CHAPITRE 15 : Céleste {nouvelle version}

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       Le cœur plus léger que je ne l'aurais pensé, je passe finalement une bonne fin de journée avec mes collègues, même si j'ai pleuré comme une madeleine un peu plus tôt en recevant un joli dessin de Lucas, fait spécialement pour moi

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       Le cœur plus léger que je ne l'aurais pensé, je passe finalement une bonne fin de journée avec mes collègues, même si j'ai pleuré comme une madeleine un peu plus tôt en recevant un joli dessin de Lucas, fait spécialement pour moi. Il était triste de savoir que je ne serais plus là l'année prochaine et il m'a fait le plus gros câlin du monde et un bisou mouillé sur la joue, de quoi faire fondre mon petit cœur. Je me console en voyant que mes gâteaux ont presque tous été dévorés, un quatrième délicieux sandwich à l'avocat préparé par George dans une main et un verre de punch dans l'autre.

–    Céleste, tu veux bien venir ici, s'il te plaît ? me demande Yuri.

    Curieuse, je m'approche de lui et remarque que Candice sautille littéralement sur place, ce qui m'inquiète un peu.

–    Au nom de toute l'école, nous voulions te faire ce petit cadeau.

    J'avais pourtant dit que je ne voulais pas de cadeau ! Je découvre un magnifique pêle-mêle en bois avec des photos des dernières années. Les pique-niques, les spectacles de Noël, les kermesses et les sorties, tout y est et je souris en revoyant certains visages d'enfants qui sont partis de l'école.

–    Et comme nous connaissons tous ton amour pour le chocolat...

    Candice ouvre la porte de la salle des professeurs et Anton arrive en poussant un chariot sur lequel il y a le gâteau au chocolat le plus appétissant du monde, le même qu'il avait fait le jour de la visite des pompiers, sauf que celui-ci est monté sur trois niveaux et qu'il y a des jolies petites fleurs colorées et mon prénom inscrit en pâte à sucre en guise de décoration. Quand je m'y attends le moins, il se place face à moi avec un masque à l'effigie de Hulk sur son visage.

–    Tu ne croyais quand même pas que je n'étais pas au courant de ton petit jeu ?

    Je reste immobile, ne sachant plus quoi dire ou quoi faire. Est-ce qu'il est en colère ou d'humeur joueuse... ? La seconde option serait étonnante le connaissant. Et soudain, son rire derrière son masque résonne dans toute la pièce.

****

    Je ne pouvais pas rêver mieux pour une dernière kermesse, le temps est idéal, annonciateur d'un bel été. Les enfants s'amusent avec leurs parents, j'essaie d'imprimer chaque visage dans mon esprit. Ils vont tellement me manquer, cette ambiance va tellement me manquer. Pourtant je me souviens que j'avais hâte de quitter le système scolaire après la fac, je me voyais plutôt travailler dans une crèche mais j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette école si particulière. C'était comme un deuxième foyer, une deuxième famille, je n'ai jamais eu l'impression de venir travailler.
    Si je m'écoutais, je pleurerais sans cesse, je serais désespérée et au bord du gouffre, mais je pense à Papiou et à son conseil de ne voir que le positif. Je ne dois pas assombrir cette belle journée avec mes états d'âme, il faut que j'en profite pour ne jamais regretter ces instants quand j'y repenserai. Je suis reconnaissante de la chance que j'ai eu d'être ici avec des personnes fabuleuses, des enfants tous plus intéressants les uns que les autres et que ma première expérience professionnelle se soit si bien déroulée, même si l'issue a été brutale. Je ne compte plus le nombre de parents qui sont venus me dire à quel point ils vont me regretter et me souhaiter bonne chance pour la suite. Si ça me conforte dans l'idée que l'école fait une grosse erreur en supprimant mon poste, ça flatte aussi mon ego qui en a bien besoin en ce moment.

–    Tu viens jouer au chamboule-tout avec moi ? me demande Lucas.

    C'est George qui tient le stand. Nous tirons de toutes nos forces quand il est satisfait de l'alignement des boites de conserve. Il en reste cinq à Lucas et trois de mon côté. Deuxième tir et c'est un franc succès pour mon chouchou qui renverse tout.

–    Tu peux choisir un cadeau, lui signe George.
–    Le cahier de coloriage, s'il te plaît. Nina adore ça.
–    Tu vas l'offrir à ta sœur ?
–    Oui, elle a gagné un jeu de cartes pour moi tout à l'heure !

    George me fait comprendre d'un regard qu'il est tout aussi attendri que moi. Quand les parents de mes jumeaux favoris viennent près de moi, je suis obligée de leur avouer à quel point j'adore leur petit.

