CHAPITRE 53 : Céleste {nouvelle version}

205 18 1
                                    

         Quand j'arrive dans la chambre de Papiou, j'ai l'agréable surprise de voir qu'il est bien réveillé et qu'une orthophoniste l'aide à boire de l'eau dans un gobelet avec un couvercle

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

         Quand j'arrive dans la chambre de Papiou, j'ai l'agréable surprise de voir qu'il est bien réveillé et qu'une orthophoniste l'aide à boire de l'eau dans un gobelet avec un couvercle.

–    Bravo, Monsieur Walker ! Quel beau progrès, c'est super ! Je vais en discuter avec le médecin mais si votre déglutition est aussi bonne, on va certainement pouvoir retirer l'alimentation artificielle !
–    Jolie surprise, pas vrai ?

    Maria se tient à côté de moi et je ne peux que hocher la tête, bouche bée.

–    Vous pouvez répéter à votre petite-fille ce que vous m'avez dit ce matin ?
–    J'ai faim.

    Il décortique chaque mots et il chuchote mais c'est la première fois que je l'entends aussi bien parler depuis des jours et j'en saute de joie. Il montre du doigt la sonde urinaire accrochée à son lit mais Maria secoue sa tête.

–    Chaque chose en son temps. D'accord, Monsieur Walker ?

    Il fait la moue comme un petit garçon, j'ai l'impression de voir Dan.

–    La sonde te fait mal ? C'est pour ça que tu voudrais l'enlever ?
–    Non, c'est moche !

    Je dois me retenir pour ne pas pleurer. Je retrouve enfin mon Papiou et son sens de l'humour.

–    Où est Will ? murmure-t-il quand nous sommes seuls.
–    Comment tu sais qu'il est là... ?
–    Les pipelettes ont parlé d'un beau gosse qui revenait de l'aéroport.

    Notre dispute se rappelle à moi. Papiou presse ma main en m'interrogeant du regard. Je hausse mes épaules en me forçant à sourire pour dédramatiser la situation.

–    Va le rejoindre.
–    Non, je préfère être avec toi, je ne veux pas te laisser seul.
–    Seul ? Je ne suis jamais tranquille avec toutes ces filles !
–    Je veux profiter de toi, encore plus si tu vas mieux.
–    Je ne vais pas partir.
–    Ce n'est pas passé loin...

    Mes yeux se remplissent immédiatement de larmes sans que je n'ai le temps de contrôler quoi que ce soit, comme à chaque fois que je réalise que j'ai failli le perdre brutalement, sans ménagement, sans signe annonciateur.

–    Et pourtant je suis toujours là. Mais je m'en irai pour de bon un jour et ça ne sera pas grave.

    Si. Si, ça sera grave. Je n'imagine pas un monde sans lui, c'est impossible, inconcevable. La Terre sans Papiou c'est comme Batman sans Robin, Frodon sans Sam, les frites sans le ketchup, l'un ne va pas sans l'autre. Il fait partie de ma vie depuis toujours, je n'ai pas un souvenir d'enfance dans lequel il n'est pas. Les jeux à la plage, les parties de Scrabble jusqu'à pas d'heure, l'argent glissé dans les poches de nos pantalons. Les goûters en sortant de l'école, les repas remplacés par des desserts, nos journées films en pyjama. Je suis reconnaissante pour tout ça et je sais qu'un jour ces souvenirs me réconforteront mais je ne veux pas qu'ils ne soient plus que des souvenirs, tant qu'il est là, tout est vivant avec lui.

–    Tu vas aller dans un très bon centre de rééducation, ils vont tout faire pour que tu puisses retrouver ta vie d'avant. Un petit pas après l'autre, comme tu dis toujours.
–    Quel centre ?
–    Tout est organisé, tu iras quand les médecins donneront leur accord.
–    Je n'ai pas assez d'argent pour...
–    Ne t'en fais pas, c'est arrangé.

    Inutile de lui dire que c'est grâce à Freddie, il ne le supporterait pas et refuserait même d'y aller. Mes parents et Jamie ne sont pas au courant non plus, j'ai prétexté connaître un parent d'un ancien élève qui travaille là-bas, ils ne pourront jamais vérifier et c'est très bien comme ça. J'ai cru que j'allais vomir avant de composer son numéro et son ego démesuré a été plus que flatté et satisfait que j'ai eu besoin de lui mais je suis obligée de reconnaître qu'il a été efficace et qu'il nous a enlevé une belle épine du pied. Je ne pouvais pas refuser son invitation à boire un café, même si je l'ai regretté à la seconde où il m'a fait son numéro de charme et qu'il a osé poser sa main sur ma joue comme si de rien n'était, comme s'il n'était pas fiancé, ce qui m'a encore plus aidé à réaliser à quel point j'ai été bête et à quel point j'aurais gâcher ma vie en l'épousant.

–    Raiponce n'a jamais été ta princesse favorite que je sache, chuchote mon grand-père.
–    Pourquoi tu dis ça ?
–    Il serait temps de faire quelque chose avec cette chevelure.

    Il enroule malicieusement ses doigts autour d'une mèche de mes cheveux. Je ne sais pas comment je dois le prendre mais ça n'a pas d'importance, Papiou est bel et bien de retour.

Tout me mène à toi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant