CHAPITRE 18 : Will {nouvelle version}

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    Je sursaute en sentant les mains de Justin dans mon dos

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    Je sursaute en sentant les mains de Justin dans mon dos.

–    Où est-ce que vous étiez ? demande Céleste.
–    On regardait les photos à l'intérieur et le serveur nous a demandé si on préférait manger où on était. Vous saviez que c'était une ancienne usine ?

    Candice croit vraiment qu'on va gober ça ?

–    Justin, tu as quelque chose, là, dans le coin des lèvres, fait remarquer Céleste avec un sourire moqueur.

    Je retiens mon envie de rire en voyant à mon tour une petite tâche rose sur sa bouche, étrangement similaire à la couleur du rouge à lèvres de Candice. Mon coude appuyé sur le dossier de mon tabouret, je fixe Justin qui me donne une tape dans le ventre.

–    Tais-toi.

    Je mime une fermeture éclaire sur mes lèvres et accepte avec plaisir une deuxième bière pour fêter ça. Je suis content pour lui, pour eux, c'est un gars bien qui mérite d'être avec une gentille fille et Candice a l'air sincère. Céleste n'arrête pas de sourire, elle doit se dire la même chose que moi mais j'espère que ça ne ravive pas la douleur de sa récente rupture. J'annonce que je dois partir une heure plus tard sinon mon réveil sera très difficile.

–    Je t'accompagne, déclare Céleste en se levant elle aussi.
–    Il est encore tôt, reste avec nous ! proteste Candice.

    Céleste lui chuchote quelque chose à l'oreille qui la convainc de la laisser partir.

–    Fais attention à toi, me demande Justin.

    Il me salue d'une main en me faisant un clin d'œil auquel je réponds. Arrivée devant le bar intérieur, Céleste cherche quelque chose dans son sac, son porte-feuille je suppose, mais je suis plus rapide qu'elle.

–    Les deux plateaux découverte, deux mojitos et deux bières, s'il vous plaît.
–    Quoi ? Mais non, ne paye pas pour moi !

    Je fais exprès de l'ignorer et reprend ma carte de crédit. Elle me remercie malgré tout et m'indique qu'elle retourne dans l'Upper West Side. Ça tombe bien, moi aussi. Nous prenons le métro ensemble et notre ligne, encore très fréquentée, nous oblige à nous tenir à la même barre. Elle a l'air si petite et menue à côté de moi, quand le métro démarre ou ralentit trop brusquement, son épaule se cogne à mon torse et je sens qu'elle se raidit au maximum pour tenter d'éviter ce contact mais c'est tellement imprévisible qu'elle ne peut rien n'y faire. Elle relance la conversation en permanence, c'est amusant ces changements de tempéraments, elle me semble très calme et réfléchie, comme quand elle se concentre pour faire une posture de yoga, mais j'ai aussi l'impression qu'elle peut être très extravertie ou au contraire, si intimidée qu'elle en perd ses moyens.

–    Je descends à la prochaine station, m'indique-t-elle.
–    Moi aussi.

    C'est assez loin de mon appartement mais je ne veux pas qu'elle rentre seule, on ne sait jamais. Nous arrivons dans un quartier plutôt calme, d'autres personnes se baladent comme nous, l'air est doux et promet un bel été sur Manhattan. J'apprécie cette ambiance, c'est agréable ce silence dans l'euphorie new-yorkaise habituelle. Enfin, silence, avec Céleste, c'est un bien grand mot.

–    Tu as des frères et sœurs ?

    Je ricane et elle ne comprend pas pourquoi, à tel point qu'elle s'arrête de marcher en attendant que je m'explique.

–    Tu n'aimes pas quand c'est trop silencieux, je me trompe ?
–    C'est vrai, je n'aime pas beaucoup le silence, admet-elle.

    Ce qui est assez paradoxal pour quelqu'un qui travaillait dans une école pour enfants sourds et malentendants.

–    Il n'y a pas de mal à être silencieux parfois.

    Les mains dans les poches de mon short, je ressers mes poings en enfonçant mes ongles dans mes paumes. Pourquoi j'ai dit ça ? Elle va croire que je lui demande gentiment de se taire ! Mais elle recommence à marcher avec un sourire qui m'apaise, elle a compris où je voulais en venir, je ne l'ai pas vexée.

–    J'ai deux frères, un plus âgé et un plus jeune.
–    Tu n'es pas obligé de me répondre si tu préfères ne pas parler.

    Loupé, elle est contrariée. Je ne sais vraiment pas y faire.

–    Je n'ai pas dit ça pour que tu arrêtes de parler...
–    Je sais, mais je peux rester silencieuse pour que tu profites du calme, même si c'est un effort surhumain...

    Mon cœur fait les montagnes russes avec elle mais je suis content qu'il n'y ait pas de malaise entre nous. Je suis soulagé que nous ayons parler de ce soir-là, je m'en voulais toujours énormément pour ne pas avoir réagi plus tôt et apparemment, elle s'en voulait d'être partie en courant alors que c'était parfaitement compréhensible, encore plus maintenant que je sais que son travail n'est pas la seule chose qu'elle a perdu. J'ai détesté voir les larmes aux coins de ses yeux quand elle a évoqué son fiancé. La pauvre, se faire larguer juste après s'être fait licenciée, le destin avait un drôle d'humour.
    Elle ralentit le pas et m'indique que nous sommes arrivés chez ses parents.

–    Je vis chez eux le temps de me retourner..., m'avoue-t-elle, mal à l'aise.

    J'allais lui dire que c'est une excellente idée mais je remarque en même temps qu'elle qu'un homme est assis sur les marches de la maison.

Tout me mène à toi. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant