CHAPITRE 38 : Céleste {nouvelle version}

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      Nous sommes assis depuis plus d'une heure à un petit café de l'aéroport

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      Nous sommes assis depuis plus d'une heure à un petit café de l'aéroport. J'ai tout raconté à mon frère, l'arrivée dans la famille Hamilton, Brett, Susan, Tom, Isaac, la soirée d'hier, le passé de Will, notre baiser, son changement d'attitude et notre dernière conversation. Il m'écoute attentivement et à ma plus grande surprise, il éclate de rire quand j'ai terminé de tout lui expliquer.

–    Je peux savoir ce qu'il y a de drôle ?
–    Tu réalises que tu fais tout l'inverse de ce qu'on t'a conseillé de faire ?
–    Je sais que c'était de la folie de partir avec lui alors qu'on se connait à peine mais...
–    Non ! signe-t-il. Pas ça ! Sa famille, ils t'ont tous prévenue qu'il allait se fermer et qu'il risquait de te rejeter et pourtant tu t'es fermée autant que lui et tu l'as laissé partir !

    Les mots d'Isaac me reviennent : « Ne lui en veux pas si il te repousse. », ceux de Susan : « Will peut être difficile mais merci de t'accrocher et de voir plus loin que ce qu'il veut bien montrer. », de Tom : « J'imagine qu'il ne te rend pas la tâche facile mais tu l'aides, je t'assure. » et enfin ceux de Brett, que je comprends à présent : « C'est parfois difficile de trouver le bon équilibre mais il ne faut pas abandonner parce que le résultat en vaut la peine. ».

–    Ce n'est pas ton genre de laisser tomber aussi facilement, qu'est-ce qui s'est passé ?
–    J'ai eu une désagréable sensation de déjà-vu...

    Mon frère grimace avec une moue compatissante. Will a su appuyer là où il ne fallait pas, là où mon cœur encore fragilisé allait facilement craquer.

–    Laisse-lui du temps.
–    Pourquoi ? Je ne vais pas m'accrocher à quelqu'un qui est capable de me repousser de cette manière, j'ai assez donné de ce côté-là !
–    Tu as laissé une seconde chance à ce connard de Freddie et Will, tu veux tout de suite le rayer de ta vie ? Ne te méprends pas, j'ai vraiment très envie de lui refaire le portrait, crois-moi, mais il n'a rien à voir avec Freddie.
–    Le résultat est le même !
–    Pas son intention, il n'a pas agi comme un salopard gratuitement, il y a une raison derrière son comportement. Ouvre les yeux, il est rongé par les remords et la culpabilité, il s'interdit d'être heureux, comme une sorte de pénitence. Il ne s'ouvre à personne et toi, qui reste encore une inconnue, tu l'as vu plus vulnérable que n'importe qui, tu es au courant de son plus sombre secret et en plus tu lui plais ! Il a eu peur.

    Je me laisse tomber contre le dossier de ma chaise.

–    Depuis quand tu es si fin psychologue... ?
–    Depuis que tu m'obliges à regarder tous ces films à l'eau de rose où la gentille héroïne est la seule à pouvoir sauver le héros torturé et ténébreux.
–    Et s'il ne veut vraiment pas de moi ? Si on se faisait tout un scénario digne d'un film à l'eau de rose mais que c'était en réalité aussi simple que ça ?
–     Alors c'est le deuxième plus grand abruti de l'univers et tu as vraiment la poisse avec les mecs.

    Je lui jette la petite cuillère en plastique de mon chocolat chaud à la figure.

–    Tu es triste et blessée, tu réagis à vif. Laisse passer du temps, peut-être qu'il va réaliser qu'il a fait une erreur.

    Je n'ai rien vu venir pour Freddie et je ne pense pas avoir plus ou moins de clairvoyance aujourd'hui avec Will. Je ne peux pas ignorer mon instinct qui me crie de ne pas le laisser mais il n'est pas le seul que je dois écouter, mon cœur, ma raison et mon bon sens ont aussi leur mot à dire.

–    Je ne veux pas attendre quelqu'un qui ne reviendra peut-être jamais. Je ne veux pas revivre ça...
–    Alors il a fait ce qu'il fallait. Comme il l'a dit, il ne s'est pas encore passé grand chose, il valait peut-être mieux s'arrêter là avant de souffrir.
–    Il ne s'est pas passé grand chose mais c'est quand même déjà très douloureux...

    Mon frère reprend mes mains dans les siennes et attend patiemment que mon envie de pleurer passe et que mes larmes restent au fond de mes yeux.

–    Viens, on y va. Dan a hâte de te voir.

    Quelques minutes plus tard, nous sommes dans un taxi qui nous ramène chez nous. Les yeux perdus dans le vide, toutes mes pensées me ramènent à Will, à ce qu'il fait, à ce qu'il ressent. J'ai peur de ne croire à la théorie de Jamie que parce que c'est la plus jolie et la moins pénible. Ça aurait quelque chose de romanesque qu'il préfère sacrifier notre relation parce que selon lui ce bonheur-là lui est interdit. Ce serait tellement épique que je sois la première depuis longtemps à lui faire ressentir ça à nouveau, que je sois la première à le refaire sourire et à avoir rallumé son regard comme l'ont sous-entendus Susan et Isaac. Je lui en veux de m'avoir repoussée sans ménagements, je suis terrorisée à l'idée de me refaire mal mais si c'est vrai, alors je ne dois pas abandonner, je ne dois pas le laisser seul et livré à lui-même, le laisser se renfermer comme il a l'habitude de le faire. Je dois lui ouvrir les yeux, lui montrer qu'il a le droit d'être heureux, qu'il mérite d'être heureux, que ce soit avec moi ou avec quelqu'un d'autre. Mon frère me donne un coup de coude pour que je le regarde.

–    Tu sais où il habite ?

    Il a très bien compris ce qui se passe dans mon esprit. Je secoue ma tête, il vit près de l'université Columbia, c'est tout ce que je sais. Nerveuse, j'attrape mon portable et compose un message en pesant chacun de mes mots.   

–    Je ne sais pas si on s'est croisés trop tôt ou trop tard mais c'est toujours mieux que de ne pas s'être croisés du tout. Je suis là si tu as besoin de parler ou même d'être silencieux, ce sera comme tu voudras. Et merci pour ce week-end, j'ai tout oublié grâce à toi.

    J'hésite à appuyer sur la touche pour l'envoyer. Jamie se penche et le fait pour moi avec un grand sourire.

Tout me mène à toi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant