon tour ?

- Oui vas-y.

- C'était comment, ton Noël ici ? 


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