–    On a du mal à lui résister nous aussi et ils ont compris que c'est gagné d'avance quand ils s'y mettent à deux ! signe leur maman.

    Mes parents tentaient aussi de nous résister à Jamie et moi alors qu'ils étaient fichus dès le départ. Lucas sautille sur place en tirant sur ma robe jaune de toutes ses forces. Surprise, je me retourne pour pouvoir regarder ce qu'il me montre frénétiquement du doigt et découvre Justin et Will qui parcourent tranquillement les allées entre les différents stands de jeu. Qu'est-ce qu'ils font là ? Candice ne m'a pas dit qu'ils passeraient et elle le savait forcément, je me suis fait la réflexion qu'elle s'était particulièrement mise en beauté !
    Je n'ai revu ni l'un ni l'autre depuis cette fameuse soirée, déclarée pire soirée de ma vie. J'avais pourtant prévu de ne les revoir, surtout Will, que dans dix ans, quand ma honte se serait un peu estompée. J'ai même dû refaire une dizaine de fois la fournée de cookies qui était réservée à la caserne en guise de remerciement pour leur soutien quand ils ont appris pour mon renvoi parce que je me suis dégonflée à chaque fois que j'ai voulu leur amener, uniquement par peur de tomber sur lui. Lucas part en courant dans leur direction, Will se penche à sa hauteur et cogne son poing au sien comme s'ils étaient copains depuis toujours. Lucas attrape sa main et tire dessus de toutes ses forces pour qu'il vienne vers nous, laissant un Justin, hilare, sur la touche. Je suis coincée, je ne peux plus partir pour l'éviter. Je n'ose pas imaginer ce qu'il doit penser de moi et qu'il se force à me faire un petit sourire crispé n'atténue pas mon embarras, bien au contraire. Loin de se rendre compte de tout ça, Lucas signe à ses parents que c'est Will, le pompier absolument génial qui lui a dit qu'il pouvait être un héros. Probablement mal à l'aise parce qu'il ne comprend rien, j'allais expliquer à Will ce que raconte Lucas quand son papa me demande si je peux lui traduire ce qu'il aimerait lui dire.

–    Le papa de Lucas voudrait te dire quelque chose.

    Il lève des sourcils étonnés en regardant son interlocuteur.

–    Merci beaucoup, Monsieur, pour ce que vous avez dit à notre fils. Il est passionné depuis toujours par les pompiers et les policiers mais il était peiné de savoir que ces métiers lui seraient interdits. Il a insisté pour apprendre les gestes de premiers secours quand il a su, grâce à vous, qu'il pouvait porter assistance à quelqu'un malgré sa surdité. Nous l'avons inscrit à la rentrée prochaine dans un cours adapté pour lui, il sera le plus jeune participant, il en est très fier et nous aussi. Merci mille fois de ne pas lui avoir dit que c'était impossible, vous ne vous en rendez peut-être pas compte mais pour lui ça signifie beaucoup.

    Ému, il tend sa main à un Will qui ne devait pas s'attendre à recevoir un tel compliment. Je suis ravie pour lui, c'est un juste retour des choses.

–    Sa maman demande si tu serais d'accord pour qu'ils te prennent en photo avec Lucas ?
–    Oh ! Euh... ou-oui, oui, bien sûr !

    Il est gêné mais il prend habilement sur lui. Le papa insiste pour que je pose avec eux moi aussi. Sans me laisser le choix, mon chouchou passe un bras autour des épaules de Will et l'autre autour des miennes. Je tiens à lui laisser un beau souvenir alors j'attrape sa petite main et souris de toutes mes dents. Sa maman lève un pouce en l'air quand la photo est dans la boite et nous remercie en signant.

–    Ça veut dire « merci » ? me demande Will.

    J'acquiesce et il reproduit son geste. Lucas nous fait à chacun un dernier câlin et ils repartent joyeusement tous les trois vers un stand de pêche aux canards que Nina ne quitte plus. Je pousse un long soupire, à la fois triste et épanoui car j'ai réellement le sentiment d'avoir fait du bon travail mais une désagréable sensation d'inachevé me laisse un goût amer.

–    Ah, vous voilà, les amis ! Ce soir, et vous n'avez pas le choix, vous sortez avec nous ! On va dans un nouveau bar super sympa ! déclare Justin.

    J'ouvre ma bouche pour protester et je suppose que Will fait la même chose car Justin nous fait des grands yeux avant que nous n'ayons le temps de parler.

–    J'ai dit que vous n'avez pas le choix !

    Candice cache son rire derrière sa main en me faisant un clin d'œil entendu. Will le pitbull, il semblerait qu'on soit pris dans une embuscade.

Tout me mène à toi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant